jeudi 17 juillet 2008

Rien

Rien.

Il est bizarrement formulé ce mot, pour désigner cette chose qui n'en est pas une. Comment en est-on arrivé à désigner rien par rien ? Comment en suis-je arrivé à évoquer ce rien qui devrait tout annihiler, semblable au zéro ? Comment même l'idée du rien a pu émerger ?

La Nature et l'Homme n'aiment pas le vide, n'aiment pas qu'il existe un rien. Alors il faut combler. Ce damné chaînon manquant...

Le rien fuit dès qu'il sent quelque chose. Il ne disparaît pas, il est remplacé par ce quelque chose. La mémoire procède de cette façon. La mémoire collective également ; certains deviennent tellement obsédés par ce rien qu'ils en deviennent historiens... C'est dire !

Cependant le rien désigne quelque chose : lui-même. Oui, rien se mord la queue. Rien est plus qu'un cycle, plus qu'un cercle ; il est Ouroboros qui a fini de se dévorer.

Le fait d'écrire que la mine de mon stylo-bille délivre l'encre par les pressions qu'impriment mes doigts, selon l'apprentissage dactylographié de l'école, et qu'au fur et à mesure que ces traces bleues coupent et recoupent les lignes des feuilles à petits carreaux que j'utilise, permet de vous faire comprendre maladroitement la mise en abyme suivante, qui consiste à lire ce que j'ai fait en écrivant que j'écrivais, et qui ne consistait en rien.

Le rien n'amène à rien. Ou si vous préférez, le rien amène à rien.

Rien est une chose pure, car il ne se compose que de lui-même. Mais en acceptant cette formule, vous admettez que le rien existe. Or puisqu'il ne se compose que de lui-même, c'est-à-dire rien, il n'existe pas. Il est plutôt paradoxal, ce rien, et passablement égocentrique ; il ramène tout à lui. Mais alors, comment le définir ? A quoi le comparer, puisqu'il n'est rien ? Pour une comparaison, on doit être un minimum de deux, n'est-ce pas ? Rien à faire, le bonhomme n'est pas docile.

Rien n'est plus intéressant que rien ; rien commence. Rien aspire ; tout, se dégonfle.

4 commentaires:

Gauvain a dit…

Rien à ajouter...!

Yohann a dit…

Gros malin ! :oD

nuage volant a dit…

Par où commencer ?
De un : merci pour tous ces beaux articles, écris avec finesse et en français ! (capacité de plus en plus rare de nos jours). Je me délecte de chaqune de ces phrases, si joliement écrites. Dieu, qu'est ce que ça change ! c'en est même déboussolant. Etant considérée comme une bête curieuse dans mon lycée à cause de ma répugnance vis à vis du langage "d'jeun's ", ton blog est un véritable soulagement (deux "m" à "soulagement"?).
Voilà déjà plusieurs jours que je viens régulièrement afin de lire les nouveaux articles en ligne, ainsi que les anciens. Je n'avais encore jamais osé laisser de commentaire, intimidée et honteuse à l'idée que je n'arrive pas à bien m'exprimer... En effet, je ne peux malheureusement pas encore rivaliser avec les mots de ta plume... ceci-dit, j'espère tout de même y arriver un jour.. :-)
Olà. Je m'égare.
Que de papotages inutiles. Bah. UN peu de lecture n'a encore tué personne... (quoi que ?)
Continue de mettre quotidiennement des articles, je m'en réjouis d'avance !

Bonne continuation (formule oh! combien conventionelle, que je déteste par la meme occasion).

Audrenn

nuage volant a dit…

mamamia !!
Quelques fautes d'orthographe dans le commentaire précédent.. T__T
Sorry..

Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)