jeudi 31 juillet 2008

Parfois j'ai des idées étranges. J'aimerais être en poste à Saint-Pierre-et-Miquelon. Qu'est-ce que je pourrais bien faire sur ce bout de caillou au large de Terre-Neuve ? La végétation est aussi rase qu'au sommet du Menez Hom, la population totale est moins de deux fois celle de Pleug'... Pourtant ça ressemble à s'y méprendre à la Bretagne, coupée par voie maritime, avec des bicoques aussi colorées qu'au Québec (dixit K. le Veinard Voyageur Transatlantique). C'est drôle cet isthme de sable, ça me rappelle les Glénans...

Tentante, cette destination. On doit y être tranquille ; pour lire, pour écrire, pour penser... Loin de la folie humaine quotidienne. Pourquoi ne pas y ouvrir une librairie ?

What New York used to be - The Kills

Coma coma drama come on
Draw it scratch it say it
Say it, make it to the bottom ladder climb it drop an apple
Off the top it stop it
I don't want to eat it
Need it, know it
Force it, feed it
Leave it, be it
Just keep it
In its box

What easy used to be
What love used to be
What drugs used to be
What TV used to be
What music used to be
What luck used to be
What art used to be
What you used to be

Coma coma drama, come on drawl your skin
Your mile longer love song
sure it tells the future
fingers crushed and
run em' under water
Shark infested sea of secrets
In the open fire
Beat it, don't believe it
Just leave it in its box

What easy used to be
What fun used to be
What dreaming used to be
What fame used to be
What the city used to be
What fast used to be
What low used to be
What New York used to be
What New York used to be
What New York used to be
What New York used to be
What New York used to be

Come, come, come on
Come, come, come on


Un petit bijou, cet album (Midnight Boom) des Kills.
Sensation
Par les soirs bleus d'été j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud, mars 1870

C'est-y pas beau, ça ?
C'est un peu ce que j'avais ressenti l'autre jour, lors de ma randonnée, mais retranscrit dans une langue approximative, en comparaison avec celle-ci. Ce serait comme comparer l'emmental directement produit par un Suisse dans les Alpes avec la pâte jaune de Président.

mercredi 30 juillet 2008

Vous savez sûrement ce que signifie le déjà-vu. Oui, mais quid du déjà-entendu, du déjà-senti, du déjà-goûté, du déjà-touché ? Ces expressions n'en valent-elles pas cette peine que je les cite ? Certains pourraient me dire : « Et l'anosognosie, c'est du poulet ? » Effectivement, ce que l'on peut désigner sous le terme de déjà-vécu. Mais j'insiste, le déjà-vu et ses acolytes ne sont pas systématiquement symptomatiques de troubles mentaux. Ils renvoient forcément à quelque chose que l'on a ressenti, autrefois.
*

Qu'est-ce que la justice ne comprendra jamais ?
L'humour.

mardi 29 juillet 2008

Le champ de blé rendait un son qui ouvrait en appétit, tout autant que cette couleur mie de pain mûrissant au soleil ; je m'approchai et cueillai un épi. On se nourrit avec ce qu'on trouve, et ces grains consommés, à défaut d'être croquant, fondaient sous la dent. « Tant pis pour le paysan ; avec la spéculation sans retenue et la montée des prix effective, un épi de plus ou de moins ne l'amènera pas à la faillite » ai-je pensé, pour apaiser ma conscience.

A proximité de la station d'épuration coule le ruisseau qui fit mes jours heureux de l'enfance. Un pont de fortune constitué de rondins et de palettes permettait une traversée les pieds au sec, et conduisait le randonneur directement dans le bois. La température descendit sensiblement, mais la sudation créée par l'effort n'allait pas cesser : le bois se situait sur un relief soutenu.

Le sentier déboucha sur une croisée des chemins : à droite, je savais où il menait ; à gauche, je l'ignorais, et il n'était certainement pas emprunté par des véhicules quelconques, car de jeunes et robustes châtaigniers croissaient sans vergogne en plein milieu. J'optais pour l'inconnu ; « Frissons garantis ! » Le vent s'amusait à secouer la canopée ; de hauts noisetiers se balançaient les feuilles agitées, offrant du sol une toile vivante de pointilliste.

La soif se fit insistante ; je me morigénai sur l'oubli fâcheux d'une bouteille d'eau. Retourner me rafraîchir au ruisseau fut une idée que j'écartai vite : de l'eau malpropre et malodorante en provenance de la station avait détrempé la terre alentour. Boire plus en amont ne m'inspirait pas non plus ; les cours d'eau en Bretagne n'étant plus hélas dignes de confiance, je préférai m'abstenir.

La sortie ensoleillée donnait sur un champ en friche et en pente, l'inclinaison orientée au sud. Le fil électrique utilisé comme clôture ne fut pas un obstacle insurmontable ; les piquets plantés droit et non selon l'angle de pente du champ abaissait de fait la hauteur du fil. Je passai également de la fraîcheur bienfaitrice des arbres à la chaleur moite des herbes transpirant la sève et la rosée.

L'endroit ne m'était pas familier ; je grimpai la colline, évitant des bouses séchées, preuves d'une activité bovine antique, jusqu'à une double rangée de fils électriques protégeant une plantation de pommes de terre. Le paysage, en me retournant, ne m'évoquai rien, non plus. Une colline me faisait face, la même parcelle, où sur ce versant des pousses éparses de fougères offraient leurs verdoyants chapiteaux.

Je m'y dirigeai, bousculant quelques insectes effarouchés. Un rapace siffla dans les airs ; levant les yeux, je l'aperçus loin devant, grand, majestueux, une buse ou un faucon ; à cette distance, l'oiseau de proie devait bien mieux m'observer que je ne pouvais le faire. Tandis que je restai à le regarder, lui s'élevait en cercles par un courant d'air ascendant.

lundi 28 juillet 2008

J'ai pu visionner The Dark Knight, en avant-première. Habituellement les films de super héros (sauf Les Indestructibles) ne m'emballent pas vraiment, trop manichéen à mon sentiment, trop prévisible, ou trop ridicules (splendide Ghost Rider, bouse intergalactique). Le gentil gagne toujours ! Peut-être pas dans Watchmen. Le gros problème c'est que le méchant invente mille plans diaboliques, tous déjoués. Il peut intervenir sur un tiers pour ajouter à la tension, guère plus.

Le Joker de The Dark Knight est fantastique, jouissif. Il est libre, survolté. Le regretté Heath Ledger a surpassé en tout point Jack Nicholson. Rien que pour lui vous devriez courir au cinéma. Je crains cependant que le passage par la salle de doublage n'ait terni le jeu.

Autre film : Wall-E. Le studio Pixar a atteint des sommets avec ce nouveau long-métrage d'animation. Moins accessible que les précédents, plus corrosif, je vous le recommande !

dimanche 27 juillet 2008

J'en connais un qui va (encore) m'accuser de plagiat, mais cela est le questionnaire de Proust, et Monsieur Proust, c'est A la recherche du temps perdu !

Le principal trait de mon caractère.
La modestie (avec quelques poussées d'orgueil, histoire de purger), ce que ne va pas arranger ce questionnaire.

La qualité que je désire chez un homme.
L'assurance. Mais se croire assuré, ce n'est pas (ou plus) se poser de questions, puisqu'on est sûr de soi. Et ne plus avoir de doutes, ce n'est pas aller de l'avant. S'interroger est avancer, et ne plus tourner en rond. Tourner en rond, c'est revenir au point de départ. Donc je retire ma première réponse. Je trouve un peu bête et réducteur de placarder tel trait de caractère à un sexe en particulier. C'est pourquoi je vais répondre : rien.

La qualité que je désire chez une femme.
La maternité. Parce qu'être enceinte, c'est à la fois une malédiction et une bénédiction. Les hommes ne comprendront jamais ce que c'est que de sentir une vie grandir en soi, et je dois avouer que c'est une émotion que j'aurais aimé connaître, émotion qui me rend envieux des femmes.

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis.
Leur capacité à m'accepter et me supporter. Je n'y arrive pas moi-même.

Mon principal défaut.
Trop alambiqué, à l'intérieur.

Mon occupation préférée.
Lire, sans aucun doute. Écrire le talonne de peu.

Mon rêve de bonheur.
Le bonheur ne dure qu'un temps, et ce n'est qu'après l'avoir expérimenté qu'on se rend compte de la mesure de sa chance de l'avoir goûté. Et pour répondre à la question, je dirais la bonne santé pour tous.

Quel serait mon plus grand malheur ?
Que je disparaisse avant d'avoir pu développer l'univers que je compte proposer.

Ce que je voudrais être.
Je ne refuserais pas un petit prix Nobel de Littérature. A plus petite échelle, un écrivain reconnu, un partenaire aimant et aimé, un père aimant et aimé.

Le pays où je désirerais vivre.
La Bretagne me va comme un gant. Comment ne pas apprécier le granit radioactif, l'air iodé, la gastronomie jalousée ? Sinon, la Nouvelle-Zélande me botterait.

La couleur que je préfère.
Le bleu. Couleur universelle et intimiste, libre et moins froide qu'elle ne veut bien le montrer.

L'oiseau que je préfère.
Le merle. Le plus beau chant d'oiseau, différent à chaque fois, longévité, fidélité.

Mes auteurs favoris en prose.
Tous ceux qui sont marqués dans mon profil !

Mes poètes préférés.
Baudelaire, Nerval, Rimbaud.

Mes héros dans la fiction.
Spike Spiegel (Cowboy BeBop) ; Miyamoto Musashi ; Anthony Soprano ; Nathaniel « Nate » Samuel Fisher Junior (Six Feet Under).

Mes héroïnes favorites dans la fiction.
L'Allemande chantant à la fin des Sentiers de la gloire ; Ilsa Lund Laszlo (Casablanca) ; Marie Bolkonskaia (Guerre et Paix) ; Marjane Satrapi (Persepolis) ; Thelma et Louise.

Mes compositeurs préférés.
Bach, Beethoven, Bizet, Tchaïkovsky, Verdi.

Mes peintres favoris.
Monet, Ingres.

Mes héros dans la vie réelle.
Les médecins (tout sexe confondu, évidemment) ; Bob Dylan.

Mes héroïnes dans la vie réelle.
Toutes les femmes du monde, en particulier celles opprimées par les religions.

Mes héroïnes dans l'histoire.
Marie Curie.

Votre plat et votre boisson préféré.
Les lasagnes et l'Orangina.

Mes noms favoris.
Je n'en ai pas précisément. Je changerai quand j'en aurai quelques-uns qui me conviendront.

Ce que je déteste par-dessus tout.
Les religions et toute forme de totalitarisme.

Personnages historiques que je méprise le plus.
Tous ceux qui ont un jour ou l'autre voulu restreindre la liberté de l'Homme par un point de vue abscons et obtus ; je parle aussi bien des « prophètes » que des politiques ou des entrepreneurs sans états d'âme.

Le fait militaire que j'admire le plus.
La campagne d'Alexandre le Grand dans l'empire perse. Sinon la guerre, je n'aime pas trop.

La réforme que j'estime le plus.
Celles de Jules Ferry au début des années 1880, afin de rendre l'éducation laïque, obligatoire et gratuite pour tous.

Le don de la nature que je voudrais avoir.
Voir la nuit, ce serait sympa.

Comment j'aimerais mourir.
Dans un fou rire, ou dans mon sommeil.

État présent de mon esprit.
Dans le brouillard, à rester écrire sur papier et ordinateur.

Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence.
Les fautes d'apprentissage.

Ma devise.
Je n'en ai pas réellement. Prendre la vie comme elle vient, peut-être.

samedi 26 juillet 2008

Voici le témoignage de Tony B., chef du gouvernement britannique pendant une dizaine d'années, qui souligne l'importance cruciale de la question religieuse.

« La pensée des Lumières, dit-il, a voulu nous faire croire que le progrès irrésistible de l'humanité était synonyme d'extinction des religions, dont nous n'aurions plus besoin ; que Dieu était condamné. Quelle erreur ! Or, comment ignorer cet élément fondamental dans la vie de milliards de gens. Je rêve que la religion humanise, donne du sens, des valeurs, une dimension spirituelle à une globalisation chaotique qui fait perdre aux peuples leurs identités et repères. Je rêve qu'au lieu de se craindre, de se défier, de se combattre, les croyants des diverses religions apprennent à dialoguer, à se respecter et à travailler ensemble pour le bien commun et qu'ils transforment la foi en force de progrès... Je mise sur la foi, convaincu qu'elle peut servir de guide, de fédérateur et de moteur pour le futur. »

Après avoir lu ça, vous vous demandez par extraordinaire ce qui a pu passer par ma caboche pour permettre la diffusion d'élucubrations d'un illuminé prosélyte sur le journal électronique d'un athée notoire. Ceci, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, n'est qu'un extrait de l'éditorial du « journal » Ouest France ; mais si, ce « journal » monopolistique dans le Grand Ouest, à Rennes par exemple, propagateur de la pensée unique, feuille de choux puis usine à gaz, où s'amoncellent « articles », « interviews », « billets d'humeur » à remugles de droite chrétienne, « notes locales » de pigistes à l'orthographe aléatoire, « page culturelle » (je pouffe !), faits divers croustillants et autres friandises (a)variées.

Quand vous en aurez l'occasion, scrutez les devantures des magasins de presse : vous y verrez les supports métalliques des journaux. Dans le Finistère, il y en a deux, un pour le « journal » pré-cité, l'autre pour le Télégramme (qui ne vaut guère mieux) ; ils affichent leurs gros titres, en général des faits divers touchant la population du coin (« Pontivy : un meurtre doublé d'un viol », hier, pour O. F. ; il y a deux titres sur chaque feuille). En me dirigeant vers Évreux il y a quelque temps, j'ai pu apprécier l'eutrophisation journalistique.

Revenons au témoignage de Tony B. (pas Tony Blundetto, mais la mentalité est sensiblement la même), paru en première page du O. F., qui s'est au passage entretenu hier avec Barack Obama, peut-être, qui sait, dans le but de prévenir ses fesses. Dans un premier temps, Tony B. évoque « la pensée des Lumières qui a voulu nous faire croire » ; la pensée confrontée au croire est une confusion sémantique préméditée d'un homme sachant se servir du Verbe. Qui plus est, la pensée des Lumières s'est construite sur le dos des croyances religieuses dominantes puis par-delà ; l'homme par l'homme, et non plus l'homme par Dieu. La philosophie est un antidote de la religion, et blâmer (« Quelle erreur ! ») ce mouvement inouï d'émancipation est un acte visant à plaire à tout croyant.

Donc les Lumières voulaient persuader « que le progrès irrésistible de l'humanité était synonyme d'extinction des religions. » Certes, et ce n'est pas plus mal. N'est-il pas bénéfique de se débarrasser de ce qui est avilissant, abrutissant, archaïque ? Une religion est un frein intellectuel, et paradoxalement qui envoie droit dans le mur. Une religion, à la base, est un lit de croyances, et vous prospérez là-dessus. Le point qui fâche est qu'une croyance est une histoire, un fait que quelqu'un d'autre a créé et que vous prenez pour établis ; ce qui n'est pas penser par soi-même. Ce terreau insalubre à la pensée libre prospère continuellement ; il est plus facile de croire (à) quelque chose que de réfléchir ou de mettre en doute, un effort qu'on laisse volontiers à autrui.

« Dieu condamné » ! Par qui ? Par Lui-même ? Voltaire : « Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu. »

Poursuivons : « Or, comment ignorer cet élément fondamental dans la vie de milliards de gens. » Oui, quel est le meilleur bouton pour insurger les croyants ? La religion, pardi ! Prenez les musulmans : à la première offense, ils défilent dans les rues en hurlant avec des voies de crécelles, menacent sans distinction les premiers kouffars qu'ils croisent, lèvent le poing contre l'Occident (cible privilégiée). La burqa est une tradition culturelle, voyons ! (Ironique.) La religion fait partie de la vie de milliards de gens, et j'affirme : « Parfait ! Mais qu'elle n'interfère pas avec la mienne, qu'elle ne s'immisce pas dans ma sphère privée ! » Exactement, libres à vous de suivre le troupeau de Panurge.

« Je rêve que la religion humanise, donne du sens, des valeurs, une dimension spirituelle à une globalisation chaotique qui fait perdre aux peuples leurs identités et repères. » Continue à rêver, en ce cas ! La religion, sous n'importe quelle forme, a tellement détruit de repères de tant de civilisations qu'elle n'est qu'une plaie pour l'histoire de l'humanité ! La globalisation dont il fait mention est une coercition économique et religieuse de longue date. « Je rêve qu'au lieu de se craindre, de se défier, de se combattre, les croyants des diverses religions apprennent à dialoguer, à se respecter et à travailler ensemble pour le bien commun et qu'ils transforment la foi en force de progrès... » La religion est la négation du progrès du genre humain. Ensuite, Tony B. illustre de manière flagrante sa naïveté à propos du « dialogue inter-religieux » ; nouvelle fumisterie. Devinette : quel « livre » « saint » ordonne plusieurs fois le choix entre la soumission par l'argent, la conversion ou la mort aux chrétiens, aux juifs, aux athées et aux apostats ? Dans quel pays d'Asie candidat à l'entrée en Europe s'est-il vendu 50 000 exemplaires de Mein Kampf en un temps record ? Quelle communauté religieuse croit au fondement historique du Protocole des sages de Sion ? Et on nous demanderait de dialoguer avec ces barbares barbus d'un autre temps, alors qu'ils ne peuvent renier les commandements écrits et soi-disant incréés ? Quelle religion a décimé les civilisations amérindiennes, pour un Eldorado fantasmé ? Quels sont ces adeptes capables de prendre différents couverts parce que la nourriture est elle aussi différente ? Peut-être ne savent-ils pas que ça finit de la même manière pour tout.

Le reste du témoignage n'est que balivernes sur une espérance qui relève de l'utopie pure et dure sur lequel je ne prendrai pas la peine de m'arrêter. En France, on possède les mêmes, comme Christine B., ministre des églis... du Logement, pardon. Et puis il ne faut pas oublier le Bisounours attitré, Xavier B., ministre du Travail et du Compas, franc-maçon de son état.

La religion est aliénation de l'esprit.

Je me permets une petite déviation sur la philosophie dans la religion. Saint Anselme a prouvé l'existence de Dieu ! Voici son raisonnement : si l'on se représente quelque chose de tel que rien ne peut être pensé de plus grand, il y aurait diminution pour l'être qui ne serait que pensé sans exister, car l'être qui existe est plus grand que l'être qui n'est que pensé. Donc Dieu existe. Convaincu ? C'est ce que l'on appelle la preuve ontologique (ontologie : science de l'être) de Saint Anselme. Kant réfutera, en faisant simple, que l'existence n'est pas prouvable par le raisonnement, mais éprouvable dans l'expérience. Essayez donc de démontrer à l'aide du raisonnement seul que vous existez. Difficile, n'est-ce pas ? Cela ne veut pas dire que vous n'existez pas, mais que l'existence n'est pas de l'ordre de la preuve.
(J'ai paraphrasé La philosophie pour les nuls, pour ce dernier paragraphe.)

vendredi 25 juillet 2008

25 ans.
Et paf ! Le quart de siècle.
Et optionnellement, mon 9 132e jour sur Terre.
Et si vous voulez savoir, le 10 décembre 2010 sera, a priori, mon 10 000e jour sur Terre.
Rendez-vous pour le tiers de siècle (le 30 novembre 2016, pour les curieux) !

jeudi 24 juillet 2008

Tous les étés c'est la même rengaine : quand la population est en vacances, avec le cerveau ramolli par la chaleur, on se sent moins concerné par ce que mijote le gouvernement. Or cette fois cela a attrait aux heures supplémentaires. Dorénavant il sera possible à l'employeur d'imposer sans négociation aucune plus de 405 heures supplémentaires par an, en lieu et place de ce que la législation fixait (220 h/an, moins pour certaines branches). Pour cela, il ne sera plus nécessaire de demander l'autorisation à l'inspection du travail.

Mais, attention ! Il ne sera pas possible de travailler plus de 48 heures par semaine. Oh oui ! la valeur travail ramenée à celle de la Grande-Bretagne et des Zétazunis va plaire à quelques-uns. Il faut vraiment être seul pour ne penser qu'à son travail. Tout ceci n'est qu'une étape vers le monde (du travail) à la japonaise : dormir dans ses locaux, tenter de procréer le week-end, se saoûler tous les soirs, se zombifier devant la téloche, avoir des amis sur MySpace, faire ses courses à partir de son ordinateur, voir ses gamins le matin en les emmenant à l'école, engloutir des plats préparés, un monde minimaliste électronique.

C'est bêêête, hein ?

mercredi 23 juillet 2008

Je suis bien triste que Matmatah se dissolve ainsi.
La première fois que j'en ai entendu parler, ce fut au lycée Thépot, en seconde.
- Quoi ? Tu connais pas Matmatah ??
Non, désolé, ma culture musicale de l'époque se réduisait à Céline Dion, les Cranberries et Daniel Balavoine (rayez la mention inutile).
Depuis, ça s'est arrangé de ce côté-là, rassurez-vous. Je suis resté fidèle au premier album, fruit d'une succession de concerts et de textes savamment rédigés. L'Apologie, Lambé an Dro, Les moutons sont autant de chansons qui m'ont marqué, surtout en soirée.
Mais j'avais fait malgré moi connaissance avec le groupe avant le lycée. Dès la sixième, à vrai dire ; la mère du chanteur (je crois que c'était celle du chanteur) était professeur d'anglais à Max Jacob. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle paraissait énervée ; probablement dû aux débuts de son fiston.

L'alcool et le tabac ont le droit de tuer
Car aux comptes de l'état apportent leurs deniers
Messieurs dames mourrez donc d'alcool et de fumée
La patente est payée, la mort autorisée.

mardi 22 juillet 2008

Petits croquembouches

Croque-mort est un métier d'avenir.
Le croque-mitaine ne terrifie que les mouflets.
Les larmes de crocodiles sont à la croque au sel.
Un œuf au plat et le croque-Monsieur change de sexe.
Faire un croc-en-jambe à un cul-de-jatte est un dessein cacochyme.

lundi 21 juillet 2008

Money - Pink Floyd

Money, get away.
Get a good job with good pay and you're okay.
Money, it's a gas.
Grab that cash with both hands and make a stash.
New car, caviar, four star daydream,
Think I'll buy me a football team.

Money, get back.
I'm all right Jack keep your hands off of my stack.
Money, it's a hit.
Don't give me that do goody good bullshit.
I'm in the high-fidelity first class travelling set
And I think I need a Lear jet.

Money, it's a crime.
Share it fairly but don't take a slice of my pie.
Money, so they say
Is the root of all evil today.
But if you ask for a raise it's no surprise that they're
Giving none away.

Huhuh ! I was in the right !
Yes, absolutely in the right !
I certainly was in the right !
You was definitely in the right. That geezer was cruising for a
Bruising !
Yeah !
Why does anyone do anything ?
I don't know, I was really drunk at the time !
I was just telling him, he could'nt get into number 2. He was asking
Why he wasn't coming up on freely, after I was yelling and
Screaming and telling him why he was'nt coming up on freely.
It came as a heavy blow, but we sorted the matter out.

dimanche 20 juillet 2008

*Toc toc* *wouiiiizzz*
Ok, ça marche. Je n'ai pas beaucoup de temps, alors j'irai à l'essentiel : les jeux de grattage, le loto, les casinos, tout ça c'est truqué. Ils vous font miroiter des sommes extravagantes capables d'être gagnées en un claquement de doigt, mais ce n'est que foutaises. Ils savent que c'est truqué, bon sang ! Ne vous laissez pas embobiner ! L'argent ne fait pas tout !
Merde...
*bom bom bom*

*bom bom bom*
Attrapez-moi ce fumier ! Ne le laissez pas s'échapper !! Et coupez-moi ce micro, bord
*piouuut*

Money ! Get away...

samedi 19 juillet 2008

Le poker est actuellement le jeu de cartes le plus prisé du moment.
Il est à son échelle le modèle économique d'aujourd'hui, à coup de bluff et de désastre économique. On parie avec des moyens que l'on ne possède pas, et soit l'on gagne, soit l'on perd. Et plus on grimpe, et plus ce sont les faibles qui sont ruinés.
C'est un jeu, dit-on.
Comme les échecs, un jeu de guerre miniature. Ou le jeu de dames, un jeu de crêpage de chignons miniature. Ou celui des quatre chevaux, une course sous stéroïdes. Oui oui, je me tais !
Et puis non ! Je n'me tairai pas !
Les jeux de société sont des jeux pour maintenir l'oppression des classes sociales ! A mort le bridge ! Vive le jeu de go ! A bas la Française des J... *ouizz crac boum*

Nous interrompons ce programme pour des raisons techniques. Veuillez nous en excuser. Nous interrompons...

vendredi 18 juillet 2008

La mousse au chocolat

Qu'est-ce qui fait grossir ? La mousse au chocolat ?? Pfff, tu rigoles...

La mousse au chocolat (ici surnommée Sultane)

Préparation : 30 min

Ingrédients (pour 6 personnes) :

- 200 g de chocolat noir
- 5 œufs
- 100 g de sucre poudre
- 2 cuillères à soupe de rhum (ou 4 de café)
- 20 cl de crème fraîche liquide
- 60 g de beurre

Préparation :

- Faire fondre le chocolat dans un grand plat (très rapide au micro-ondes, avec 3 cuillères à soupe d'eau.
- Fouetter le beurre avec 50 g de sucre (robot ménager avec batteurs si possible -> mélange blanc et mousseux) et ajouter au chocolat fondu.
- Fouetter les jaunes d'œufs avec les 50 g de sucre restants (obtention d'un mélange blanc et mousseux) et ajouter au plat.
- Ajouter le rhum ou le café.
- Incorporer sans les casser les blanc d'œufs battus en neige (avec 1 pincée de sel, ils montent mieux).
- Incorporer la crème fraîche fouettée (mettre le saladier et la crème 20 mn avant au congélateur permet de la réussir facilement).
- Faire prendre au réfrigérateur 6 h minimum (dans des coupes individuelles si possible).
(Source : marmiton.org)


Hum, bon. C'est vrai que le blanc d'œuf (cinq blancs ? Outch !) et le beurre (60 grammes ? Aïe !), en n'oubliant pas la crème fraîche, on ne l'élimine pas vite... Mais le bon chocolat noir veille !

jeudi 17 juillet 2008

Rien

Rien.

Il est bizarrement formulé ce mot, pour désigner cette chose qui n'en est pas une. Comment en est-on arrivé à désigner rien par rien ? Comment en suis-je arrivé à évoquer ce rien qui devrait tout annihiler, semblable au zéro ? Comment même l'idée du rien a pu émerger ?

La Nature et l'Homme n'aiment pas le vide, n'aiment pas qu'il existe un rien. Alors il faut combler. Ce damné chaînon manquant...

Le rien fuit dès qu'il sent quelque chose. Il ne disparaît pas, il est remplacé par ce quelque chose. La mémoire procède de cette façon. La mémoire collective également ; certains deviennent tellement obsédés par ce rien qu'ils en deviennent historiens... C'est dire !

Cependant le rien désigne quelque chose : lui-même. Oui, rien se mord la queue. Rien est plus qu'un cycle, plus qu'un cercle ; il est Ouroboros qui a fini de se dévorer.

Le fait d'écrire que la mine de mon stylo-bille délivre l'encre par les pressions qu'impriment mes doigts, selon l'apprentissage dactylographié de l'école, et qu'au fur et à mesure que ces traces bleues coupent et recoupent les lignes des feuilles à petits carreaux que j'utilise, permet de vous faire comprendre maladroitement la mise en abyme suivante, qui consiste à lire ce que j'ai fait en écrivant que j'écrivais, et qui ne consistait en rien.

Le rien n'amène à rien. Ou si vous préférez, le rien amène à rien.

Rien est une chose pure, car il ne se compose que de lui-même. Mais en acceptant cette formule, vous admettez que le rien existe. Or puisqu'il ne se compose que de lui-même, c'est-à-dire rien, il n'existe pas. Il est plutôt paradoxal, ce rien, et passablement égocentrique ; il ramène tout à lui. Mais alors, comment le définir ? A quoi le comparer, puisqu'il n'est rien ? Pour une comparaison, on doit être un minimum de deux, n'est-ce pas ? Rien à faire, le bonhomme n'est pas docile.

Rien n'est plus intéressant que rien ; rien commence. Rien aspire ; tout, se dégonfle.

Au pays du fromage fondu

Pour appuyer ce que je disais deux jours plus tôt, à propos de la mozzarelle.

Le Canard enchaîné
, édition du 16 juillet 2008
Tous droits réservés.
Rubrique «
Conflit de canard »

Comment transformer une citrouille en carrosse ? Prenez de la vieille mozzarella, du beurre périmé, du gorgonzola ou du fromage à tartiner hors d'âge, laissez-y les crottes de souris et autres vers qui s'y abritent, chauffez le tout, et vous avez un magnifique fromage fondu tout neuf prêt à être vendu en lamelles, dés ou râpé. Le quotidien italien « La Repubblica » a révélé l'affaire le 4 juillet. Deux ans durant, 11 000 tonnes de fromages pourris ont ainsi été « retapées » par un entrepreneur sicilien pour être revendues à de gros fromagers européens. Parmi lesquels Galbani, numéro un du fromage en Italie, avalé en mai 2006 par le français Lactalis. Mais voilà qu'en novembre de cette même année, à la suite d'un banal contrôle routier, un camion rempli de fromages en putréfaction amène la justice italienne à s'intéresser à cette « Gorgonzola Connection ». Illico presto, Lactalis ordonne à sa filiale Galbani de ne plus mettre dans son fromage fondu les frometons recyclés par le margoulin sicilien.

Le ministère français de l'Agriculture, qui voulait s'assurer que du fromage pourri n'avait pas traversé la frontière, s'est fait claquer la porte au nez par les Italiens, soudain très à cheval sur le secret de l'instruction. Et c'est sans doute pour le protéger qu'ils n'ont prévenu aucun de leurs voisins lorsqu'ils ont découvert le pot aux roses.

Mais au fait... comment ça se fabrique, le fromage fondu (chaque Français en mange quand même 1,2 kilo par an) ? Le texte qui encadre le fromage fondu est mince comme une croûte de comté. Chez Lactalis, où l'on fabrique 30 000 tonnes de fondu par an, à l'usine de Lons-le-Saunier, on mélange du lait en poudre (un tiers), du beurre italien (un tiers) et du cheddar lituanien (un tiers). Agrémenté à l'occasion de fromages invendus que l'on « réincorpore » de façon « très nettement marginale », affirme la dircom' de Lactalis. Pour l'essentiel, de la mozzarella
made in Lactalis que le groupe récupère sur les points de vente dès qu'elle flirte avec la date de péremption, mais « toujours avant cette date », précise le dircom'. Interrogé sur cette façon de faire, le syndicat des fondeurs de fromage se pince le nez, en ajoutant que Lactalis ne fait pas partie de ses adhérents. Pourtant, voilà une pratique de recyclage parfaitement grenello-compatible !


Dès qu'on lit « entrepreneur sicilien », j'imagine qu'il faut comprendre « entrepreneur familial sicilien ».

mercredi 16 juillet 2008

Appel à témoignages - Le Monde

La droite a-t-elle gagné la bataille idéologique ?
LEMONDE.FR | 14.07.08 | 17h53 • Mis à jour le 14.07.08 | 18h04

La succession de réformes menées depuis un an par le gouvernement – service minimum, retraites, justice, sécurité – n'a pas soulevé d'opposition audible. Pour l'UMP, c'est le signe que la droite a gagné la bataille idéologique sur une gauche au programme peu lisible. "Nos idées et nos principes sont acceptés par les Français", clame Patrick Devedjian, le secrétaire général de l'UMP. Pensez-vous que la majorité a réussi à imposer ses valeurs ?
Répondre en 1 500 signes, au maximum.


Titre : Raisonnement prématuré... ?

Je trouve ce raisonnement extrêmement prématuré, d'une part, et symptomatique d'une idéologie qui cherche à se prévaloir par-dessus les autres en usant sans vergogne des pouvoirs extraordinaires que les Français (une partie d'entre eux ; à quand la reconnaissance du vote blanc ?) ont, au terme d'une campagne présidentielle aux relents parfois nauséabonds (que d'obstacles au second tour pour un débat Royal-Bayrou !), bien voulu leur prêter, d'autre part.

Il ne faut pas oublier de rappeler les fortes collusions entre les sommets des médias (en particulier les chaînes de télévision, mais les journaux ne sont pas en reste) et la tête de l'État ; cela peut sembler éculé de le souligner. Mais la volonté de faire nommer le patron de la télévision publique par le président lui-même est dans cet ordre de logique de la droite (le modèle opérant en Italie, actuellement...).

Lorsque l'on a de ce fait une opposition aussi catastrophique, accentué par l'émergence du parti anticapitaliste (ce parti qui, par son existence même offre un luisant plus prononcé à l'UMP, puisque s'opposant à son idéologie !), on n'est qu'un peu éberlué d'une telle déclaration de Devedjian.

Une idéologie ne reste jamais vraiment longtemps en place, il existe toujours une réaction épidermique, politique et philosophique ; cependant la mollesse de l'opposition combinée à l'assoupissement de la population par ce confort durable symbolisé par la télévision, m'amène à craindre une ère pénible. Me trompé-je ? J'espère.

(Un peu hors-sujet...)

mardi 15 juillet 2008

Les premiers chatons sont tombés dans le jardin. Suivront les bogues, et les fruits qu'elles contiennent. Si les châtaignes passent l'hiver, elles germeront et donneront des plants. Les autres pourriront, se décomposeront, nourriront les détritivores et à terme les arbres qui leur auront données une chance de voir le jour.

Un atome de carbone que contenait le brugnon que je viens d'ingérer a pu provenir d'un orteil de brontosaure. Ou s'être échappé du cadavre de François Ier. Ou d'une mandarine. Ou d'un diamant, peu importe. C'est un cycle éternel. Ceux qui dénoncent les repas de cantine par cette sentence « C'est de la merde ! » n'ont pas tort, au fond. Ce sont des excréments recyclés, dans notre assiette.

Mais ce n'est pas une raison pour accepter que l'on mélange de la mozzarelle avec des vers, des crottes de souris et/ou du fromage avarié. Si cela ne tenait qu'à moi, je les condamnerai pour crime contre l'humanité.

lundi 14 juillet 2008

J'ai le même âge qu'aujourd'hui. Il y a beaucoup de monde, autour de moi. Nous sommes assemblés à la sortie du rond-point de Lududu, en direction du pont de Poulguinan. Je n'ai plus de souvenirs de ce qui s'est passé juste avant, mais j'ai le sentiment de sortir d'un affrontement, ou d'une sérieuse empoignade.

Quelqu'un indique au sol d'étranges cercles noirs. Ils sont regroupés par lots de trois : un cercle d'un diamètre d'un mètre cinquante environ, et les deux autres bien plus petits mais pas de surfaces identiques. Je regarde la route et j'aperçois au loin d'autres ensembles. Dans la lumière jaune des lampadaires, la chaussée, blafarde, déroule ses vertèbres signalétiques et ses nouvelles taches de vieillesse.

Nous nous mettons à marcher en direction du pont ; j'avance sur le trottoir en longeant la haute haie noire de conifères. Et j'observe ces étranges ronds d'un noir mat, d'un noir de bâche en plastique ; impression confirmée lorsqu'un individu, inconscient ou téméraire, foule un cercle : la matière réagit à l'instar d'un trampoline, épaisse, tendue ; elle vibre comme si elle avait créé un vide sous elle.

Le virage à droite débouche sur le pont qui traverse l'Odet. D'en haut, il m'est permis de voir d'autres cercles noirs sur l'eau ; c'est marée haute. Cependant, ces cercles-là ne sont pas affectés par le courant. Je n'ai pas le temps de le montrer.

dimanche 13 juillet 2008

Ce matin je me suis levé en sursaut et en sueur. J'ai regardé mes mains : on aurait dit que je les avais trempées dans un seau de sang.
Non. De sève ; hier j'ai tondu la pelouse... Pardonnez-moi !
Cette odeur de végétation découpée... Écœurante.

samedi 12 juillet 2008

Je suis plus jeune qu'aujourd'hui. Je porte un pyjama noir et un tee-shirt blanc. Je marche avec quelque chose sous mon bras droit, sur la route de Quimper, à la sortie de Plugu'. Il fait nuit, pas noir, la lumière et le temps ont suspendu leur envol et se seraient figés sur toute chose. Le ciel est d'un bleu très profond - pas noir, j'insiste - un bleu abyssal.

J'arrive au premier embranchement ; à droite une vieille route qui mène au camp des gens du voyage. Ce chemin, cerné d'arbres et de végétation dense de fougères, graminées et autres fleurs d'été, endormis, se situe au commencement du long faux-plat montant de la route de Quimper. A ma gauche n'existe pas encore le nouveau quartier, c'est toujours les deux terrains bombés, séparés par une grande rangée de hauts châtaigniers, coincée dans un repli qui descend, dans une courbe, en pointant vers le nord.

Je suis là, et au loin sort de la ville une voiture pleins phares. Je suis pris de peur ; je me précipite sur la route cabossée pour me mettre à l'abri ; je ne porte que des chaussettes. Sous mes pas miraculeusement épargnés par les gravillons succède au bitume une terre meuble tapissée de feuilles. Je ne me suis pas caché derrière un tronc, je pense que je suis allé assez loin, malgré mon tee-shirt bien trop visible. La lumière flagelle les arbres épais à la vitesse du véhicule, puis laisse de nouveau place au silence et à l'obscurité nocturnes.

Je marche jusque la route départementale, enjambe le fossé, descend un peu en suivant le talus végétal sur ma gauche. Les gigantesques troncs sont sensiblement penchés ves l'abîme, mais tiennent bon ; leurs racines sont étendues, sous terre, et puissantes, assurant un ancrage solide. Cette atmosphère des profondeurs n'est pas hostile, mais elle inquiète ou, plus précisément, elle angoisse, elle serre le cœur doucement.

Je grimpe sur le talus, et quelle n'est pas ma surprise de voir un mur de briques, d'une hauteur de cinq mètres (malgré la pénombre, bizarrement j'arrive à estimer la hauteur), appuyé de tout son long sur les arbres, dans une forme qui me rappelle alors une voile gonflée par le vent et malgré ça empêchée de se déchirer par les coutures de la toile, tellement le souffle est fort. Je suis devant la première colonne de briques, pas vraiment droite et qui s'appuie sur un tronc. J'appose la main et pousse légèrement le mur en arrière, tentative puérile de remettre l'édifice en place. Mais le mur réagit immédiatement : par une réaction en chaîne, la première colonne entraîne les autres à retrouver une droiture nouvelle ! Le mur redevient un mur. Pas impressioné pour un sou, j'exerce une pression sur l'autre face, et par le même engrenage, le mur retrouve le relief joufflu d'une voile tendu.

Je descends du talus et continue ma petite randonnée. Plus haut sur la route, passe une autre voiture qui éclaire le bas-côté. Je rencontre soudain un petit être que je suis incapable de vous décrire, mis à part sa taille qui ne dépasse pas mes genoux. Il s'empare de l'objet caché sous mon bras, paraît content et me lance avec une voix que je suis là aussi bien incapable de décrire :
- Et si on allait leur couper sept doigts ? Sept doigts, je trouve que c'est un bon nombre.
Je lui réponds, presque en jubilant :
- Non, on n'a qu'à leur en couper cinq, seulement. Mais comme ça, on leur coupe la main en même temps !
L'autre réfléchit un instant, puis accepte avec enthousiasme.

Il m'entraîne par-dessus le talus, à travers une ouverture. L'autre champ est une parcelle où croît du maïs, qui n'en est encore qu'au stade de jeune pousse. Je jette un œil en arrière et remarque sur la pente de l'autre terrain des rangées de jeunes conifères, taillés comme des sapins de Noël, et dont je n'aperçois leurs formes que par leurs contours éclairés par je ne sais quel point lumineux invisible.

Je gambade dans le champ, sans me soucier d'écraser les plants, suivant l'étrange petit être que je sens plus en moi que je ne le vois. Nous rejoignons une étrange chose : un tronc rongé par le temps et les insectes, blanc comme la vieillesse, pointu et couvert d'échardes, des branchages faisant office de bras maigres et de jambes décharnées. Il luisait, ou bien il réfléchissait une lumière intérieure, ce qui lui conférait une présence à la fois dérangeante et plaisante. Et il marchait.

Nous lui avions emboîté le pas et tournions vers la droite dans une certaine direction, lorsque tout s'évanouit.

[L'objet en question semblait être un livre, mais vu que je ne suis pas certain, je préfère m'en tenir à objet.]

vendredi 11 juillet 2008

Pense-bête

- Ne pas oublier de respirer ;
- Ne pas oublier de penser ;
- Ne pas oublier d'oublier ;
- Ne pas oublier.

jeudi 10 juillet 2008

Deux semaines et demi de paix qui vont incessamment sous peu s'achever. Mes vieux (affectif ;o) ) reviennent ce soir. J'ai hâte (façon de parler) d'entendre mon papa s'exclamer devant la jungle qu'est devenu le jardin, devant. Sinon, pour le reste, la maison tient encore debout. Alors, j'assure, non ?
Vivement que j'emménage.

MàJ : un sursis ! En fait c'est demain après-midi.

mercredi 9 juillet 2008

J'ai la petite idée suivante : le fordisme a instauré la mécanisation des humains dans la productivité, et je crois qu'elle permettra l'avènement de l'humain cyborg. J'ai beau aimer Asimov et Masamune Shirow, je ne veux pas de cette étape.
Je peux concevoir qu'un couple désire d'un enfant alors que la femme ne puisse en porter un, et ait recours à une femme tierce pour l'amener à la vie ; considérer un amélioration de l'être humain un implant électronique (attention, je dis bien ajout, et non remplacement. Se faire greffer dans l'oreille un appareil permettant de recouvrir une partie de l'ouïe, sur ce genre de point, j'approuve.) est une erreur. Pour trois raisons : primo, c'est un corps étranger ; deuzio, ce n'est pas de la matière vivante ; tercio, vous êtes dépendant d'autrui, puisque vous n'en êtes pas le créateur.
J'adore Ghost in the Shell, mais j'espère réellement ne jamais vivre dans une époque que le manga dévoile.

mardi 8 juillet 2008

Voici, pour mon ami K. le S. des A., un passage gratiné d'un livre sur le Québec, puisque Môssieur a eu la chance d'y faire un (trop) court séjour, dernièrement. Je dois dire que ça tombe à propos, puisque je me suis attelé à un article d'une brochure traitant de l'histoire et de la langue québécoises.

Un sacré langage

Qu'est-ce qu'un « sacre » ? C'est un blasphème ordinaire, lancé sans aucune intention sacrilège. Dans la langue des quartiers populaires, il renforce la pensée. Il est toujours tiré du vocabulaire de l'Église et met bizarrement en situation le tabernacle, le calice, le ciboire, l'hostie, etc. Ces mots prononcés sur un mode fortement exclamatif : « Tabarnak ! Kâliss ! Cibouère ! Stie ! » servent à manifester la colère, l'étonnement, la réprobation ou simplement à mieux scander les phrases les plus anodines, qui s'agrémentent ainsi de « Sakramant !, Calvaère !, Batème ! » quand ce n'est pas du nom du Sauveur lui-même, prononcé « Kriss ! » et devenu un bien commode mot-outil. Comme d'autres « sacres » usuels, il se décline, se conjugue ; ainsi « se mettre en krisse », c'est se mettre en colère, « krisser son camp », c'est s'en aller, « décocrisser », défaire, etc. Les variantes supplétives sont nombreuses : « Câline ! », « Batèche ! », « Tabarouette ! », « Tabarnouche ! », « Cibole ! » et autres formes décentes. Comme l'écrit Gérard Bessette dans Le Semestre, « il me reste au moins ça d'incontestablement québécois : sacrer - quand je suis en brosse ou maudit, le joual revient au galop ».

Au Québec, Guides Visa, Hachette, 1995

lundi 7 juillet 2008

Vraiment, c'est un des moments que j'aime : écouter le son de la pluie, accompagné de rafales de vent, qui tambourine le toit, le tout en plein milieu de la nuit. Fermer les yeux ou non ne modifie pas le tréfonds sensationnel de l'expérience.
Ajoutez à cela un feu de cheminée dont les braises rougeoient au fond du foyer, la lumière dansant sur votre visage pensif, bien installé dans un fauteuil rembourré... Pour paraître moins égoïste, nous nous faisons rejoindre par le partenaire de notre vie.
Une variante consiste en lieu et place d'un fauteuil dirigé vers une cheminée un lit dans lequel nous serions allongés, la tête reposant dans les mains croisées, l'esprit voguant sur des mers personnelles.
Chaque goutte nous parle ; chaque goutte possède sa voix, unique ; une pluie est un chœur de gouttes, qui vient et qui s'en va, qui monte et qui descend, qui s'abat et qui s'ébat. Chaque pluie joue sa partition, c'est une symphonie que l'on n'entendra plus, par la suite. C'est un cadeau des nuages. La raison pour laquelle j'écoute attentivement.
Bercer est leur nature ; voilà pourquoi la pluie est bienfaitrice, voilà pourquoi l'eau est synonyme de vie.

dimanche 6 juillet 2008

Il colle tellement à l'identité française qu'il en est devenu un symbole.
Super-Dupont y consacre une de ses aventures.
Il a reçu l'appellation d'origine contrôlée en 1983 (excellente année, au demeurant).
C'est ?...
Le camembert ! Un de mes amis les plus chers ! :'o)
(Il est Normand... Personne n'est parfait.)
*

Je t'ai trahi, mon ami. Je t'ai préféré le Brie et le Coulommiers, parce que sincèrement, ta pâte pasteurisée, ce n'est plus ce que c'était !... Même les mouches ne te reconnaissent plus ! Où est passé ton fumet ?
*

Tu as raison de tonner ainsi : l'emmental également, a perdu de sa superbe. Les Suisses ont modifié génétiquement les vaches, les voilà qui produisent directement le fromage. Dans quel monde vit-on ?...
*

Ton cousin du Nouveau Monde, qu'est-ce qu'il peut me faire pitié avec son teint jaune maladif ! Le cheddar n'est-il pas enfin la concrétisation de ce qu'on appelle le lait de poule ? Pauvres de nous.

samedi 5 juillet 2008

Je dois rendre un hommage au Risk. Ce jeu de plateau représentant la carte du monde, divisée en pays plus ou moins conformes à la réalité, nous a donné tellement de plaisir pendant les trois années de fac que je ne pouvais simplement pas passer à côté.
Le but est de conquérir les continents qui vous sont demandés de contrôler. Ou alors de liquider une couleur de pions précise. Le jeu conserve une grande part de hasard, puisque les combats se font au jet de dés. Et le plus intéressant, c'est de lire l'évolution du camp de chaque joueur ; on en apprend pas mal sur eux... Bien sûr, des tensions apparurent inévitablement lors de parties, qui devinrent des enjeux créés ex nihilo !
Le seul auquel je n'ai pas encore goûté est celui du Seigneur des Anneaux. Ceux que je préférais furent la carte de l'Europe pour l'édition Napoléon (avec son extension) et la seconde édition de la carte du monde.
On va encore dire que les étudiants en fac glandouillent à longueur de temps ; ce n'est pas tout à fait vrai, on apprenait la diplomatie et les relations secrètes...

vendredi 4 juillet 2008

Roger passait l'aspirateur dans sa demeure. Les couloirs, les chambres, le salon, rien ne résistait à l'avale-tout, même les éclats de yaourt durcis à côté de la poubelle. Ne nécessitait seulement que le passage dans la salle de bain pour achever le Tour de la Maison.
Les gonds couinent, la machine apparaît dans l'embrasure avec sa bouche aspirante et gourmande, l'interrupteur clape et les filaments deviennent incandescents. Roger scrute le carrelage blanc et luisant, détecte quelques-uns de ses cheveux qui ont chus de son crâne, n'éprouve aucune pitié.
Soudain, une araignée qui a tissé sa toile entre un flacon de javel et un chiffon à l'abandon, brandit deux pattes en avant, dans une tentative désespérée d'intercession. Intrigué, Roger stoppe la machine hurlante.
- Merci, être humain ! piaille la petite bête.
- Vous parlez, en plus ? s'écrie Roger.
- Attendez, attendez ! L'araignée se positionne sur ses quatre pattes arrières.
- Oui, j'attends que vous partiez de la maison, parce que vous êtes répugnant et bizarre, et tout ce qui est répugnant et bizarre, je l'écrase ! Surtout un insecte !
- (Je ne suis pas un insecte !) Un instant, oui ! Je vous explique d'abord quelque chose - ce sera très rapide - ensuite je m'en vais.
- D'accord. Je vous écoute, consent Roger.
- Ma famille et moi-même mangeons les moustiques qui vrombissent devant vos canaux auditifs, la nuit...
- Pour ça, vous n'êtes pas très efficaces... Une minute, vous avez dit famille ?
- C'est une façon de parler... Et les moustiques qui vous perturbent sont les rares qui ont feinté nos toiles... Tous les insectes volants et beaucoup de rampants représentent nos proies, notre survie, vos préoccupations. Si vous nous exterminez, qui nous remplacera ?
- Les oiseaux. Plus mignons que vous, aucun doute là-dessus ! rétorque distraitement Roger.
- Les oiseaux se mangent aussi les uns les autres... Nous souhaitons un peu plus de clémence à notre égard ; en contrepartie nous nous ferons plus discrètes et efficaces.
- Ça va, merci. Filez, maintenant, grogne le mammifère. Et sourit de son jeu de mots involontaire.
- Au nom des miens, je vous remercie.
L'araignée effectue une courbette, et de ses huit pattes prend le chemin de l'aération du plafond. A terre, Roger appuie sur le bouton. L'engin reprend vie, qui tire sur son câble électrique. Le tuyau pris en pogne, l'homme lève les yeux sur le mur et aperçoit un point noir, mobile par huit tiges articulées.
Dans le vacarme d'un aspirateur, accru par l'exiguïté de la pièce, personne ne vous entend crier.

jeudi 3 juillet 2008

Les publicités pour vendre des voitures me chagrinent, plus précisément celles tirant sur la corde écologique. C'est une hypocrisie tellement énorme, évidente qu'elle passe inaperçue. En quelle façon une voiture actuelle peut-elle être écologique ? Moins de CO2 ? Allons, il y a d'autres particules bien plus insidieuses (CO : monoxyde de carbone ; O3 : ozone) que l'on évoque peu, et ô combien redoutables pour la santé. Ils utilisent la même technique que pour la cigarette dite « light » ; plus de consommation pour autant d'effet.
Le bio-éthanol est une vaste blague : pour un litre de ce liquide, vous avez besoin d'un litre de gazole pour le produire. On a autre chose à consacrer aux terres arables (dont la superficie diminue de plusieurs dizaines de milliers d'hectares par an, sinon plus) que du soja ou je ne sais quoi d'autre.
Pourquoi existe-il autant de freins à l'autonomie énergétique ? Les entreprises concernées immédiatement par le profit dans ce secteur économique sont-elles si puissamment à l'œuvre ? Cela se joue-t-il aussi à l'échelle diplomatique ? L'Europe n'est-elle finalement qu'une couillonnade où se sont infiltrées les sus-dites entreprises ? Veulent-elles nous voir continuer à crever de maladies directement liées à ces activités ? Le prochain X-Files va-t-il enfin tout nous révéler ?
Je m'aperçois que mon coup de gueule est parti comme une fusée d'artifice, et a éclaté en vol un peu n'importe où...

mercredi 2 juillet 2008

Vous jubileriez devant des monstres de la nature ?
Tellement haut, tellement lourd, tellement vieux ?
Les séquoias d'Amérique du Nord sont faits pour vous !
Plus de 100 mètres. Plus de dix fois le poids de la baleine blanche. Plus de 3 000 années au compteur.
Il y a de quoi vous rendre humble. C'est tout simplement le plus grand être vivant de la planète.

mardi 1 juillet 2008

Qu'est-ce que je disais ? L'hiver arrive !
J'ai beau apercevoir quelques papillons se balader, des feuilles tombent déjà des arbres !
Et des châtaignes fin juillet ?
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)