Tous droits réservés.
B. Th.
Enfin une bonne nouvelle. Notre Occident chrétien s'est conduit au cours des siècles comme un ramassis de salopards. Mais les autres n'ont pas fait mieux. Prenez l'esclavage. Certes, nous avons à notre actif dans les 12 millions de têtes de bétail humain déportées vers les Caraïbes et l'Amérique. Mais les Arabes, du VIIe siècle au XXe, peuvent compter de 15 à 17 millions de victimes arrachées, elles aussi, à la Guinée, au Congo, à l'Angola. Des pays increvables. Et ils ne s'en vantent pas. Au Caire existait même depuis le Moyen Âge un syndicat des négriers, chargé de planifier les commandes des États musulmans : car le Coran n'encourage pas l'esclavage. Mais il l'autorise. Et même il légifère sur sa pratique. A condition qu'il s'agisse de non-musulmans. Des roumis, par exemple. Les spécialistes en ont recensé un bon million au fil des temps. Il convient de rajouter encore le trafic « interne », Noirs contre Noirs : environ 14 millions d'êtres.
Voilà ce que nous rappelle, sur Arte, le film d'Antoine Vitkine, « Esclaves oubliés », ce mardi 24, au cours d'une passionnante « Thema » consacrée aux « Tabous de l'esclavage ».
Entre les razzias opérées par les nomades au sud du Sahara qui ramenèrent 7 millions d'individus vers le Nord et le fructueux va-et-vient à travers la mer Rouge en direction du Caire, de Bagdad, de La Mecque, d'Istanbul, dont Zanzibar demeure le plus fastueux témoin, le bois d'ébène resta pendant des siècles la plus rentable industrie d'Afrique. Pertes : de 20 à 80 %. Si bien que, des négriers nantais au sultan de Zanzibar qui employait 100 000 esclaves dans ses seules plantations de clous de girofle, il n'y a pas les méchants d'un côté, les bons de l'autre : tout le monde a fait du business. A cette différence près, remarque Tidiane N'Diaye, économiste à l'Insee, que, maintenant, « on s'entend bien avec les Arabes. Alors, on préfère ne pas rouvrir avec eux des pages douloureuses. »
Second document, dû à Sophie Jeaneau et Anna Kwak. Il nous montre, dans la Mauritanie d'aujourd'hui, l'ambiguïté qui demeure gravée au cœur des anciennes victimes. A Nouakchott, le gouvernement a fait voter des lois contre l'esclavage : par prudence, dirait-on, puisque l'esclavage a été aboli trois fois dans ce pays musulman : en 1905, du temps des Français, en 1960, lors de l'indépendance, en 1980 par le pouvoir militaire. Le crime est, en principe, passible des travaux forcés. Mais dans la brousse, sitôt sorti de la capitale, on plonge dans un autre siècle. Tout ce qui naît avec une peau claire descend des Maures razzieurs d'autrefois et fait partie des maîtres. Ceux qui ont une peau foncée sont esclaves. Mektoub, c'est ainsi. Et nous embarquons dans un pick-up avec un membre de la commission nationale des Droits de l'homme, une militante de SOS-Esclaves et Bilal, un esclave évadé qui veut délivrer sa sœur, retenue sous une tente par un maître qui lui a fait deux enfants, sans même subvenir à leurs besoins.
Nous voilà pris au piège de la réalité. Comment les préfets de région appliquent la loi à reculons. Comment le gendarme se retrouve déchiré entre le poids des traditions et son sens du devoir. Comment la sœur elle-même, Habbi, qu'ils finissent par retrouver, se débat, en pleine crise d'hystérie, jure qu'elle n'est l'esclave que de Dieu, refuse d'abord de se laisser emmener, dans ce qu'elle prend pour un enlèvement, vers une autre vie dont elle ignore tout et qui lui fait peur...
C'est escarpé, ardu, difficile, le chemin vers la démocratie...
Voilà ce que nous rappelle, sur Arte, le film d'Antoine Vitkine, « Esclaves oubliés », ce mardi 24, au cours d'une passionnante « Thema » consacrée aux « Tabous de l'esclavage ».
Entre les razzias opérées par les nomades au sud du Sahara qui ramenèrent 7 millions d'individus vers le Nord et le fructueux va-et-vient à travers la mer Rouge en direction du Caire, de Bagdad, de La Mecque, d'Istanbul, dont Zanzibar demeure le plus fastueux témoin, le bois d'ébène resta pendant des siècles la plus rentable industrie d'Afrique. Pertes : de 20 à 80 %. Si bien que, des négriers nantais au sultan de Zanzibar qui employait 100 000 esclaves dans ses seules plantations de clous de girofle, il n'y a pas les méchants d'un côté, les bons de l'autre : tout le monde a fait du business. A cette différence près, remarque Tidiane N'Diaye, économiste à l'Insee, que, maintenant, « on s'entend bien avec les Arabes. Alors, on préfère ne pas rouvrir avec eux des pages douloureuses. »
Second document, dû à Sophie Jeaneau et Anna Kwak. Il nous montre, dans la Mauritanie d'aujourd'hui, l'ambiguïté qui demeure gravée au cœur des anciennes victimes. A Nouakchott, le gouvernement a fait voter des lois contre l'esclavage : par prudence, dirait-on, puisque l'esclavage a été aboli trois fois dans ce pays musulman : en 1905, du temps des Français, en 1960, lors de l'indépendance, en 1980 par le pouvoir militaire. Le crime est, en principe, passible des travaux forcés. Mais dans la brousse, sitôt sorti de la capitale, on plonge dans un autre siècle. Tout ce qui naît avec une peau claire descend des Maures razzieurs d'autrefois et fait partie des maîtres. Ceux qui ont une peau foncée sont esclaves. Mektoub, c'est ainsi. Et nous embarquons dans un pick-up avec un membre de la commission nationale des Droits de l'homme, une militante de SOS-Esclaves et Bilal, un esclave évadé qui veut délivrer sa sœur, retenue sous une tente par un maître qui lui a fait deux enfants, sans même subvenir à leurs besoins.
Nous voilà pris au piège de la réalité. Comment les préfets de région appliquent la loi à reculons. Comment le gendarme se retrouve déchiré entre le poids des traditions et son sens du devoir. Comment la sœur elle-même, Habbi, qu'ils finissent par retrouver, se débat, en pleine crise d'hystérie, jure qu'elle n'est l'esclave que de Dieu, refuse d'abord de se laisser emmener, dans ce qu'elle prend pour un enlèvement, vers une autre vie dont elle ignore tout et qui lui fait peur...
C'est escarpé, ardu, difficile, le chemin vers la démocratie...
4 commentaires:
ça fait peur, très peur. Mais quelquefois, il est bon de se faire ouvrir les yeux de force, pour contempler au-delà de notre petite vie tranquille les affres et les douleurs d'un monde injuste.
Oui, tout à fait.
J'étais tombé sur le documentaire par hasard, et on en apprend des choses ! Comme quoi, le Mouvement des Indigènes de la République se base sur des demi-vérités. Et Pétré-Grenouilleau s'était fait insulté parce qu'il révélait des faits que certains ne voulaient pas reconnaître.
J'ai suivi le débat, qui suivait le docu', et là aussi, d'un grand intérêt.
On peut encore les trouver sur le site d'Arte. Ils laissent sept jours pour pouvoir visionner.
http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2075246,scheduleId=2064280.html
Enregistrer un commentaire