samedi 14 juin 2008

« Bonjour. Ce serait pour un retrait de [montant censuré pour ne pas traumatiser mes visiteurs aux porte-feuilles bien chargés]. »

Ma poche vibre. CLPS.

« Allô ? Oui, c'est bien moi. [...] Très bien. D'accord. Merci, et bonne journée. »

Mon rendez-vous de 10 heures est annulé.

Et votre serviteur qui sue comme un damné pour faire le trajet de la place de la Rési' jusqu'à Creac'h Gwen, rien que pour ce rendez-vous purement professionnel... Demi-tour par conséquent, sans oublier de prendre ma lecture politique de la semaine, en passant.

Allée de Locmaria. Les arbres offrent un rafraîchissement bienvenu sous ce ciel sans nuages. Au loin, sur la place de la Résistance stationne un car dont le gyrophare clignote... Une minute. Un car avec un gyrophare ? Sent pas bon, c't'affaire.

En effet, ça ne sent pas très bon... Quelque odeur plane qui surpasse celle des pots d'échappement mal contrôlés et d'huile de moteur de basse qualité... Elle me remet en mémoire des images de jeunesse de feu intense accompagné de grésillements, de pétouillis soudains, d'enfumage noirâtre tenace... Une senteur inoubliable, reconnaissable entre mille : celle du pneu brûlé.

Je me décale jusqu'à la rambarde et aperçoit au loin une épaisse fumée très sombre caractéristique, dégueulassant mes pauvres arbres. D'ici à ce qu'ils en allument un près de la cathédrale, les gars n'auront plus qu'à recommencer le blanchissement des tours !

Faut se rendre à l'évidence : ils ont remis ça. Qui ? dites-vous. Z'avez le choix entre : les routiers, les marins-pêcheurs (« 'Toute façon si j'descends, j'te mets un coup d'boule, alors ! »), les gens contre la fermeture de l'hôpital de Carhaix, les transsexuels de la gare, les avocats, les agriculteurs, les supporters de l'équipe de France de foutchebôl... (NdY : il s'avèrera qu'il s'agissait des Carhaisiens en colère ; à raison.)

Les poulets anti-émeutes (pas encore nettoyés à la javel) sont positionnés aux endroits stratégiques. Je traverse le fleuve par le pont et rejoint la rue du Parc. Le spectacle est saisissant : des voitures et des bus sont à l'arrêt sur la route, et personne au volant ! Au milieu des véhicules qui cuisent au soleil, je me demande où est-ce qu'ils s'en sont tous allés ; sorte de paysage à la Le Fléau de King ; l'incendie de pneus, deux cents mètres devant moi, lâche sa colonne bouffante à une hauteur impressionnante, entre les arbres et les immeubles. Des curieux, à distance prudente, attendent. D'autres trottent, pressés de s'éloigner.

De chaque côté du feu, se consumant au milieu de la chaussée, les antagonistes gardent le silence, tels des chiens de faïence. Une douzaine de manifestants minaudent à l'entrée de la rue Saint-François, peut-être une solution de fuite en cas de charge. Un barbu agite un drapeau gwen-ha-du. Une dizaine de casqués les surveillent, patientant, aux aguets. Ajoutée à l'action solaire, la chaleur dégagée par le foyer est insoutenable.

Affichant un visage et une attitude neutres (les fonctionnaires de police ne pèchent pas par manque de zèle à balancer des patates, peu importe sur qui), je m'engage rue Saint-François sans un regard en arrière. J'ai des billets pour Laval à prendre, moi.

Quoi ? Une grève de la SNCF ?!

(rédigé le 11/06/08)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Joli billet d'ambiance :oD Sandra

Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)