jeudi 22 octobre 2009

En suspension

J'ai vu Bordeaux du ciel, ce soir-là, mais si j'avais réfléchi sur la manière dont j'ai entraperçu les toits de la ville au soleil couchant, je m'en serais certainement abstenu. M., le copain de H., tenait absolument à me faire monter avec lui dans une sorte de manège tournoyant, manège au nom menaçant mais que j'ai préféré effacer de ma mémoire, situé sur la place des Quinconces, lieu d'une fête foraine.
Les caractéristiques de l'engin pouvaient passablement m'aider à douter de l'aventure : la nacelle au bout de la longue tige montait jusqu'à soixante mètres ; la vitesse de balancement pouvait atteindre les 120 km/h ; il était question de se prendre une accélération de 4 G dans la tronche (c'est-à-dire quatre fois son poids à supporter). Mais même ça ne nous pas empêché de s'installer dans la nacelle. Je pense que si nous l'avions vu en action de près avant de grimper, j'aurais reconsidéré la chose. H. ne nous a pas accompagné.
J'ai compris que j'allais en baver non pas quand je regardais la plaque de tôle quelques instants auparavant sur laquelle nos pieds étaient posés descendre, non pas après le premier brusque balancement en avant ; non, ce fut au moment où nous étions en suspension à la suite du retour en arrière du premier balancement, alors que j'observais avec terreur le sol, parfaitement perpendiculaire, simplement retenu par une ceinture.
Cela se passait si vite... D'un autre côté, je souhaitais que le manège s'arrêtât immédiatement. J'ai senti mon estomac valdinguer à l'intérieur puis je l'ai perdu. Je hurlais comme jamais pendant que M. rigolait à mes côtés. Je crois que j'ai injurié quelqu'un en lâchant un « Sa mère la pute ! », me rapporta M., parce qu'un guignol a apparemment pris le temps de répondre qu'on « n'insultait pas sa mère. » M'en fous.
La machine avait calculé plusieurs stabilisations de la nacelle à ces fameux soixante mètres de hauteur ; c'est là que j'ai admiré l'étendue de Bordeaux (du moins sa rive gauche) et que j'ai saisi que nous pouvions saluer les pigeons perchés sur la statue du Monument aux Girondins. D'aucuns savoureraient ; pas moi. J'en ai eu des étoiles dans les yeux alors que nous retournions violemment en arrière. Car c'est la pire pensée qui me fut passée ans les derniers neurones encore soutenus par la lucidité : les deux secondes immobiles là-haut ne laissaient aucun répit, car derrière il fallait redescendre.
J'étais blanc comme de la lessive en poudre et peu stable sur mes guiboles, mais je l'avais fait. Une seule fois. Jamais plus. Tout comme la descente en rappel du rocher de l'Impératrice. Une seule fois. Jamais plus.

jeudi 1 octobre 2009

Écrits erratiques

« Prises de note » en colloque, aujourd'hui.

Le clochard céleste s'excite, évoque le Pont d'Arcole. Il ne s'arrête jamais. Jamais.

On rigole sur la comparaison de la qualité du saucisson de Madrid avec celle du sauciflard de Saragosse.

La souffrance du manque d'illustrations de Goya fut quasi insurmontable.

La notion de famille chez le peintre, avec le petit-fils Mariano, est déterminante dans la vie de l'artiste.

Elle s'égosille en blablas cynégétiques royaux, en parallèle de la physionomie époustouflante de la reine et l'ingratitude génétique et physique de Charles le Troisième.

Fascination de l'exécuté en pleine lumière, alors que la biographie demande un débat qui s'annonce inepte.

Les cadavres héroïques de l'horreur, ou les cadavres horribles de l'héroïsme ?

L'Axe du Mal des axes de réflexion : famille, amis, opportunisme.

Fluidité de la correspondance par l'intermédiaire de la lumière indirecte.

L'ecclésiastique éclairé par la lumière de Dieu... suivi de pointillés intellectuels.

Fils d'un maître doreur pour un colloque horrible.

Nous l'aimons, ce bonhomme de Goya. Sacré Bordelais !
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)