lundi 24 août 2009

Un voyage vers Bordeaux

Le mercredi 3 juin [voyez comme ce texte date], à 11 h 12, mon train s'ébranle. L'ordre de départ venait de l'heure inscrite sur mon ticket même, aucune raison dans ce cas qu'il ne partît point. Un wagon d'un CIC avec des sièges de première classe, mais au final malgré tout un wagon de deuxième classe. L'air conditionné m'aida à supporter la vieille vêtue d'un pantalon collant noir à pois blancs ; la déchéance vestimentaire a atteint les vieux, c'est dire l'époque désastreuse que l'on vit. La malsaine tentation qui m'assaillait afin de regarder en entièreté la tenue de ma voisine n'a pas vaincu ma curiosité. Au plus saurais-je le titre du pavé mièvre qu'elle parcourait : Et tu périras par le feu. À flamber d'horreur.
Nantes : on approche des 14 heures. Je dois changer de train pour rallier la capitale de la piquette. Je n'imaginais pas passer de ce qui allait apparaître un moyen de locomotion idéal à un véritable char à bœufs. Déjà, le jeune blanc-bec m'a pris ma place. Il ne sait pas lire Fenêtre ? Au bout du compte, bien m'en a pris, il restera sous les affres solaires tout au long du trajet, exposition que mon épiderme n'aurait absolument pas supporté. Lui porte un ensemble jogging noir estampillé Adadas [dédicace au Petit Spirou], arbore un visage buriné, des cheveux ras sauf le sommet du crâne amoureusement badigeonné de gel, et un pendentif en forme de main de Fatima. Oh putaingue...
Il ne s'est dévêtu de son survêtement qu'au bout de deux heures. Comment a-t-il pu tenir ? Il a vécu à Djibouti ou quoi ?
Que je parle de Djibouti n'est pas anodin. Le gredin, lorsque le contrôleur vint à débouler dans l'allée, sortit un papier rose militaire pour confirmer le prix affreusement rabaissé de son billet. De mieux en mieux. Soudain, le téléphone sonne, je suis obligé d'écouter son accent urbain (doux euphémisme) et certains propos relatifs à un cassage de gueule parce qu'un quidam l'avait « saoulé », ainsi que de tribunal subséquemment avec le fait brutal évoqué précédemment. Que demander de plus ? Qu'il joue à la PSP ? Le kitsch du jeu vidéo de luxe.
En face de moi... Oui, j'ai oublié d'ajouter le fait que j'étais au tournant du wagon, c'est-à-dire à l'endroit où les sièges d'orientation différente se font face. Une première en ce qui me concerne. Donc, en face de moi, une mémé. Nos pieds avaient à vivre en cohabitation, ce qui donnait lieu à d'étranges ballets.
J'ai tellement transpiré du dos qu'il ne s'en est fallu de peu que je fusionne avec le siège.

Il est 18 heures passées, me voilà à Bordeaux.
Première étape : boire. Je suis un chameau, mais les chameaux aussi doivent boire.
Seconde étape : trouver l'auberge de jeunesse. J'avais dessiné un plan, cependant j'ai une bonne mémoire et j'y vais de tête.
À l'accueil, une affiche « Complet » n'augure rien de bon, ce que me confirme la tenancière. Un jeune homme qui a un problème de serrure m'apprend que tous les établissements hôteliers n'ont plus de chambre libre car... le Président de la République vient en ville demain, et ses groupies l'ont suivi.

dimanche 2 août 2009

Annonce au monde !

Puisque les choses bougent chez moi, et que je n'ai pas encore rédigé les premiers jets des chapitres suivants de Ne laisse personne..., je vais prendre quelques jours pour m'installer tranquillement à Bordeaux, puis je reprendrai l'écriture ! Cet intermédiaire ne prendra pas beaucoup de temps, je vous rassure.

Pardon. Là-dessus, je n'ai pas tellement su gérer...

samedi 1 août 2009

Ne laisse personne te castrer #9

« Mais, Morgan, c'est bientôt ton anniversaire ? s'exclame Camille.
— Comme si tu l'ignorais, fit l'intéressé, ne pouvant s'empêcher de sourire.
— Oh dis, ne fais pas ton ronchon. Ça vient de me revenir. Tu feras quelque chose, pour l'occasion ?
— Mmmh, je ne sais pas encore. Il y a des chances. Mais il est fort possible que je ne puisse avoir qu'un nombre limité d'invités, et il faudra bien faire des malheureux... » fait-il en la regardant de biais.
Camille le regarde deux secondes, puis ses yeux s'agrandissent lentement.
« Tu n'oserais pas, espèce de goujat.
— Tout de suite les insultes ! » s'esclaffe Morgan, avant de plaquer une main sur sa bouche pour rire. Les deux étudiants travaillent au fond de la bibliothèque universitaire, au-delà des rayons remplis de littérature étrangère.
« Je blague, je blague. Ce serait bien vide si tu ne venais pas.
— Et comment ! Passe-moi le dico, gougnafier.
— Gougnafier ! Où tu vas pêcher ces mots ?
— Mon p'tit gars, étant donné que je suis frêle — si, si, je le suis —, il me faut défendre ma personne par des mots qui paraîtront désuets lors d'une dispute (tous les sens du terme), et qui déstabiliseront peu à peu mon adversaire. » Cela dit à grand renfort de gestes et chuchotis. « Je lis, mon ami, je lis ! » Il se regardent, puis rient de nouveau.
« Tiens ! Tu sais, la bonne femme pète-sec qui m'avait acheté des livres pendant les puces ?...
— Oui ! Quoi ? Attends, elle a osé te rappeler ?
— Même pas ! Elle n'en a pas eu le courage. C'est son mari que j'ai eu au téléphone !
— Pas possible !
« — Allô ? » fait Morgan, imitant un combiné avec ses doigts.
« — Allô bonjour, je suis Claude W. Pourrais-je parler à Morgan C., s'il vous plaît ?
« — C'est moi-même.
Camille pouffe.
« — Voilà, je vous contacte parce que ma femme vous a acheté trois livres aux puces, et dans celui intitulé Le Temps des secrets, il manque deux pages des dernières. Elle voudrait se faire rembourser... »
— Mais c'est dingue ! Quel culot !
— C'est comme ça. Mais ça ne m'a pas surpris. C'est lui qui passe cet après-midi à la maison, mais comme maman est là, elle s'occupera de tout ça. Après, je donnerai les livres à qui les veut.
— À moi, pourquoi pas. Je sais à qui je pourrais faire plaisir. »
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)