dimanche 30 octobre 2005

Vous vous contenterez d’un extrait des Aventures de Tom Sawyer, de Mark Twain, un passage qui m’a fait rire dans mon lit, tard la nuit, pendant une bonne dizaine de minutes.
Livre à lire et à relire.

__« Puis il retomba dans son tourment tandis que le commentaire continuait. Bientôt il songea à un trésor qu’il possédait et il le tira de sa poche. C’était un immense coléoptère noir avec de formidables mandibules, un cerf-volant qu’il appelait une « bête à pinces ». L’animal se trouvait dans une boîte fermée par une capsule. La première chose que fit le coléoptère fut de lui prendre le doigt. Tom sursauta. Le cerf-volant s’envola lourdement à travers la nef et atterrit sur le dos, tandis que le garçon s’enfonçait dans la bouche son doigt blessé. Le coléoptère demeura où il était en agitant inutilement ses pattes pour tenter de se retourner. Tom le regarda du coin de l’œil, avec l’envie de le reprendre. Mais l’insecte était hors de portée. D’autres fidèles, que le sermon n’intéressait pas, s’amusèrent à le regarder eux aussi.
__A ce moment un caniche qui semblait avoir perdu son chemin s’avança lentement, incité sans doute à la paresse par la douceur estivale et par le calme du lieu, las de sa captivité et cherchant une distraction. La queue pendante du chien se leva et s’agita. Il observa l’insecte, se mit à tourner autour de lui et à renifler à respectable distance. Puis il se remit à tourner, s’enhardit et vint renifler de plus près. Puis il retroussa sa lippe et lança une brusque attaque vers la bestiole qu’il manqua. Il fit une nouvelle tentative et encore une autre, commençant à prendre un plaisir manifeste à cette diversion. Il se laissa tomber sur le ventre, le coléoptère entre les pattes, et poursuivit ses expériences. Il se fatigua, devint indifférent, puis distrait. Il hocha la tête et, petit à petit, son menton descendit jusqu’à toucher l’ennemi qui s’en saisit. Il y eut un hurlement aigu. Le caniche secoua violemment la tête. Le cerf-volant fut lancé à quelques mètres et atterrit à nouveau sur le dos. Les spectateurs avoisinants furent secoués par une douce joie intérieure, certains visages se cachèrent derrière des éventails ou des mouchoirs, et Tom se sentit parfaitement heureux. Le chien avait l’air idiot et se sentait probablement tel. Mais il y avait du ressentiment dans son cœur et un amer désir de vengeance. Aussi se dirigea-t-il vers l’insecte et entreprit-il une attaque circonspecte en sautant vers lui de tous les points d’un cercle, atterrissant avec ses pattes de devant à quelques centimètres de sa proie, claquant même des dents vers elle le plus près qu’il pouvait et secouant la tête jusqu’à s’en faire battre les oreilles. Mais au bout d’un moment, il se fatigua une fois de plus de ce jeu. Il tenta de s’amuser avec une mouche, mais il n’en éprouva aucun plaisir. Il suivit une fourmi, le nez au sol, mais il s’en fatigua tout aussi rapidement. Il bâilla, soupira, oublia complètement le coléoptère et alla s’asseoir dessus ! Alors, on entendit un terrible cri de douleur, et le caniche s’envola littéralement le long de la nef tout en continuant à aboyer. Il traversa l’église en face de l’autel, descendit l’autre nef à toute allure. Plus il avançait, plus son angoisse allait croissant. Il ne fut bientôt plus qu’une comète laineuse qui traçait son orbite avec l’éclat et la vitesse de la lumière. Finalement, la victime frénétique renonça à la course et sauta sur les genoux de son maître, qui le jeta par la fenêtre ouverte. Les hurlements de détresse s’atténuèrent rapidement et moururent au loin.
__A ce moment-là, dans l’assemblée, on ne voyait plus que des visages congestionnés ; les fidèles suffoquaient de rires étouffés. […] On n’écoutait le prédicateur qu’avec des expressions furtives de joie peu sainte, comme si le pauvre pasteur avait raconté une bonne plaisanterie. […]
__Tom Sawyer rentra chez lui d’assez bonne humeur, en songeant qu’après tout il y avait des satisfactions dans le service divin, lorsqu’on y introduisait un peu de variété. Une seule pensée troublait sa joie. Il voulait bien que le chien joue avec sa « bête à pinces ». Il trouvait cependant peu honnête de la part de l’animal d’avoir emporté la bestiole avec lui. »

dimanche 23 octobre 2005

Les vacances de la Toussaint arrivent. Enfin ! serais-je tenté de dire.
Les trois semaines qui viennent de passer ont été difficiles sur le plan physique. Ça m’apprendra à terminer mes exposés tard dans la nuit (je ne suis pas aussi fou que certains qui y passent la nuit entière sans dormir !). Le dernier en date (vendredi matin, il y a donc deux jours) n’a pas échappé à la règle… Heureusement le résultat a semblé bon pour le prof, c’est le principal. Mais une fois l’exposé fini, j’avais du mal à rester debout. Il a fallu m’accrocher. En gros, ça tournait. Le prochain est pour dans un mois, je tacherais de le finir avant, c’est sûr !

Bon, il est vrai que là je vous donne des balivernes à lire, mais c’est parce que mon attention est en ce moment centré sur une nouvelle que je compte envoyer à un concours (en plus de la masse de livres que je souhaite terminer !). Je me suis dit « Pourquoi ne pas tenter le coup ? ». Après tout, je n’y perds rien. Juste du temps pour écrire, ce qui n’est pas une perte de temps à proprement parler !
J’ai déjà mon sujet. Non, rien de fantastique. Plutôt teinté d’autobiographie, sur deux voire trois réflexions qui, étrangement, pourront se rejoindre. Rien d’extraordinaire au demeurant. Et si le texte ne me convient au bout du compte, je laisserais tomber.
Mon problème, c’est que je conçois assez facilement de longues histoires. Mais pour construire des courtes, c’est un vrai calvaire ! Vous avez dit bizarre ?
Si jamais j’arrive à le terminer et qu’il me semble suffisamment bon, je pourrais éventuellement le faire lire à ceux qui me le demandent.

dimanche 16 octobre 2005

Encore des états d’âme…
Mon inspiration est en veille ces temps-ci, vous n’aurez donc pas grand-chose à vous mettre sous la dent cette semaine… Une des raisons est que je lis à tout-va. J’ai « découvert » ce qu’était une bibliothèque, et je ne m’en prive pas. Il est vrai qu’il me reste deux-trois séries en cours qu’il me faut terminer en me procurant les derniers tomes. Sinon la B.M. de Quimper est une vraie caverne d’Ali Baba ! Je n’avais pas imaginé trouver la totalité des 26 tomes parus des Annales du Disque-Monde, par exemple, ou d’autres cycles tout aussi passionnants. Je pourrais enfin lire des classiques de littérature.
C’est un champ tellement vaste que je me dois de faire des choix (grrr) dès le début. Je peux vous dire que ma soif de livres n’est pas prête d’être assouvie !
C’est pour cela que je me gonfle de références Fantasy/SF, et d’autres classiques (faut que je me fasse tous les Rougon-Macquart !). Enivrante sensation, celle où un nouvel espace s’ouvre devant vous.
C’est à se demander comment j’ai fait pour ne pas m’apercevoir de la richesse que j’avais sous les yeux.

Une des autres raisons de l’absence d’inspiration est que je me consacre davantage à mon travail scolaire. Je suis un poil épuisé par cet élan de rigueur que je me suis imposé (je n’en ai pas vraiment l’habitude…) que les années précédentes. Probablement est-ce un palliatif de mon angoisse de ne pas savoir pour l’instant ce que je vais faire après ma licence. Ça me taraude de plus en plus, ça revient sans cesse. L’école me manquera (perdre 20 ans de repères !), c’est certain, mais elle commence à me peser.
Quant à mon avenir sentimental, j’ai rarement ressenti un tel néant. Hallucinant. Ce n’est pas une bouée que je lance, simplement pour dire que l’horizon est aussi plat que si je me retrouvais dans un anticyclone au milieu de l’océan Atlantique.

-_-‘

dimanche 9 octobre 2005

Cela prose-t-il un poème ?

Ressentir la pluie au fond de soi comme elle s’écrase sur mon toit.
Marcher jusqu’à la derrière goutte et arriver au pied de l’arc-en-ciel.
Paupières closes, laisser la lumière du cœur traverser le pont des soupirs.
Inhaler la bienvenue vivifiante de la flore, s’invitant à l’espoir collectif.
Pensée de la mémoire, souvenir des yeux, brouillard de larmes.
S’asseoir à l’ombre d’un doute, l’aube pointant le souci du doigt.
Mâcher fermement l’amande ; croquer le sel de l’amertume : impérissable !
Arpentant un chemin vallonné, rire à gorge déployée du précipice vertigineux.
Flânant à la vanille sur un oreiller en plumes, l’âme met les voiles.
S’évader des maux (propriété prosaïque) et se vider d’hélium.
Prêter l’oreille à ma muse, susurrant de sa voix cuivrée, au timbre piano.
Discerner l’épanouissante mosaïque, l’imago sémantique perdant son auréole.

Composer, composter ; vers qui tombe aspire à la feuille sa sève élaborée.


Ce poème-ci a été façonné selon le temps, c'est-à-dire que j'ai laissé venir à moi les termes qui s'imposeraient dans une phrase. Je précise que je l'ai débuté vers la fin juillet, et qu'il s'y est imposé une ligne directrice au fur et à mesure. Terminé aujourd'hui même.
Je dois dire que je suis assez voire très content de ce poème, chose rare.
:o)
J'espère en rédiger d'autres du même calibre. Mais ne me demandez pas quand ! Ce que je sais c'est que j'écrirais d'autres poèmes, pas forcément dans la même veine que celui du dessus, mais il y en aura d'autres.

dimanche 2 octobre 2005

Une ébauche minable et critiquable de théorie sur la construction d’une histoire.

De tout temps, l’homme se raconte des histoires. Notre vie n’est qu’une succession d’instants qui, recollés les uns des autres donnent des anecdotes, ceux-ci entre eux deviennent des faits aboutissant à une histoire.
Une succession de gestes répétés et inconscients, en majeure partie. Cet assemblage de gestes réflexes forme ce que l’on appelle des habitudes, puis cet ensemble d’habitudes détermine la psychologie du personnage étudié, en interagissant avec d’autres individus, ce qui développe ainsi une narration.
La partie mineure de gestes qui n’est pas inconsciente, donc réfléchie, c’est ça qui est intéressant. Un personnage qui reste dans son chemin tout tracé, quels que soient l’endroit et le moment où il se trouve, ce genre-là de situation ne créera pas d’histoires inoubliables. Inoubliables dans n’importe quel sens, j’entends. Le personnage qui arrive à s’adapter à toutes les conjonctures n’est pas intéressant non plus. Il suscitera peut-être une relative admiration (de ma part), mais cela n’ira pas plus loin.
Non. Pour permettre une analyse mentale de l’individu sur la base de ses réflexes et les mettre de la sorte en lumière, on doit perturber l’échelon supérieur. Il faut que les habitudes soient suffisamment ébranlées pour permettre un chamboulement conséquent afin de démarrer une histoire. Une vraie histoire. C’est au niveau des habitudes que le conteur doit frapper, et ainsi fait, c’est la globalité des liens qui sera affecté. Tout changera, que ce soit ses gestes inconscients (même un décalage minime) ou ses relations avec autrui.
Je pense qu’une histoire qui n’est pas portée par ses protagonistes n’a qu’une faible chance, voire aucune, d’être appréciée à sa juste valeur. Qu’est-ce que le lecteur attend ? C’est de pouvoir évoluer avec son personnage. Quand il évolue, le lecteur avance ; sinon il s’ennuie. Mais avancer tout le temps est fastidieux. Il faut savoir doser. Les réglages de vitesse sont primordiaux pour ne pas sortir de piste sur un circuit, il en est de même pour une narration. La seule différence, et de taille, c’est qu’il ne faut pas tourner en rond : on aboutirait à la disparition de l’imagination et de l’originalité.
En général, c’est l’environnement extérieur qui agit sur le personnage, rarement l’inverse. L’importance de l’influence extérieure est considérable.
Il faut se mettre dans la peau d’un chef-cuistot des mots pour créer une histoire.
(Je vous avais prévenu que ce n’était qu’une ébauche !)

Quelques citations :
William Gass :
« Les mots sont les objets suprêmes. Ce sont des choses dotées d’esprit. »
John Keats :
« Je ne suis certain de rien d’autre que du caractère sacré de l’affection du Cœur et de la vérité de l’Imagination – ce que l’imagination capture en tant que Beauté ne peut être que vérité – qu’il ait existé au préalable ou non. »
Dan Simmons :
« Les poètes sont les sages-femmes démentes de la réalité. Ils ne voient pas ce qui est, ni ce qui peut être, mais ce qui doit devenir. »
« Les mots sont les seules munitions dans la cartouchière de la vérité. Et les poètes sont les francs-tireurs qui s’en servent. »
Mark Twain :
« La différence entre le mot juste et le mot presque juste est la même qu’entre l’éclair et la luciole. »
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)