mercredi 25 juillet 2007

Et puis bon anniversaire, vieille carcasse !
24 ans.
Comme promis, quelque chose en rapport avec cet univers qui m'habite. En espérant que vous apprécierez.

ILe mouvement des Temps
II
La quête
III
Air
IV
Arbre
V
Feu
VI
Lumière
VII
Sacré
VIII
Ténèbres
IX
Eau
X
Lune
XI
Terre
XII
L’écharde de métal
XIII
Le miroir de l’âme

I – Le mouvement des Temps

Lors de la Nuit tombante,
Le crépuscule jouant le funambule
Sur les cordes libres du monde ;
A l'heure où tous les candélabres s’éteignent,
Les cors et les tambours remplacent
La musique entêtante des cœurs sagaces.
L’heure de payer par le sang,
Manie furibonde des Grands,
Instant charnel de la perte.
Jetant cartes sur table,
Lui-même balancier : le Chevalier.
Voyant les temps sombres s’avancer,
Le Serment ancestral est à respecter.

II – La quête

Éparpillées sur la sphère de la conscience,
Autrefois fruits de la Pensée,
La vie statique croît sans cesse en elles.
Une à une regroupées, solides,
L’ensemble devient inestimable,
Libère de la nature brute,
Et fait jaillir subrepticement,
Oubliant l’opaque, le translucide épuré,
La Vérité de la Réalité.
Juger sans toutes les Pierres
Est une offense à l’égalitaire.
Le Chevalier est prévenu,
Le salut dépendra de sa vertu.

III – Air

Agréable effleurement sur le visage,
Invisible souffle de l’agonie,
Réitérant cette circulation à l’infini.
Vibration de l’être et de l’esprit :
Tu t’envoles sans bruit.
On te connaît caractériel :
Énervé, tu abuses du tonnerre ;
Émerveillé, c’est l’arc-en-ciel ;
Chagriné, une petite bruine passagère.
Des nuages ronds et moutonneux,
Témoins de ta légèreté,
Deviennent ô combien nombreux
Tant que tu n’es pas considéré.

IV – Arbre

A chaque année s’accroissant,
Racines s’enfonçant dans le sol,
Bourgeonnant tous les printemps,
Rattrapé par l’automne
Et parfait dans son contentement.
Ton ascension perpétuelle vers le ciel
N’est récompensée que par la rosée.
La sève, espérance vivante des feuilles,
Flue de verte sensualité.
Car en vérité, c’est ton secret
Des choses et de la destinée,
A l’aide des fruits et des baies,
Que se cache ton immortalité.

V – Feu

Flammes léchant la voûte,
En même temps claires et foncées,
Union purificatrice et régénératrice.
Capricieux et insaisissable,
Amour et colère indissociables,
Pour le rouge de la passion.
Brûlant tout sur son chemin,
Prolongement igné des rayons solaires,
Foyer temporaire, incendie de guerre.
Pourtant, derrière tes ravages,
La nature flambante neuve ressurgira.
Tu embrases et tu consumes :
Sentir cette chaleur dans les veines…

VI – Lumière

Lanterne de douce candeur,
Usage du matin qui ranime ta splendeur,
Manifestant ta volonté de charmer :
Innocence de ta bonté.
Édifiante dans ta munificence,
Redoutable dans ta clairvoyance,
Émerveillant les iris chatouillés
Par l’effervescence de ta blanche nature.
Concentrée au sein du Soleil,
Tu libères une kyrielle de joyaux
Muant ta rayonnante chevelure
En un simple et harmonieux halo
Jusqu’au soir de vermeil.

VII – Sacré

Tourbillon et maelström des sens,
Pilier salubre des âmes,
Mélange impétueux et raisonné
De la saisonnalité des éléments.
Sans aucune nature clarifiée,
Ancre dans le flot des sentiments,
Cercle formant un carré,
Retour en soi et inversement,
En jouant avec subtilité.
L’absolu dans l’universalité,
Tu rassembles les opposés,
Et sous tes ailes, dans la sagesse,
Tu leur permets de se côtoyer.

VIII – Ténèbres

Les exhalaisons chtoniennes
Tellement glauques et malsaines
Parfois entre elles se gênent,
Aigreur et rancœur, de là se souviennent.
Suffocantes dans leur noirceur,
Terribles d’aspect et d’attrait,
Enivrantes davantage que séduisantes,
Nocturnes et implacables,
En elles se forment les pires venins.
Battant trompeusement en retraite,
Revenant plus impitoyables à la charge,
Empoisonnant les espoirs et les amitiés,
S’abattant sur les cœurs, tombe l’obscurité.

IX – Eau

Flocons moelleux sur les sommets
Se transforment en d’innombrables fontanili
Quand surviennent les jours printaniers
Faisant oublier le givrant hiver.
Se prélassant dans son lit,
Absente cruelle des cuisants déserts,
Traversant forêts et plaines,
L’aboutissement est le même : la mer.
Infinité liquide des origines,
Rebondissant avec allégresse sur les rochers,
Effaçant la souillure par vagues,
Ambiante nuée à l’odeur iodée,
Us et coutumes de ta pérennité.

X – Lune

Face froide réfléchissant
Le flambeau éthéré des étoiles,
De l’empyrée au firmament,
Tu attires comme tu inspires.
Double faucille d’argent,
Inconsciente ou présente,
La rêveuse laisse filer le temps.
Immobile mais toujours en ronde,
Compagne de voyage si calme.
Lueur dans l’immensité,
Une fois vue n’est plus éclipsée.
Ni poison ni remède,
Éternelle source de la fécondité.

XI – Terre

Des montagnes les plus hautes
Aux crevasses les plus profondes,
Modeste dans ton omniprésence.
L’humilité est ta valeur,
Brune est ta couleur,
Matrice tranquille dans sa fermeté.
De tes entrailles ressortent les sources,
Les métaux, les minerais : la fertilité.
Ton incommensurable force refoulée
Évolue par soubresauts et tremblements.
Retournant à la poussière,
Recevant à nouveau les germes
Et ainsi renaître dans la gaieté.

XII – L’écharde de métal

Au foyer de la cité sylvestre,
Parallèle à l’Axe du monde,
Son éclat est masqué dans la roche.
La source suintant et se répandant
Nourrit l’Arbre protecteur,
Prévient la main non-désignée.
Pure connaissance et destruction de l’ignorance.
Libérée de son assujettissement minéral,
L’
Épée scintille au clair
Sur le couperet de la balance.
Ineffable est son enseignement,
L’éloquence contre la rhétorique,
Elle possède deux tranchants.

XIII – Le miroir de l’âme

N’ayant pour seul reflet
Que le cours de ses pensées,
Lui, le Chevalier, devra décider
Au nom du monde et de sa destinée.
Un choix est lourd de conséquences,
De n’importe quelle taille et apparence,
Frôlant le courage ou la démence.
Se dérober ne sert à rien,
Sans le Mal, il n’existe pas de Bien,
Attendre, car tout vient à point.
Dès le commencement, il comprendra
Que le plus décisif des combats
Se livre au fin fond de soi.

dimanche 15 juillet 2007

Un 14-Juillet

Le premier 14-Juillet du président haï. Celui-ci avait décidé d'un concert sur le Champ de Mars, suivi d'un feu d'artifice géant d'une demi-heure environ (en concertation avec la mairie de Paris...). Concert géant placé sous le signe de l'Europe.

Toutes les stations de métro étaient fermées autour de la Vieille Dame, Bir-Hakeim incluse. Mon frère et moi nous étions donné rendez-vous à une heure précise, où un de ses amis futur ingénieur devait nous rejoindre. Sorti station Trocadéro (entourée de paniers à salade), je descendis par la rue Benjamin Franklin puis le square Alboni où je venais grossir une foule de badauds. Mon frère me retrouve quelques minutes plus tard, à la jonction du pont Bir-Hakeim et de l'Allée des Cygnes, et il tâcha de me prévenir : son ami était un sarkozyste pure souche et se prénommait... Nicolas.

Un petit mot sur l'école de mon frère : l'ESTP (pour École Spéciale des Travaux Publics) se situe boulevard Saint-Germain, proche de la station Maubert-Mutualité, coin huppé de la capitale s'il en est (mais il en existe des plus pointus), au cœur du quartier latin. La sélection s'opère par concours et sur dossier. En général, l'ambiance studieuse des classes préparatoires laisse le pas à une décontraction digne des dernières années de médecine. J'ai pu avoir sous les yeux une sorte de bulletin mensuel (ou hebdomadaire ? Peu importe.) où l'on pouvait retrouver des aventures épicées d'étudiants se soulageant au sortir d'une semaine de cours chargée... quand ce n'était pas tous les soirs de la semaine. En l'espèce : « X s'est retrouvé avec la braguette ouverte, et elle n'attirait pas que les mouches ! » ; « Le lendemain, on le retrouvait dans son matelas de vomi » ; « D'après Z, elle n'en était qu'à sa troisième proie de la soirée. Go ahead, babe ! » ; « W a repéré une rousse mignonne à qui il a payé un verre. Il semblerait que ce soit une tactique pour consommer gratis, qu'elle soit coutumière du fait et qu'elle ait un mec ! »

Quatre élèves sur cinq ont voté pour l'actuel président, dans cette école (source : mon agent dans la place), et c'est une estimation optimiste. Une grosse proportion de ces élèves proviennent des lycées les plus recherchés de la capitale (Henri-IV, Carnot, Louis-le-Grand, etc.), publics et privés, notamment ces derniers où sont dispensés des cours de catéchisme intensifs par des pontes d'entreprises françaises ! Certaines jeunes filles se retrouvent même à posséder une photo de l'omniprésident, et à le déclarer attirant (elles ont dû passer à Jean, depuis) ! On croit rêver. L'élite parisienne a donc rendez-vous avec l'ESTP, mais pas seulement elle. Je citerai le cas de ce jeune homme, fils de diplomate qatari, détenant un appartement de 70 m2 boulevard Saint-Germain, et qui retrouvait chaque week-end sa petite amie résidant en Suisse.

L'ami de mon frère (qui garde vaillamment la tête sur les épaules) a donc l'habitude d'évoluer dans ce milieu, du moins y aspire-t-il grandement, puisque vivant tout de même, selon ses dires, à un niveau de richesse moindre. Modeste, avec ça. J'eus l'heureux sentiment de le voir ne pas savoir sur quel pied danser, en ma compagnie. La dégaine que je trimballais accentuait son malaise : cheveux bouclés et pas assez longs pour les retenir, bermuda ringard, Sailor's aux panards et sans chaussettes (sans chaussettes ? Mais quelle idée déplorable de l'hygiène !), une vareuse usée comme il se doit, un tee-shirt délavé, mon vieux sac bleu marine et jaune... (« C'est ça son grand frère ?... » dut-il certainement penser. En censurant.)

J'ignorais la programmation du concert, à l'exception du retour de l'exilé Polnareff ; quand il me cita Tokio Hotel, et que je ne tiquai pas, il s'exclama :
- Quoi ? Tu [je l'ai laissé me tutoyer, pour ne pas gêner mon frère] ne connais pas Tokio Hotel ?
- Tu sais bien, intervint mon frère, on les voit souvent pendant les pubs... Ah mais non, c'est vrai, tu n'as pas la télé.
- Hein ?? Le brave n'en croit pas ses yeux. Tu n'as pas la télé ?? Mais qu'est-ce que tu fais, pour t'occuper ?...
Il ne sait pas que c'est une question qui fâche ; je passe l'éponge.
- Je lis, j'écris, je gratouille une guitare, je regarde des films, j'écoute de la musique...
- Attends attends, tu regardes des films ? T'as un PC alors. Et t'as pas Internet ?
- Non. J'y allais une fois par semaine à l'IUFM, tout au plus.
- Pas internet... Je sais pas comment tu fais pour tenir... Moi j'pourrais pas ! lance-t-il, un brin désemparé.
- Les hommes ont bien vécu sans, auparavant ; je ne vois pas pour quelle raison on ne pourrait pas s'en passer aujourd'hui.
- T'as un téléphone portable ?... Au moins ? interroge-t-il. Presque résigné, le bougre.
J'exhibe le fil à la patte.
- Quand même ! fait-il souriant, heureux d'avoir sous les yeux un objet de la civilisation moderne.
- Si je le pouvais, je le jetterai dans une benne à ordures.
Mais il ne m'écoutait plus, parti dans une discussion avec mon frère sur des considérations de stage.

Nous étions assis, la même posture qu'une foule considérable de gens, sous la Tour Eiffel, en face du Trocadéro. Difficile d'avoir une meilleure vue pour le feu d'artifice. A l'autre bout du potager le concert battait son plein, des greluches pantomimes succédaient à des abrutis gesticulants (je voyais la scène, pourtant très loin, mais les énormes écrans sur les côtés étaient bienvenus pour suivre). Soudain, un mur sonore de cris de jeunes filles au bord de l'orgasme nous parvint, phénomène impressionnant : il s'agissait du groupe cité plus haut ; je ne voyais sur l'écran qu'un individu maquillé, au sexe indéterminé, à la crinière ornée de mèches.
- C'est une fille qui chante ? demandai-je, interloqué. Mon frère rit.
- Non, c'est un mec ! Hahaha !
- Et quel âge il a ?
- Dix-sept ou dix-huit, pas plus, coupe Nicolas. Il paraît que le fils à Sarko adore ce groupe !
- Un gage de qualité, à n'en pas douter ! grinçai-je. Mon frère rigola avec moi ; l'autre un peu, jaune.
Une chanson commença, et de toute évidence la mélodie était connue de la foule. Nicolas fredonnait, et apercevant ma mine impassible :
- Tu connais vraiment pas ? Incroyable...
- C'est loin de valoir Led Zeppelin en concert, par exemple.
- Ouais, c'est clair... répond-il, pas très sûr, en se détournant. Pas de doute, il avait pitié de moi ; j'étais vierge musicalement du groupe allemand ! Pauvre de moi, en somme.

Polnareff conclut le concert par « On ira tous au paradis » (mais ceux du XVIe arrondissement d'abord !). Il devait être aux alentours de 23 h. Sachant que le spectacle serait accompagné de musiques de bandes originales, je proposai à Nicolas de deviner celles qui seraient diffusées. Il accepta. Je lui donnai une leçon ; avec un certain plaisir, j'avoue.
- C'est Tigre et Dragon ! Je reconnais !
- Non, c'est le thème de In the mood for love, le film de Wong Kar-wai.
Le feu d'artifice fut splendide, en accord (« Ah ! Et ça c'est Björk et la chanson de Dancer in the Dark ; magnifique. ») avec la bande-son. Par exemple, pour le thème de Star Wars (que Nicolas reconnut), les pétards se déployèrent en galaxie argentée. Superbe idée. Un final à vous anéantir les tympans, et la Tour Eiffel scintilla, comme d'habitude.

Les officiels dénombrèrent 600 000 personnes ; ce que je peux en dire, c'est qu'il y avait du monde, comme je n'en avais jamais vu auparavant (tout autre chose que les manifestations du centre-ville de Quimper). Le brillant projet de fermer les stations de transport en commun n'arrangea pas l'évacuation. Je ne suivais pas mon frère qui m'invitait à passer la nuit, chez lui ; rétrospectivement, c'eut été la meilleure solution.

Pour faire simple : arrivé station Javel, les lignes du réseau parisien fermaient. Avec le portable et sa batterie à plat, me voilà bloqué en plein Paris. Je ne vois qu'une seule issue pour rallier Melun : la Gare de Lyon. Une dizaine de kilomètres de marche sur la rive gauche ; mes Sailor's m'égratignèrent profondément l'arrière du pied au bas des tendons d'Achille ; un véhicule transportait les Vélib devant être mis en circulation le matin même ; sur le port en bordure du Jardin des Plantes, des inconscients jouaient avec des fusées, tenues à la main. Mon salut avait un nom : le Noctilien ; j'étais bien naïf de croire que personne ne le prendrait...

Il est 5 h 30, je suis presque chez moi, à Melun. Tandis que je traverse le Pont Jeanne-d'Arc arrive sur ma droite une bande de jeunes passablement éméchés. Sentant le coup venir, j'accélère le pas et fait mine de ne pas y faire attention : plan risqué, il n'y a pas l'ombre d'une mouche en sus de nous... Je passe devant les ivrognes, qui sont à une vingtaine de mètres, et l'un d'entre eux, immanquablement, s'adresse à moi en termes injurieux. Je continue ma route (la porte d'entrée n'est qu'à une centaine de mètres), ils ne me suivent pas, mais l'autre décérébré tente mordicus d'attirer mon attention. Je me retourne à l'instant où le mur de l'immeuble du quai bouchait sa vue. Il crie sur-le-champ :
- Eh ! Il m'a regardé ! On le chope !
Personne ne l'a suivi, fort heureusement. Heureux monde où un simple regard suffit comme prétexte pour se faire passer à tabac.

Pas fâché, le lendemain je quittais l'Île-de-France. Mon frère et moi avions pris chacun un billet en première classe (pour une fois), mais le bilan fut le même pour tout le monde. Lorsque la foudre frappa la caténaire, quelque part entre Le Mans et Rennes, le retour en Bretagne prit douze heures au lieu des quatre et demi initiales, et une allure rocambolesque...
[17/07/08]

lundi 9 juillet 2007

En attendant un article (qui n'en sera pas vraiment un) le 25 juillet prochain, dans l'optique où je serai chez mes parents, je mets en veille ce message. Je ne vais pas pouvoir accéder librement à l'Internet de sitôt.
Ouais, ce sera un peu spécial le 25 juillet, mis à part la sortie du film des Simpson. Je posterai ici quelque chose qui vous permettra de vous immerger (pendant que je vous maintiendrai la tête sous l'eau) dans cet univers embrouillé et... et... euh, claustrophobe (?) que représente ma cosmogonie. Bon, vous verrez bien. Ce sera juste ce monde tel que je le concevais en première année de Faculté. Ou deuxième ? Non, je crois première. Je n'ai pas les documents sous les yeux, m'emm...bêtez pas.
A bientôt, j'espère, en BZH !
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)