- Un rêve bizarre... Je n'arrive pas à le décoder, à en extraire le message.
- Racontez-le-moi, tout d'abord. Que je sache ce qu'il contient.
- Eh bien... Ça se passe en Antarctique. Comment je le sais, comment je peux différencier le pôle Nord et le pôle Sud, je n'en ai aucune idée, mais il n'y a aucun doute en moi, ça se passe en Antarctique. C'est l'été, aussi ; le ciel est bleu, très clair, il y a juste des nuages sur l'horizon, très loin ; le soleil éclaire tout ; la neige est omniprésente ; je sens qu'il fait très froid. Et dans le rêve, j'ai peur du froid. Quand on voyage là-bas, c'est quelque chose à prendre en compte, bien sûr, mais... j'ai peur du froid. Et plus je monte, plus j'ai peur du froid.
- Où montez-vous ?
- Oui, je ne l'ai pas encore dit. Je grimpe une montagne de l'Antarctique ; plus précisément, un volcan. Je sais que c'est un volcan parce que je le sens qui gronde et bouillonne en moi. C'est assez... étourdissant comme sensation, bien qu'elle ne vainc pas cette peur, qui me taraude sans cesse... Et je grimpe, et je marche, et j'avance dans cette neige que si peu d'hommes ont vu, ont même foulé... Parfois j'aperçois un escarpement de roche noire sur ma droite, qui tranche le blanc de la neige. C'est presque un point de repère, là-haut. Quand je regarde derrière moi, je vois l'étendue de neige, infinie ; on a l'impression qu'elle nargue et menace, en ricanant : « Pas de ticket de retour ! » Alors on n'arrête plus de marcher.
- Y a-t-il quelqu'un, à vos côtés ?
- Non, je suis seul. Pourtant... Pourtant, je sens une présence... Je ne sais pas qui, je ne sais pas quoi, mais elle est là ; elle me couve ; on peut dire que... qu'elle me rassure. Mais elle n'arrive pas à calmer l'oppression dans mon cœur. Peut-être parce qu'elle ne se situe pas exactement sur le même plan, vous voyez ce que je veux dire ?... La présence est tout autour de moi, elle interagit avec moi, mais n'a pas franchement d'effet sur ma peur, ma peur du froid. Comme si j'avais dissocié une partie de moi-même... Et... j'arrive, enfin, au sommet de la montagne, qui à l'intérieur est un volcan, et j'ai une vue inouïe sur l'Antarctique, à vous faire pleurer, et je pleure d'ailleurs dans le rêve, une vue à vous damner... Tout est blanc... Blanc... Si blanc, si immense... Je n'ai pas dit stérile, ce n'est pas un blanc stérilisateur, au contraire : c'est un blanc si empli de promesses... C'est peut-être pour ça que je pleure, c'est peut-être pour ça que j'ai peur. Sur ma gauche, il y a cette chaîne de montagnes qui se confond, loin, loin. Le soleil est en face de moi, assez bas sur l'horizon légèrement incurvé. Je sais qu'il ne se couchera pas. Je ne sais pas si c'est à cause du froid ou de la peur, mais je grelotte, et plus le temps passe à rester immobile au sommet, plus je tremble.
- Et qu'y a-t-il sur votre droite ?
- Je l'ignore.
lundi 30 juin 2008
dimanche 29 juin 2008
Une aventure de la Grumch et Daisy #4
Comme tous les soirs, la Grumch* parade avec Daisy, son sac en peau de chien ambulant mi-griffon mi-popcorn (test ADN en cours).
Aujourd'hui, la toilette.
La sonnerie de la porte d'entrée tinte. Jordan** se lève quand une seconde fois, la sonnerie retentit.
« Il n'y a qu'une seule personne qui ose le faire, et c'est... »
Un chien tondu, retenu en laisse, bondit sur lui tandis qu'il embrasse sa Grumch. Devant l'étonnement de la transformation du tapis de bain en animal, elle se lance dans le détail de la coupe.
« Ouiii ! Elle est passée chez la coiffeuse ! Alors elle lui a trouvée deux puces, mais avant d'y aller j'avais regardé et trouvé qu'une seule, et morte. Son collier anti-nuisibles est très efficace ! »
La confusion s'installe lorsqu'elle essaie de faire localiser la boutique de toilettage.
« J'ai une amie qui m'a demandé si j'étais restée près d'elle. J'lui ai dit que non. Mais tu sais pourquoi [elle m'a demandé ça] ? Parce qu'il y a certains toiletteurs qui piquent les chiens pour qu'ils restent plus tranquilles... Alors j'ai regardé dans le cou et j'ai trouvé une trace rouge, mais ça doit être le collier... »
Jordan lui fait remarquer qu'une tique s'évade discrètement de l'arrière du chien, allongé sur le carrelage. Aussitôt, un talon s'abat sur l'insecte, qui résiste malgré les assauts. Collée à la chaussure après vérification, c'est probablement la tique qui, depuis, rumine dans le vide.
* surnom peut-être dû à une onomatopée
** prénom d'emprunt
Aujourd'hui, la toilette.
La sonnerie de la porte d'entrée tinte. Jordan** se lève quand une seconde fois, la sonnerie retentit.
« Il n'y a qu'une seule personne qui ose le faire, et c'est... »
Un chien tondu, retenu en laisse, bondit sur lui tandis qu'il embrasse sa Grumch. Devant l'étonnement de la transformation du tapis de bain en animal, elle se lance dans le détail de la coupe.
« Ouiii ! Elle est passée chez la coiffeuse ! Alors elle lui a trouvée deux puces, mais avant d'y aller j'avais regardé et trouvé qu'une seule, et morte. Son collier anti-nuisibles est très efficace ! »
La confusion s'installe lorsqu'elle essaie de faire localiser la boutique de toilettage.
« J'ai une amie qui m'a demandé si j'étais restée près d'elle. J'lui ai dit que non. Mais tu sais pourquoi [elle m'a demandé ça] ? Parce qu'il y a certains toiletteurs qui piquent les chiens pour qu'ils restent plus tranquilles... Alors j'ai regardé dans le cou et j'ai trouvé une trace rouge, mais ça doit être le collier... »
Jordan lui fait remarquer qu'une tique s'évade discrètement de l'arrière du chien, allongé sur le carrelage. Aussitôt, un talon s'abat sur l'insecte, qui résiste malgré les assauts. Collée à la chaussure après vérification, c'est probablement la tique qui, depuis, rumine dans le vide.
* surnom peut-être dû à une onomatopée
** prénom d'emprunt
samedi 28 juin 2008
Une aventure de la Grumch et Daisy #3
Comme tous les soirs, la Grumch* traîne Daisy, son canidé mi-griffon mi-cochon grillé (allez savoir).
Aujourd'hui, la grosse commission.
Son petit-fils Yann**, de visite chez son aïeule bien-aimée pour un pillage livresque, se fait raccompagner à l'occasion d'un détour opportuniste de promenade. Certains sacrifices doivent être exécutés sans lâcher un cri.
« Oh oui, ma belle, hein ! On est pressée ? »
La bestiole tire comme une brute sur la laisse, et renifle à tout va.
Le supplice se prolonge, l'école publique est néanmoins en vue, dernière étape avant délestage.
Sans couiner gare, la chienne prend une pose pour le moins équivoque.
« Vas-y mignonne, on t'attend. »
Ce moment pénible passé, la Grumch sort un petit sac.
« J'en ai toujours un sur moi. Y en a pas beaucoup qui font pareil que moi, ici. C'est lamentable. »
La fraîche emballée, elle se dirige vers la grande poubelle de la cantine de l'école ; l'ouvre. Un bruit mât s'en élève lorsque la chute est effective.
Devant les vertes saillies de son descendant, elle fait tout de même profil bas. Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.
* non, ce n'est pas breton
** prénom d'emprunt
Aujourd'hui, la grosse commission.
Son petit-fils Yann**, de visite chez son aïeule bien-aimée pour un pillage livresque, se fait raccompagner à l'occasion d'un détour opportuniste de promenade. Certains sacrifices doivent être exécutés sans lâcher un cri.
« Oh oui, ma belle, hein ! On est pressée ? »
La bestiole tire comme une brute sur la laisse, et renifle à tout va.
Le supplice se prolonge, l'école publique est néanmoins en vue, dernière étape avant délestage.
Sans couiner gare, la chienne prend une pose pour le moins équivoque.
« Vas-y mignonne, on t'attend. »
Ce moment pénible passé, la Grumch sort un petit sac.
« J'en ai toujours un sur moi. Y en a pas beaucoup qui font pareil que moi, ici. C'est lamentable. »
La fraîche emballée, elle se dirige vers la grande poubelle de la cantine de l'école ; l'ouvre. Un bruit mât s'en élève lorsque la chute est effective.
Devant les vertes saillies de son descendant, elle fait tout de même profil bas. Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.
* non, ce n'est pas breton
** prénom d'emprunt
vendredi 27 juin 2008
Mais si, l'esclavage a été aboli !
Le Canard enchaîné, édition du 25 juin 2008
Tous droits réservés.
B. Th.
Tous droits réservés.
B. Th.
Enfin une bonne nouvelle. Notre Occident chrétien s'est conduit au cours des siècles comme un ramassis de salopards. Mais les autres n'ont pas fait mieux. Prenez l'esclavage. Certes, nous avons à notre actif dans les 12 millions de têtes de bétail humain déportées vers les Caraïbes et l'Amérique. Mais les Arabes, du VIIe siècle au XXe, peuvent compter de 15 à 17 millions de victimes arrachées, elles aussi, à la Guinée, au Congo, à l'Angola. Des pays increvables. Et ils ne s'en vantent pas. Au Caire existait même depuis le Moyen Âge un syndicat des négriers, chargé de planifier les commandes des États musulmans : car le Coran n'encourage pas l'esclavage. Mais il l'autorise. Et même il légifère sur sa pratique. A condition qu'il s'agisse de non-musulmans. Des roumis, par exemple. Les spécialistes en ont recensé un bon million au fil des temps. Il convient de rajouter encore le trafic « interne », Noirs contre Noirs : environ 14 millions d'êtres.
Voilà ce que nous rappelle, sur Arte, le film d'Antoine Vitkine, « Esclaves oubliés », ce mardi 24, au cours d'une passionnante « Thema » consacrée aux « Tabous de l'esclavage ».
Entre les razzias opérées par les nomades au sud du Sahara qui ramenèrent 7 millions d'individus vers le Nord et le fructueux va-et-vient à travers la mer Rouge en direction du Caire, de Bagdad, de La Mecque, d'Istanbul, dont Zanzibar demeure le plus fastueux témoin, le bois d'ébène resta pendant des siècles la plus rentable industrie d'Afrique. Pertes : de 20 à 80 %. Si bien que, des négriers nantais au sultan de Zanzibar qui employait 100 000 esclaves dans ses seules plantations de clous de girofle, il n'y a pas les méchants d'un côté, les bons de l'autre : tout le monde a fait du business. A cette différence près, remarque Tidiane N'Diaye, économiste à l'Insee, que, maintenant, « on s'entend bien avec les Arabes. Alors, on préfère ne pas rouvrir avec eux des pages douloureuses. »
Second document, dû à Sophie Jeaneau et Anna Kwak. Il nous montre, dans la Mauritanie d'aujourd'hui, l'ambiguïté qui demeure gravée au cœur des anciennes victimes. A Nouakchott, le gouvernement a fait voter des lois contre l'esclavage : par prudence, dirait-on, puisque l'esclavage a été aboli trois fois dans ce pays musulman : en 1905, du temps des Français, en 1960, lors de l'indépendance, en 1980 par le pouvoir militaire. Le crime est, en principe, passible des travaux forcés. Mais dans la brousse, sitôt sorti de la capitale, on plonge dans un autre siècle. Tout ce qui naît avec une peau claire descend des Maures razzieurs d'autrefois et fait partie des maîtres. Ceux qui ont une peau foncée sont esclaves. Mektoub, c'est ainsi. Et nous embarquons dans un pick-up avec un membre de la commission nationale des Droits de l'homme, une militante de SOS-Esclaves et Bilal, un esclave évadé qui veut délivrer sa sœur, retenue sous une tente par un maître qui lui a fait deux enfants, sans même subvenir à leurs besoins.
Nous voilà pris au piège de la réalité. Comment les préfets de région appliquent la loi à reculons. Comment le gendarme se retrouve déchiré entre le poids des traditions et son sens du devoir. Comment la sœur elle-même, Habbi, qu'ils finissent par retrouver, se débat, en pleine crise d'hystérie, jure qu'elle n'est l'esclave que de Dieu, refuse d'abord de se laisser emmener, dans ce qu'elle prend pour un enlèvement, vers une autre vie dont elle ignore tout et qui lui fait peur...
C'est escarpé, ardu, difficile, le chemin vers la démocratie...
Voilà ce que nous rappelle, sur Arte, le film d'Antoine Vitkine, « Esclaves oubliés », ce mardi 24, au cours d'une passionnante « Thema » consacrée aux « Tabous de l'esclavage ».
Entre les razzias opérées par les nomades au sud du Sahara qui ramenèrent 7 millions d'individus vers le Nord et le fructueux va-et-vient à travers la mer Rouge en direction du Caire, de Bagdad, de La Mecque, d'Istanbul, dont Zanzibar demeure le plus fastueux témoin, le bois d'ébène resta pendant des siècles la plus rentable industrie d'Afrique. Pertes : de 20 à 80 %. Si bien que, des négriers nantais au sultan de Zanzibar qui employait 100 000 esclaves dans ses seules plantations de clous de girofle, il n'y a pas les méchants d'un côté, les bons de l'autre : tout le monde a fait du business. A cette différence près, remarque Tidiane N'Diaye, économiste à l'Insee, que, maintenant, « on s'entend bien avec les Arabes. Alors, on préfère ne pas rouvrir avec eux des pages douloureuses. »
Second document, dû à Sophie Jeaneau et Anna Kwak. Il nous montre, dans la Mauritanie d'aujourd'hui, l'ambiguïté qui demeure gravée au cœur des anciennes victimes. A Nouakchott, le gouvernement a fait voter des lois contre l'esclavage : par prudence, dirait-on, puisque l'esclavage a été aboli trois fois dans ce pays musulman : en 1905, du temps des Français, en 1960, lors de l'indépendance, en 1980 par le pouvoir militaire. Le crime est, en principe, passible des travaux forcés. Mais dans la brousse, sitôt sorti de la capitale, on plonge dans un autre siècle. Tout ce qui naît avec une peau claire descend des Maures razzieurs d'autrefois et fait partie des maîtres. Ceux qui ont une peau foncée sont esclaves. Mektoub, c'est ainsi. Et nous embarquons dans un pick-up avec un membre de la commission nationale des Droits de l'homme, une militante de SOS-Esclaves et Bilal, un esclave évadé qui veut délivrer sa sœur, retenue sous une tente par un maître qui lui a fait deux enfants, sans même subvenir à leurs besoins.
Nous voilà pris au piège de la réalité. Comment les préfets de région appliquent la loi à reculons. Comment le gendarme se retrouve déchiré entre le poids des traditions et son sens du devoir. Comment la sœur elle-même, Habbi, qu'ils finissent par retrouver, se débat, en pleine crise d'hystérie, jure qu'elle n'est l'esclave que de Dieu, refuse d'abord de se laisser emmener, dans ce qu'elle prend pour un enlèvement, vers une autre vie dont elle ignore tout et qui lui fait peur...
C'est escarpé, ardu, difficile, le chemin vers la démocratie...
Libellés :
Dieu ; ses dégâts,
Le Canard enchaîné
jeudi 26 juin 2008
Nous sommes aujourd'hui le 26 juin.
En 1892, naissait Pearl Buck.
En 1913, naissait Aimé Césaire.
En 1945, cinquante pays signaient la charte de ce qui allait constituer les Nations Unies.
En 1949, les femmes pouvaient voter en Belgique.
En 1960, l'île de Madagascar déclarait son indépendance.
Ça, c'était pour les « bonnes dates », dirons-nous.
La suite, c'est un peu plus triste.
En 1957, naissait Véronique Genest.
En 1966, naissait Dany Boon.
En 1972, naissait Garou.
En 1984, mourait Michel Foucault.
En 1985, naissait Sinik.
En 1987, naissait Samir Nasri.
Le 26 juin, c'est également :
- la journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture ;
- la journée internationale contre l'abus et le trafic de drogue.
Révoltons-nous, effaçons quelques 26-juin de notre mémoire.
En 1892, naissait Pearl Buck.
En 1913, naissait Aimé Césaire.
En 1945, cinquante pays signaient la charte de ce qui allait constituer les Nations Unies.
En 1949, les femmes pouvaient voter en Belgique.
En 1960, l'île de Madagascar déclarait son indépendance.
Ça, c'était pour les « bonnes dates », dirons-nous.
La suite, c'est un peu plus triste.
En 1957, naissait Véronique Genest.
En 1966, naissait Dany Boon.
En 1972, naissait Garou.
En 1984, mourait Michel Foucault.
En 1985, naissait Sinik.
En 1987, naissait Samir Nasri.
Le 26 juin, c'est également :
- la journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture ;
- la journée internationale contre l'abus et le trafic de drogue.
Révoltons-nous, effaçons quelques 26-juin de notre mémoire.
mercredi 25 juin 2008
Voilà, ça y est, c'est parti.
On a dépassé le solstice d'été, la durée du jour diminue, les filles ne sont plus en jupe, il fait déjà nuit à 18 h, je tombe en dépression, je prends du Prozac, le 11-Novembre, la période de Naouël et son délire de consommation...
Mais ? Que vois-je ? Le solstice d'hiver ? Espoir !
'Comprenez pourquoi je préfère le printemps, bande de jojos ?
On a dépassé le solstice d'été, la durée du jour diminue, les filles ne sont plus en jupe, il fait déjà nuit à 18 h, je tombe en dépression, je prends du Prozac, le 11-Novembre, la période de Naouël et son délire de consommation...
Mais ? Que vois-je ? Le solstice d'hiver ? Espoir !
'Comprenez pourquoi je préfère le printemps, bande de jojos ?
mardi 24 juin 2008
Hier, a commencé une campagne de propagande.
Pas moins de 1 630 spots publicitaires vantant les mérites des mesures gouvernementales sur le pouvoir d'achat, déclinés en bandeaux sur des sites internet, des quotidiens régionaux et nationaux, sans compter les réclames télévisuelles. Et ce, pendant trois semaines. La radio a été épargnée, pour raisons budgétaires (sic).
Tiens, parlons-en, du budget : 4,3 millions d'€. Je vous laisse deviner qui règlera l'ardoise.
Et soudain, des sous apparurent pour cette opération flagrante de communication !
Pas moins de 1 630 spots publicitaires vantant les mérites des mesures gouvernementales sur le pouvoir d'achat, déclinés en bandeaux sur des sites internet, des quotidiens régionaux et nationaux, sans compter les réclames télévisuelles. Et ce, pendant trois semaines. La radio a été épargnée, pour raisons budgétaires (sic).
Tiens, parlons-en, du budget : 4,3 millions d'€. Je vous laisse deviner qui règlera l'ardoise.
Et soudain, des sous apparurent pour cette opération flagrante de communication !
lundi 23 juin 2008
dimanche 22 juin 2008
J'entends souvent, je lis parfois, lorsqu'on s'insurge d'un fait qui nous heurte car stupéfiant dans le rétrograde, une exclamation de ce type :
« On est quand même en 2008 ! »
Je vais prendre l'exemple du jugement de Lille concernant la non-virginité de la femme (je vous renvoie à l'article du Canard enchaîné retranscrit plus bas) sur lequel on peut s'écrier légitimement : « Comme si la virginité d'une femme lors de sa nuit de noces était une qualité essentielle ! On est quand même en 2008 ! » Ou plus affligeant encore, sur l'essor de l'hyménoplastie, régénération vaginale par la chirurgie plastique (Élise Vincent, Mon hymen, son honneur, « Le Monde » du 19.06.08), opération visant à satisfaire les mâles et une tradition religieuse ; ignoble. « On est quand même en 2008 ! »
Qu'est-ce qui procure cette sensation d'ahurissante conviction à travers cette formule ?
On peut y déceler dans un premier temps une naïveté. Intrinsèquement, « On est... » est une position dans le temps, vous en conviendrez. L'évolution des mœurs sociétales (l'évolution tout court, également) veut que les choses avancent, peu importe la direction, mais qu'elles avancent quand même. Plus on s'éloignerait dans le temps, plus la modernité se ferait présente. L'époque que nous vivons a tellement transformé nos habitudes quotidiennes en un rythme crescendo (la rapidité de certaines actions nous semble parfaitement normal : réchauffer un plat au micro-ondes, rallier Rennes en deux heures et quelques, envoyer un message...) que le passé, à des yeux innocents se situe à des distances floues et très lointaines.
Aujourd'hui qu'existent des droits pour l'homme inédits il y a de cela trois siècles, une attitude foncièrement à l'encontre de ces droits nous paraît un retour en arrière. Croire que ces droits sont appliqués, ou ne serait-ce que respectés par tout un chacun relève de la naïveté. Les femmes ne pouvaient ouvrir un compte bancaire sans l'aval de leur mari il y a quarante ans ! On nous sermonne sur le « Nul n'est censé ignorer la loi » ; seulement quand le nombre de décrets dépasse allègrement les dix mille (dont une explosion récente due à la concomitance opinion publique-réaction politique), j'en viens à penser qu'il serait temps d'ouvrir, en sus de l'école, des madrasas pour le droit français.
Le « On est... » est pathétique dans son dédain puisqu'il implique en sous-entendu un comportement proche du ridicule, voire potentiellement délétère. L'expression apporte un soupçon d'égoïsme et de condescendance de la personne qui la prononce. « On est quand même en 2008 ! » ; comprenez « Rattrapez votre retard pour vous mettre à mon niveau d'interprétation des Droits de l'Homme ! » Il s'agit de facto de juger le comportement d'autrui sur le sien et en général. Le souci étant que chacun se comportant selon sa façon d'être, il est alors nécessaire de trouver des expressions de comportement qui cristallisent, pour un temps, une majorité (actuellement : le tout-sécuritaire et le politiquement correct) ; le reste, la minorité donc, n'est de ce fait pas apparenté à la modernité. Maintenant il s'agit de s'accorder sur la définition d'une « modernité du comportement ». Vous avez peut-être deviné qu'elle n'existe pas ; du moins peut-on la discerner en excluant les modes de vie religieux rongeant les Droits de l'Homme, de par leurs tentatives d'ingérence. « On est... » serait donc la parole du nombre, imposant son diktat ; le nombre des années n'effaçant pas la bêtise humaine, je vous pose la question : « On est quand même en 2008 ! » est-il plus persuasif que « On est quand même en 2007 ! » ? C'est pourquoi débattre à partir de « On est quand même en xxxx » est sans fin, puisque prononcé à un instant t par n points de vue.
Il est tellement plus facile de faire plier les gens par le poids du nombre, les empêchant de penser, pour les amener à raisonner comme des moutons. Le mécanisme est vieux comme l'humanité. « On est... » est un abrutissement encore sur un point. Le conservatisme bête et méchant s'y complaît : on demande, comme nous l'avons vu, à un instant t, de se mettre au diapason d'un comportement moderne qui lui-même évolue ! D'un côté il se frustre à rencontrer une attitude évaluée comme arriérée, de l'autre il somme de se conformer à la sienne propre, qui évoluera tôt ou tard. On tend la main pour émanciper, et de l'autre on vous cloue sur place. N'est-ce pas là, le point le plus absurde de cette phrase ?
« On est quand même en 2008 ! »
Je vais prendre l'exemple du jugement de Lille concernant la non-virginité de la femme (je vous renvoie à l'article du Canard enchaîné retranscrit plus bas) sur lequel on peut s'écrier légitimement : « Comme si la virginité d'une femme lors de sa nuit de noces était une qualité essentielle ! On est quand même en 2008 ! » Ou plus affligeant encore, sur l'essor de l'hyménoplastie, régénération vaginale par la chirurgie plastique (Élise Vincent, Mon hymen, son honneur, « Le Monde » du 19.06.08), opération visant à satisfaire les mâles et une tradition religieuse ; ignoble. « On est quand même en 2008 ! »
Qu'est-ce qui procure cette sensation d'ahurissante conviction à travers cette formule ?
On peut y déceler dans un premier temps une naïveté. Intrinsèquement, « On est... » est une position dans le temps, vous en conviendrez. L'évolution des mœurs sociétales (l'évolution tout court, également) veut que les choses avancent, peu importe la direction, mais qu'elles avancent quand même. Plus on s'éloignerait dans le temps, plus la modernité se ferait présente. L'époque que nous vivons a tellement transformé nos habitudes quotidiennes en un rythme crescendo (la rapidité de certaines actions nous semble parfaitement normal : réchauffer un plat au micro-ondes, rallier Rennes en deux heures et quelques, envoyer un message...) que le passé, à des yeux innocents se situe à des distances floues et très lointaines.
Aujourd'hui qu'existent des droits pour l'homme inédits il y a de cela trois siècles, une attitude foncièrement à l'encontre de ces droits nous paraît un retour en arrière. Croire que ces droits sont appliqués, ou ne serait-ce que respectés par tout un chacun relève de la naïveté. Les femmes ne pouvaient ouvrir un compte bancaire sans l'aval de leur mari il y a quarante ans ! On nous sermonne sur le « Nul n'est censé ignorer la loi » ; seulement quand le nombre de décrets dépasse allègrement les dix mille (dont une explosion récente due à la concomitance opinion publique-réaction politique), j'en viens à penser qu'il serait temps d'ouvrir, en sus de l'école, des madrasas pour le droit français.
Le « On est... » est pathétique dans son dédain puisqu'il implique en sous-entendu un comportement proche du ridicule, voire potentiellement délétère. L'expression apporte un soupçon d'égoïsme et de condescendance de la personne qui la prononce. « On est quand même en 2008 ! » ; comprenez « Rattrapez votre retard pour vous mettre à mon niveau d'interprétation des Droits de l'Homme ! » Il s'agit de facto de juger le comportement d'autrui sur le sien et en général. Le souci étant que chacun se comportant selon sa façon d'être, il est alors nécessaire de trouver des expressions de comportement qui cristallisent, pour un temps, une majorité (actuellement : le tout-sécuritaire et le politiquement correct) ; le reste, la minorité donc, n'est de ce fait pas apparenté à la modernité. Maintenant il s'agit de s'accorder sur la définition d'une « modernité du comportement ». Vous avez peut-être deviné qu'elle n'existe pas ; du moins peut-on la discerner en excluant les modes de vie religieux rongeant les Droits de l'Homme, de par leurs tentatives d'ingérence. « On est... » serait donc la parole du nombre, imposant son diktat ; le nombre des années n'effaçant pas la bêtise humaine, je vous pose la question : « On est quand même en 2008 ! » est-il plus persuasif que « On est quand même en 2007 ! » ? C'est pourquoi débattre à partir de « On est quand même en xxxx » est sans fin, puisque prononcé à un instant t par n points de vue.
Il est tellement plus facile de faire plier les gens par le poids du nombre, les empêchant de penser, pour les amener à raisonner comme des moutons. Le mécanisme est vieux comme l'humanité. « On est... » est un abrutissement encore sur un point. Le conservatisme bête et méchant s'y complaît : on demande, comme nous l'avons vu, à un instant t, de se mettre au diapason d'un comportement moderne qui lui-même évolue ! D'un côté il se frustre à rencontrer une attitude évaluée comme arriérée, de l'autre il somme de se conformer à la sienne propre, qui évoluera tôt ou tard. On tend la main pour émanciper, et de l'autre on vous cloue sur place. N'est-ce pas là, le point le plus absurde de cette phrase ?
samedi 21 juin 2008
Sur le chemin de retour d'Évreux, au bord de la route sortait de terre une pancarte proclamant :
Oui au soleil
et au vent
Ça m'a beaucoup frappé, d'une part parce qu'elle m'a parlé, d'autre part j'ai trouvé l'idée lumineuse. Au lieu d'écrire :
Non aux sandwichs
moules et frites
et de placarder une négation qui plongeront les lecteurs dans une noirceur imprévue et subie après une journée de boulot éreintante, on utilise le « oui » pour faire paraître évident aux gens du bien-fondé et de la logique de la démarche, et surtout du message que l'on souhaite délivrer. C'est pourquoi je pense en créer moi-même et les placer aux entrées de Pleug'. J'ai dans cette optique soumis le projet à un ami qui l'a apprécié, mais vu qu'il part incessamment sous peu avec sa douce en Crète, je me dis qu'il a le temps de l'oublier.
Je donne des idées de slogans :
Oui au chant des baleines
Oui au Japon dans l'UE
Oui aux noix de cajou
Oui aux merles et aux rossignols
Oui à la purée pour bébé
Oui au miel d'oreilles
Oui à la dérive des continents
Oui aux strings dans les hospices
Vous avez une bonne base, à vous de jouer !
Oui au soleil
et au vent
Ça m'a beaucoup frappé, d'une part parce qu'elle m'a parlé, d'autre part j'ai trouvé l'idée lumineuse. Au lieu d'écrire :
Non aux sandwichs
moules et frites
et de placarder une négation qui plongeront les lecteurs dans une noirceur imprévue et subie après une journée de boulot éreintante, on utilise le « oui » pour faire paraître évident aux gens du bien-fondé et de la logique de la démarche, et surtout du message que l'on souhaite délivrer. C'est pourquoi je pense en créer moi-même et les placer aux entrées de Pleug'. J'ai dans cette optique soumis le projet à un ami qui l'a apprécié, mais vu qu'il part incessamment sous peu avec sa douce en Crète, je me dis qu'il a le temps de l'oublier.
Je donne des idées de slogans :
Oui au chant des baleines
Oui au Japon dans l'UE
Oui aux noix de cajou
Oui aux merles et aux rossignols
Oui à la purée pour bébé
Oui au miel d'oreilles
Oui à la dérive des continents
Oui aux strings dans les hospices
Vous avez une bonne base, à vous de jouer !
vendredi 20 juin 2008
Le sénateur UMP de l'Essonne, Serge Dassault, a jugé « anormal » aujourd’hui que l'État aide les chômeurs, « des gens qui ne veulent pas travailler» et suggéré de « réduire carrément les aides ».
« Le problème n’est pas seulement de trouver de l’emploi mais aussi que l’assistance et les aides diverses aux chômeurs sont trop élevées, à mon avis, pour qu’ils aient une certaine envie de travailler », a exposé Serge Dassault, propriétaire du Figaro, à l’ouverture d’une audition de plusieurs dirigeants du service public de l’emploi devant la commission des Finances du Sénat.
« Prime pour l’emploi, et bientôt RSA… c’est quand même anormal de vouloir donner de l’argent de l'État qui n’en a pas beaucoup à des gens qui ne veulent pas travailler parce qu’on les paye trop et coûtent aussi beaucoup d’argent à l'État », a ajouté le maire de Corbeil-Essonne, rapporteur spécial du budget de l’Emploi.
« On réduirait carrément les aides aux chômeurs, ce serait quand même plus efficace si on veut les faire travailler que de vouloir donner de l’argent sur denier de l'État », a-t-il ajouté.
19/06/08
AFP
Venant d'un marchand d'armes, qui s'est donc engraissé sur le dos de l'État en quémandant ses commandes, il est difficile de ne pas rire ou pleurer. Et puis, il ne s'est pas gêné pour refiler, pendant la campagne municipale, aux yeux de tous, quelques billets de banque. Mais quand l'on naît avec une cuillère en or dans la bouche, on ignore ce qu'est le peuple ; quand l'on hérite d'une entreprise vivant ainsi aux crochets de l'État, on n'a pas à chercher de travail, ni à subir les pressions d'un patron sénile.
Au moins, il dit ce qu'il pense. Mais s'il souhaite soulager l'État de charges excessives, il n'a qu'à abandonner son salaire de sénateur.
Voilà ce que touche un sénateur : indemnité mensuelle (brute) : 6.952,91 € ; indemnité mensuelle (nette) : 5.381,39 € ; plafonnement des indemnités supplémentaires pour d'autres mandats : 2.700,16 € ; indemnité représentative de frais de mandat : 6.624,86 € brut par mois ; crédit affecté à la rémunération de collaborateurs : 8.949 € par mois. Avantages : carte nominative qui permet l'accès gratuit à l'ensemble du réseau SNCF, en 1ère classe. Taxis gratuit à Paris. Prêt immobilier avantageux. Durée du mandat : six ans depuis 2004. Un chômeur touche (en moyenne) 1080 € brut/mois soit environ 870 € net, doit justifier de ses recherches d'emploi, dépense des sommes assez importantes en timbres, enveloppes, déplacements lors d'un rendez-vous (quand il en a) et maintenant devra se plier aux « offres raisonnables (nouveau terme juridique ?) d'emploi ».
Salauds de pauvres !
« Le problème n’est pas seulement de trouver de l’emploi mais aussi que l’assistance et les aides diverses aux chômeurs sont trop élevées, à mon avis, pour qu’ils aient une certaine envie de travailler », a exposé Serge Dassault, propriétaire du Figaro, à l’ouverture d’une audition de plusieurs dirigeants du service public de l’emploi devant la commission des Finances du Sénat.
« Prime pour l’emploi, et bientôt RSA… c’est quand même anormal de vouloir donner de l’argent de l'État qui n’en a pas beaucoup à des gens qui ne veulent pas travailler parce qu’on les paye trop et coûtent aussi beaucoup d’argent à l'État », a ajouté le maire de Corbeil-Essonne, rapporteur spécial du budget de l’Emploi.
« On réduirait carrément les aides aux chômeurs, ce serait quand même plus efficace si on veut les faire travailler que de vouloir donner de l’argent sur denier de l'État », a-t-il ajouté.
19/06/08
AFP
Venant d'un marchand d'armes, qui s'est donc engraissé sur le dos de l'État en quémandant ses commandes, il est difficile de ne pas rire ou pleurer. Et puis, il ne s'est pas gêné pour refiler, pendant la campagne municipale, aux yeux de tous, quelques billets de banque. Mais quand l'on naît avec une cuillère en or dans la bouche, on ignore ce qu'est le peuple ; quand l'on hérite d'une entreprise vivant ainsi aux crochets de l'État, on n'a pas à chercher de travail, ni à subir les pressions d'un patron sénile.
Au moins, il dit ce qu'il pense. Mais s'il souhaite soulager l'État de charges excessives, il n'a qu'à abandonner son salaire de sénateur.
Voilà ce que touche un sénateur : indemnité mensuelle (brute) : 6.952,91 € ; indemnité mensuelle (nette) : 5.381,39 € ; plafonnement des indemnités supplémentaires pour d'autres mandats : 2.700,16 € ; indemnité représentative de frais de mandat : 6.624,86 € brut par mois ; crédit affecté à la rémunération de collaborateurs : 8.949 € par mois. Avantages : carte nominative qui permet l'accès gratuit à l'ensemble du réseau SNCF, en 1ère classe. Taxis gratuit à Paris. Prêt immobilier avantageux. Durée du mandat : six ans depuis 2004. Un chômeur touche (en moyenne) 1080 € brut/mois soit environ 870 € net, doit justifier de ses recherches d'emploi, dépense des sommes assez importantes en timbres, enveloppes, déplacements lors d'un rendez-vous (quand il en a) et maintenant devra se plier aux « offres raisonnables (nouveau terme juridique ?) d'emploi ».
Salauds de pauvres !
jeudi 19 juin 2008
On dit qu'il marche sur la cîme des arbres.
Qu'il est l'enfant des étoiles.
Qu'il est aussi léger qu'une plume, que les branches, brindilles, feuilles, bourgeons ne ressentent pas son poids, qu'il ne les fait pas plier.
Que son sexe est à déterminer : une jeune femme pour certains, un jeune homme pour d'autres. Une petite partie s'interroge sur la réalité d'un sexe à lui donner.
Qu'on ne l'a jamais vu arpenter le sol.
Que la route qu'il suit n'est autre que le chemin des rêves.
Que la foudre qui fend un arbre lui fend le cœur.
Qu'il s'arrête souvent pour écouter les oiseaux chanter, et que ceux-ci sont fiers d'être ainsi mis en valeur.
Que l'on peut voir ses cheveux magnifiques et entendre son rire quand le vent souffle fort.
Que l'on retrouve sa trace légendaire dans une extraordinaire majorité de zones forestières, indépendamment de la distance, à travers le monde.
Qu'un arbre soit feuillu comme en été après une chute de neige indique qu'il y a passé la nuit.
Qu'il mourra à l'instant où le dernier arbre aura été déraciné.
Qu'il est l'enfant des étoiles.
Qu'il est aussi léger qu'une plume, que les branches, brindilles, feuilles, bourgeons ne ressentent pas son poids, qu'il ne les fait pas plier.
Que son sexe est à déterminer : une jeune femme pour certains, un jeune homme pour d'autres. Une petite partie s'interroge sur la réalité d'un sexe à lui donner.
Qu'on ne l'a jamais vu arpenter le sol.
Que la route qu'il suit n'est autre que le chemin des rêves.
Que la foudre qui fend un arbre lui fend le cœur.
Qu'il s'arrête souvent pour écouter les oiseaux chanter, et que ceux-ci sont fiers d'être ainsi mis en valeur.
Que l'on peut voir ses cheveux magnifiques et entendre son rire quand le vent souffle fort.
Que l'on retrouve sa trace légendaire dans une extraordinaire majorité de zones forestières, indépendamment de la distance, à travers le monde.
Qu'un arbre soit feuillu comme en été après une chute de neige indique qu'il y a passé la nuit.
Qu'il mourra à l'instant où le dernier arbre aura été déraciné.
mercredi 18 juin 2008
Une aventure de la Grumch et Daisy #2
Comme tous les soirs, la Grumch* trimballe Daisy, son ventre sur pattes mi-griffon mi-clown de cirque (y'a des chances).
Aujourd'hui, les forains.
La Grumch emprunte la garenne derrière le parking du supermarché de la commune. Tout à coup, elle enfonce sa chaussure dans un objet mou et odorant.
« Sacré bon Dieu ! » hurle-t-elle, entre autres jurons. A l'aide d'un bâtonnet, elle décolle les grosses incrustations méphitiques.
Bougonnant toujours, elle continue son chemin lorsqu'elle aperçoit deux formes accroupies dont il n'est pas difficile de deviner la raison de leur posture.
« Sacré bon Dieu ! tempête-elle, excitée du flagrant délit. Z'avez pas honte de ch**r comme ça sur la voie publique ? Savez p't'ète pas lire le panneau à l'entrée du chemin ? »
« Ben, euh, dit l'un, coupé en plein élan, ajustant son froc. On a l'habitude de faire ça comme ça, nous, M'dame. Dans la nature quoi. »
« Eh ben moi j'ai pas l'habitude de marcher d'dans, alors vous me f'rez l'plaisir d'déguerpir ! »
« Vas-y, qu'esse-tu veux, la vieille ! »
Suite à de menus échanges infructueux, les protagonistes se séparent. Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.
* déformation délictueuse de grand-mère
** ie
Aujourd'hui, les forains.
La Grumch emprunte la garenne derrière le parking du supermarché de la commune. Tout à coup, elle enfonce sa chaussure dans un objet mou et odorant.
« Sacré bon Dieu ! » hurle-t-elle, entre autres jurons. A l'aide d'un bâtonnet, elle décolle les grosses incrustations méphitiques.
Bougonnant toujours, elle continue son chemin lorsqu'elle aperçoit deux formes accroupies dont il n'est pas difficile de deviner la raison de leur posture.
« Sacré bon Dieu ! tempête-elle, excitée du flagrant délit. Z'avez pas honte de ch**r comme ça sur la voie publique ? Savez p't'ète pas lire le panneau à l'entrée du chemin ? »
« Ben, euh, dit l'un, coupé en plein élan, ajustant son froc. On a l'habitude de faire ça comme ça, nous, M'dame. Dans la nature quoi. »
« Eh ben moi j'ai pas l'habitude de marcher d'dans, alors vous me f'rez l'plaisir d'déguerpir ! »
« Vas-y, qu'esse-tu veux, la vieille ! »
Suite à de menus échanges infructueux, les protagonistes se séparent. Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.
* déformation délictueuse de grand-mère
** ie
mardi 17 juin 2008
Une aventure de la Grumch et Daisy #1
Comme tous les soirs, la Grumch* promène Daisy, son toutou mi-griffon mi-« mettez-y ce que vous y verrez ». Son parcours dans Pleug' varie constamment, et ça, c'est chouette.
Aujourd'hui, le passage clouté.
La Grumch remarque soudain qu'un passage clouté, d'un côté est en adéquation avec le chemin piétonnier, de l'autre s'arrête anormalement devant une plate-bande surélevée.
« Oh ! Daisy ! Tu as vu ça ? C'est une honte ! »
Le lendemain matin, elle se plaint à l'accueil de la mairie.
« C'est un vrai scandale de l'urbanisme ! »
Mais à la mairie, ils n'en ont rien à faire (pour parler châtié) des récriminations de la Grumch.
Le lendemain soir, rebelote, même parcours. De nouveau, la Grumch s'empourpre devant une telle incongruité : si l'on suit le passage piéton, on se retrouve dans la plate-bande !
« Mais regardez-moi ça ! » s'exclame-t-elle, prenant les environs déserts à témoin.
Le lendemain matin, devant la secrétaire de mairie, la cordialité n'est que de façade.
« Un truc pareil, c'est pas possib' ! »
Rien n'y fait, elle ne sera pas entendue. Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.
* surnom affectueux de ma grand-mère
N.B. [18/11/08] : si vous venez un jour à Plug', je pourrais toujours vous montrer le lieu du crime qui n'existe plus ! En effet, le passage piéton a depuis la publication de cette mini épopée, été retravaillé et ne dévie plus que d'un angle qui l'envoie dans le droit chemin.
Aujourd'hui, le passage clouté.
La Grumch remarque soudain qu'un passage clouté, d'un côté est en adéquation avec le chemin piétonnier, de l'autre s'arrête anormalement devant une plate-bande surélevée.
« Oh ! Daisy ! Tu as vu ça ? C'est une honte ! »
Le lendemain matin, elle se plaint à l'accueil de la mairie.
« C'est un vrai scandale de l'urbanisme ! »
Mais à la mairie, ils n'en ont rien à faire (pour parler châtié) des récriminations de la Grumch.
Le lendemain soir, rebelote, même parcours. De nouveau, la Grumch s'empourpre devant une telle incongruité : si l'on suit le passage piéton, on se retrouve dans la plate-bande !
« Mais regardez-moi ça ! » s'exclame-t-elle, prenant les environs déserts à témoin.
Le lendemain matin, devant la secrétaire de mairie, la cordialité n'est que de façade.
« Un truc pareil, c'est pas possib' ! »
Rien n'y fait, elle ne sera pas entendue. Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.
* surnom affectueux de ma grand-mère
N.B. [18/11/08] : si vous venez un jour à Plug', je pourrais toujours vous montrer le lieu du crime qui n'existe plus ! En effet, le passage piéton a depuis la publication de cette mini épopée, été retravaillé et ne dévie plus que d'un angle qui l'envoie dans le droit chemin.
lundi 16 juin 2008
Le pigeon
Un pigeon vole. Ça fait flap-flap quand ça flippe. Ça tient en équilibre sur une branche, on ignore encore comment.
Un pigeon marche. Ça dodeline de la tête ; c'est le poulet des villes. Ça jette des coups d'œil dans tous les sens ; ça ne choppe pas de torticolis, on ignore toujours comment.
Un pigeon mange. Ça picore tout ce qui lui passe sous le bec, et on ne préfère pas savoir ce qu'il ingurgite. C'est l'équivalent d'une chèvre, un peu, quelquefois l'emballage y passe. Les mémés et les pépés les attirent tout particulièrement, ne me demandez pas pourquoi.
Un pigeon défèque. Ça est son utilité première ; ça ne rate jamais sa cible ; les savants s'en arrachent les cheveux.
Un pigeon a des couleurs. Ça passe inaperçu sur les toits, sauf quand ça se meut. Ça est aussi criard qu'une façade d'immeuble exposée aux gaz d'échappement du périphérique parisien ; ça est aussi tacheté que le fond de couche d'un nouveau-né. Ça paraît d'une attirance irréductible pour certains esthètes ratés, malgré ça, et l'oracle de Delphes en reste muet.
Un pigeon roucoule. Ça fait fondre les romantiques innocents, ça fait fondre ma patience : c'est indécemment irrationnel.
Un pigeon meurt. Ça disparaît de façon pathétique, en général : un chat de gouttière, un camion sur l'autoroute, un gravillon avalé de travers, une branche en plein vol, une tapette à souris, un pot de fleurs du quatrième étage, les pales d'un hélicoptère, un câble électrique dénudé, une overdose de miettes. Et pour ça, je n'ai nullement besoin d'explication.
Un pigeon marche. Ça dodeline de la tête ; c'est le poulet des villes. Ça jette des coups d'œil dans tous les sens ; ça ne choppe pas de torticolis, on ignore toujours comment.
Un pigeon mange. Ça picore tout ce qui lui passe sous le bec, et on ne préfère pas savoir ce qu'il ingurgite. C'est l'équivalent d'une chèvre, un peu, quelquefois l'emballage y passe. Les mémés et les pépés les attirent tout particulièrement, ne me demandez pas pourquoi.
Un pigeon défèque. Ça est son utilité première ; ça ne rate jamais sa cible ; les savants s'en arrachent les cheveux.
Un pigeon a des couleurs. Ça passe inaperçu sur les toits, sauf quand ça se meut. Ça est aussi criard qu'une façade d'immeuble exposée aux gaz d'échappement du périphérique parisien ; ça est aussi tacheté que le fond de couche d'un nouveau-né. Ça paraît d'une attirance irréductible pour certains esthètes ratés, malgré ça, et l'oracle de Delphes en reste muet.
Un pigeon roucoule. Ça fait fondre les romantiques innocents, ça fait fondre ma patience : c'est indécemment irrationnel.
Un pigeon meurt. Ça disparaît de façon pathétique, en général : un chat de gouttière, un camion sur l'autoroute, un gravillon avalé de travers, une branche en plein vol, une tapette à souris, un pot de fleurs du quatrième étage, les pales d'un hélicoptère, un câble électrique dénudé, une overdose de miettes. Et pour ça, je n'ai nullement besoin d'explication.
dimanche 15 juin 2008
Qu'est-ce qu'un tag ?
C'est une chaîne qui consiste à faire parler les autres, histoire qu'on les connaisse mieux. Je suis donc contraint de taguer (si c'est pas malheureux...).
En quoi consiste le tag ?
Il convient de respecter quelques conditions :
- mettre le lien de la personne qui m'a tagué (moi, c'est Zone Franche) ;
- mettre le règlement ;
- répondre aux questions (d'ordre culinaire) ;
- taguer une autre personne ;
- avertir les nouvelles taguées sur leur journal électronique.
Questions/réponses
1. Un aliment que je n'aime pas du tout ?
La noix de coco. Horrible. Atroce. Immangeable sauf pour les mangeurs de Bounty. :o/
2. Mes trois aliments préférés ?
La mozzarella, les nouilles chinoises, du thon.
3. Ma recette favorite ?
Lasagnes. *filet de bave*
4. Ma boisson de prédilection ?
L'eau, c'est la vie !
5. Le plat que je rêve réaliser ?
Le Köttbullar (boulettes de viande au fromage de chèvre).
6 Meilleur souvenir culinaire ?
Les lasagnes de mes voisins pour un anniversaire... J'en ai encore le tee-shirt taché que je lèche régulièrement, pour m'en rappeler les saveurs.
Qui vais-je taguer ?
Kevin. Gniéhéhé.
C'est une chaîne qui consiste à faire parler les autres, histoire qu'on les connaisse mieux. Je suis donc contraint de taguer (si c'est pas malheureux...).
En quoi consiste le tag ?
Il convient de respecter quelques conditions :
- mettre le lien de la personne qui m'a tagué (moi, c'est Zone Franche) ;
- mettre le règlement ;
- répondre aux questions (d'ordre culinaire) ;
- taguer une autre personne ;
- avertir les nouvelles taguées sur leur journal électronique.
Questions/réponses
1. Un aliment que je n'aime pas du tout ?
La noix de coco. Horrible. Atroce. Immangeable sauf pour les mangeurs de Bounty. :o/
2. Mes trois aliments préférés ?
La mozzarella, les nouilles chinoises, du thon.
3. Ma recette favorite ?
Lasagnes. *filet de bave*
4. Ma boisson de prédilection ?
L'eau, c'est la vie !
5. Le plat que je rêve réaliser ?
Le Köttbullar (boulettes de viande au fromage de chèvre).
6 Meilleur souvenir culinaire ?
Les lasagnes de mes voisins pour un anniversaire... J'en ai encore le tee-shirt taché que je lèche régulièrement, pour m'en rappeler les saveurs.
Qui vais-je taguer ?
Kevin. Gniéhéhé.
samedi 14 juin 2008
« Bonjour. Ce serait pour un retrait de [montant censuré pour ne pas traumatiser mes visiteurs aux porte-feuilles bien chargés]. »
Ma poche vibre. CLPS.
« Allô ? Oui, c'est bien moi. [...] Très bien. D'accord. Merci, et bonne journée. »
Mon rendez-vous de 10 heures est annulé.
Et votre serviteur qui sue comme un damné pour faire le trajet de la place de la Rési' jusqu'à Creac'h Gwen, rien que pour ce rendez-vous purement professionnel... Demi-tour par conséquent, sans oublier de prendre ma lecture politique de la semaine, en passant.
Allée de Locmaria. Les arbres offrent un rafraîchissement bienvenu sous ce ciel sans nuages. Au loin, sur la place de la Résistance stationne un car dont le gyrophare clignote... Une minute. Un car avec un gyrophare ? Sent pas bon, c't'affaire.
En effet, ça ne sent pas très bon... Quelque odeur plane qui surpasse celle des pots d'échappement mal contrôlés et d'huile de moteur de basse qualité... Elle me remet en mémoire des images de jeunesse de feu intense accompagné de grésillements, de pétouillis soudains, d'enfumage noirâtre tenace... Une senteur inoubliable, reconnaissable entre mille : celle du pneu brûlé.
Je me décale jusqu'à la rambarde et aperçoit au loin une épaisse fumée très sombre caractéristique, dégueulassant mes pauvres arbres. D'ici à ce qu'ils en allument un près de la cathédrale, les gars n'auront plus qu'à recommencer le blanchissement des tours !
Faut se rendre à l'évidence : ils ont remis ça. Qui ? dites-vous. Z'avez le choix entre : les routiers, les marins-pêcheurs (« 'Toute façon si j'descends, j'te mets un coup d'boule, alors ! »), les gens contre la fermeture de l'hôpital de Carhaix, les transsexuels de la gare, les avocats, les agriculteurs, les supporters de l'équipe de France de foutchebôl... (NdY : il s'avèrera qu'il s'agissait des Carhaisiens en colère ; à raison.)
Les poulets anti-émeutes (pas encore nettoyés à la javel) sont positionnés aux endroits stratégiques. Je traverse le fleuve par le pont et rejoint la rue du Parc. Le spectacle est saisissant : des voitures et des bus sont à l'arrêt sur la route, et personne au volant ! Au milieu des véhicules qui cuisent au soleil, je me demande où est-ce qu'ils s'en sont tous allés ; sorte de paysage à la Le Fléau de King ; l'incendie de pneus, deux cents mètres devant moi, lâche sa colonne bouffante à une hauteur impressionnante, entre les arbres et les immeubles. Des curieux, à distance prudente, attendent. D'autres trottent, pressés de s'éloigner.
De chaque côté du feu, se consumant au milieu de la chaussée, les antagonistes gardent le silence, tels des chiens de faïence. Une douzaine de manifestants minaudent à l'entrée de la rue Saint-François, peut-être une solution de fuite en cas de charge. Un barbu agite un drapeau gwen-ha-du. Une dizaine de casqués les surveillent, patientant, aux aguets. Ajoutée à l'action solaire, la chaleur dégagée par le foyer est insoutenable.
Affichant un visage et une attitude neutres (les fonctionnaires de police ne pèchent pas par manque de zèle à balancer des patates, peu importe sur qui), je m'engage rue Saint-François sans un regard en arrière. J'ai des billets pour Laval à prendre, moi.
Quoi ? Une grève de la SNCF ?!
(rédigé le 11/06/08)
Ma poche vibre. CLPS.
« Allô ? Oui, c'est bien moi. [...] Très bien. D'accord. Merci, et bonne journée. »
Mon rendez-vous de 10 heures est annulé.
Et votre serviteur qui sue comme un damné pour faire le trajet de la place de la Rési' jusqu'à Creac'h Gwen, rien que pour ce rendez-vous purement professionnel... Demi-tour par conséquent, sans oublier de prendre ma lecture politique de la semaine, en passant.
Allée de Locmaria. Les arbres offrent un rafraîchissement bienvenu sous ce ciel sans nuages. Au loin, sur la place de la Résistance stationne un car dont le gyrophare clignote... Une minute. Un car avec un gyrophare ? Sent pas bon, c't'affaire.
En effet, ça ne sent pas très bon... Quelque odeur plane qui surpasse celle des pots d'échappement mal contrôlés et d'huile de moteur de basse qualité... Elle me remet en mémoire des images de jeunesse de feu intense accompagné de grésillements, de pétouillis soudains, d'enfumage noirâtre tenace... Une senteur inoubliable, reconnaissable entre mille : celle du pneu brûlé.
Je me décale jusqu'à la rambarde et aperçoit au loin une épaisse fumée très sombre caractéristique, dégueulassant mes pauvres arbres. D'ici à ce qu'ils en allument un près de la cathédrale, les gars n'auront plus qu'à recommencer le blanchissement des tours !
Faut se rendre à l'évidence : ils ont remis ça. Qui ? dites-vous. Z'avez le choix entre : les routiers, les marins-pêcheurs (« 'Toute façon si j'descends, j'te mets un coup d'boule, alors ! »), les gens contre la fermeture de l'hôpital de Carhaix, les transsexuels de la gare, les avocats, les agriculteurs, les supporters de l'équipe de France de foutchebôl... (NdY : il s'avèrera qu'il s'agissait des Carhaisiens en colère ; à raison.)
Les poulets anti-émeutes (pas encore nettoyés à la javel) sont positionnés aux endroits stratégiques. Je traverse le fleuve par le pont et rejoint la rue du Parc. Le spectacle est saisissant : des voitures et des bus sont à l'arrêt sur la route, et personne au volant ! Au milieu des véhicules qui cuisent au soleil, je me demande où est-ce qu'ils s'en sont tous allés ; sorte de paysage à la Le Fléau de King ; l'incendie de pneus, deux cents mètres devant moi, lâche sa colonne bouffante à une hauteur impressionnante, entre les arbres et les immeubles. Des curieux, à distance prudente, attendent. D'autres trottent, pressés de s'éloigner.
De chaque côté du feu, se consumant au milieu de la chaussée, les antagonistes gardent le silence, tels des chiens de faïence. Une douzaine de manifestants minaudent à l'entrée de la rue Saint-François, peut-être une solution de fuite en cas de charge. Un barbu agite un drapeau gwen-ha-du. Une dizaine de casqués les surveillent, patientant, aux aguets. Ajoutée à l'action solaire, la chaleur dégagée par le foyer est insoutenable.
Affichant un visage et une attitude neutres (les fonctionnaires de police ne pèchent pas par manque de zèle à balancer des patates, peu importe sur qui), je m'engage rue Saint-François sans un regard en arrière. J'ai des billets pour Laval à prendre, moi.
Quoi ? Une grève de la SNCF ?!
(rédigé le 11/06/08)
vendredi 13 juin 2008
Pour rigoler, voilà deux nouveaux mots pour les superstitieux :
- triskaidékaphobie, la peur du chiffre 13 ;
- paraskevidékatriaphobie, la peur du vendredi 13.
Le premier que j'avais repéré est là.
- triskaidékaphobie, la peur du chiffre 13 ;
- paraskevidékatriaphobie, la peur du vendredi 13.
Le premier que j'avais repéré est là.
Gare de Quimper.
J'attends mon car, appuyé au puissant pilier de fonte blanc du quai n°6, dos au sud. Une vieille femme patiente aussi pour le car qui la ramènera à Audierne. Au loin, sur ma droite, s'avance un jeune au manteau imperméable gris. Moyennement grand, de forte carrure, les cheveux châtains courts en brosse, la figure ronde et inexpressive, les yeux en point-virgule, il longe les stations. Il porte un sac à dos gris, dont les bretelles le serrent aux aisselles.
Un peu courtaud, il pose lentement un pied devant l'autre. Je ne le regarde plus, par politesse ; arrivé à ma hauteur, il pose un genou à terre, ouvre son sac, y plonge sa main qui en ressort rempli de chips grasses. Une fois mastiquées, il s'essuie sur son pantalon, referme son sac, et reprend son chemin.
Deux minutes plus tard, il repasse devant moi dans l'autre sens. Le voilà qui échange avec la vieille dame ; je ne perçois que le son de leur conversation. Soudain, il pose un genou à terre, ouvre son sac et reprend une poignée de chips qu'il grignote consciencieusement. Puis il se détourne et marche en rond.
Mon car arrive.
J'attends mon car, appuyé au puissant pilier de fonte blanc du quai n°6, dos au sud. Une vieille femme patiente aussi pour le car qui la ramènera à Audierne. Au loin, sur ma droite, s'avance un jeune au manteau imperméable gris. Moyennement grand, de forte carrure, les cheveux châtains courts en brosse, la figure ronde et inexpressive, les yeux en point-virgule, il longe les stations. Il porte un sac à dos gris, dont les bretelles le serrent aux aisselles.
Un peu courtaud, il pose lentement un pied devant l'autre. Je ne le regarde plus, par politesse ; arrivé à ma hauteur, il pose un genou à terre, ouvre son sac, y plonge sa main qui en ressort rempli de chips grasses. Une fois mastiquées, il s'essuie sur son pantalon, referme son sac, et reprend son chemin.
Deux minutes plus tard, il repasse devant moi dans l'autre sens. Le voilà qui échange avec la vieille dame ; je ne perçois que le son de leur conversation. Soudain, il pose un genou à terre, ouvre son sac et reprend une poignée de chips qu'il grignote consciencieusement. Puis il se détourne et marche en rond.
Mon car arrive.
jeudi 12 juin 2008
Instants d'Évreux
Je pétitionne pour Amnesty International : une pour la liberté de la presse en Chine, une contre l'hyperprésident.
Collées aux fenêtres de l'Hôtel du département (de l'Eure), à raison d'une lettre par feuille A4 : « Non à la mort des DDASS en janvier 2009 » ; « Défendons le service public de proximité » ; « Non aux mutations géographiques imposées ».
Une jeune fille, de forte carrure et maquillée à la truelle, se balade bras dessus bras dessous avec son compagnon. Une voiture passe dans la rue, le conducteur les alpague : « Ouais ! Elle est bonne ta meuf ! »
Un peu plus tard, à la place du mort un homme au crâne rasé me lance : « Pédé ! »
Je croise un arbre au tronc tagué.
Deux moineaux, des oisillons, frémissant des ailes et piaffant pour de la nourriture, se frottent dans le sable près de la rivière : des caprices ?
Je le remarque à chaque fois : quand je m'arrête dans un restaurant dont la première lettre jaune et rebondie fait écrire Stephen King à l'un de ses personnages qu'elle représente les mamelles de l'Amérique, les volatiles qui sont à l'affût de frites paraissent toujours ébouriffés, gras et en mauvaise santé.
Je déteste que des pigeons volent au-dessus de moi, car je m'attends exclusivement à une mauvaise surprise...
Un couple se promène avec leur marmot dans la poussette ; ce dernier semble fasciné par les oiseaux, sa mère lui disant : « Regarde, il y en a d'autres plus loin ! »
Quelques minutes s'écoulent ; une très vieille femme, au bras d'une femme moins marquée par l'âge, s'exclame : « Oh, regarde les moineaux ! »
Collées aux fenêtres de l'Hôtel du département (de l'Eure), à raison d'une lettre par feuille A4 : « Non à la mort des DDASS en janvier 2009 » ; « Défendons le service public de proximité » ; « Non aux mutations géographiques imposées ».
Une jeune fille, de forte carrure et maquillée à la truelle, se balade bras dessus bras dessous avec son compagnon. Une voiture passe dans la rue, le conducteur les alpague : « Ouais ! Elle est bonne ta meuf ! »
Un peu plus tard, à la place du mort un homme au crâne rasé me lance : « Pédé ! »
Je croise un arbre au tronc tagué.
Deux moineaux, des oisillons, frémissant des ailes et piaffant pour de la nourriture, se frottent dans le sable près de la rivière : des caprices ?
Je le remarque à chaque fois : quand je m'arrête dans un restaurant dont la première lettre jaune et rebondie fait écrire Stephen King à l'un de ses personnages qu'elle représente les mamelles de l'Amérique, les volatiles qui sont à l'affût de frites paraissent toujours ébouriffés, gras et en mauvaise santé.
Je déteste que des pigeons volent au-dessus de moi, car je m'attends exclusivement à une mauvaise surprise...
Un couple se promène avec leur marmot dans la poussette ; ce dernier semble fasciné par les oiseaux, sa mère lui disant : « Regarde, il y en a d'autres plus loin ! »
Quelques minutes s'écoulent ; une très vieille femme, au bras d'une femme moins marquée par l'âge, s'exclame : « Oh, regarde les moineaux ! »
mercredi 11 juin 2008
La comédie hymen
Le Canard enchaîné, édition du 4 juin 2008
Tous droits réservés.
L.-M. H.
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L.-M. H.
La question posée par le désormais fameux jugement du tribunal de Lille est sans doute plus sérieuse que le débat qui a fait, depuis une semaine, la fortune des zincs et des plaisanteries égrillardes sur la virginité, qualité « essentielle » ou accessoire d'une jeune épousée. Le juge procède en deux temps. Primo, le mariage peut être annulé s'il y a eu erreur ou tromperie sur une « qualité essentielle » d'un des époux. Jusqu'ici, tout va bien : c'est ce que dit l'article 180 du Code civil. Et on peut concevoir que la dissimulation d'une impuissance ou d'un grave trouble mental puisse être considérée comme une tromperie sur une « qualité essentielle ».
Deuzio, la juge observe que le mensonge relatif à la virginité de la jeune femme est avéré, puisque reconnu par les deux époux. La virginité serait-elle donc une « qualité essentielle » ? Contrairement à ce qui a été expliqué et écrit un peu partout, le jugement ne le dit pas. Il dit simplement que cette qualité a été « perçue » comme essentielle et « déterminante » par le mari, et aussi finalement par la femme, qui s'est ralliée à cette position. En d'autres termes, la virginité n'est pas du tout élevée par ce jugement au rang et à la dignité de « qualité essentielle » d'une candidate au mariage. Mais c'est la perception qu'en avaient les époux qui justifie l'annulation.
« Perception » ? Il s'agit à l'évidence de croyance ou de tradition religieuse. Les époux étaient musulmans. Et les familles attendaient, avec cet épouvantable rite du drap taché, la présentation d'une preuve de la virginité de l'épouse. Le scandale et la demande d'annulation sont venues de l'humiliante impossibilité dans laquelle le mari s'est trouvé, au soir des noces, de présenter le trophée. Ce fut là sa « perception ».
Est-ce à dire qu'une autre perception pouvait justifier une autre décision du tribunal ? Il y aurait une interprétation du Code civil à l'usage des musulmans, une autre pour les Juifs, une autre encore pour les chrétiens. Encore faudrait-il affiner selon les chapelles, tendances et sous-tendances, traditionnelles, libérales, intégristes. Le tribunal déboutera-t-il le libertin qui aurait l'effronterie de prétendre que la virginité a pour lui quelque prix, tandis qu'il donnerait raison au barbu enturbanné venu présenter la même demande ?
Les juges de Lille ont inventé la justice à géométrie religieuse variable. Chacun peut y apporter ses préjugés, ses croyances, ses fantasmes. Quelque jour prochain, un bouddhiste viendra demander l'annulation de ses noces parce que la promise a, volontairement, écrasé une mouche. Ou un Juif parce qu'elle a allumé l'électricité un samedi. Ou encore un mari qui découvrira que son épouse est sarkozyste, ou qu'elle n'aime pas le foot.
Et si les tribunaux, de Lille et d'ailleurs, s'en tenaient aux « qualités essentielles » de Marianne, même si la vertu de notre République a parfois été bien malmenée par l'histoire ?
Deuzio, la juge observe que le mensonge relatif à la virginité de la jeune femme est avéré, puisque reconnu par les deux époux. La virginité serait-elle donc une « qualité essentielle » ? Contrairement à ce qui a été expliqué et écrit un peu partout, le jugement ne le dit pas. Il dit simplement que cette qualité a été « perçue » comme essentielle et « déterminante » par le mari, et aussi finalement par la femme, qui s'est ralliée à cette position. En d'autres termes, la virginité n'est pas du tout élevée par ce jugement au rang et à la dignité de « qualité essentielle » d'une candidate au mariage. Mais c'est la perception qu'en avaient les époux qui justifie l'annulation.
« Perception » ? Il s'agit à l'évidence de croyance ou de tradition religieuse. Les époux étaient musulmans. Et les familles attendaient, avec cet épouvantable rite du drap taché, la présentation d'une preuve de la virginité de l'épouse. Le scandale et la demande d'annulation sont venues de l'humiliante impossibilité dans laquelle le mari s'est trouvé, au soir des noces, de présenter le trophée. Ce fut là sa « perception ».
Est-ce à dire qu'une autre perception pouvait justifier une autre décision du tribunal ? Il y aurait une interprétation du Code civil à l'usage des musulmans, une autre pour les Juifs, une autre encore pour les chrétiens. Encore faudrait-il affiner selon les chapelles, tendances et sous-tendances, traditionnelles, libérales, intégristes. Le tribunal déboutera-t-il le libertin qui aurait l'effronterie de prétendre que la virginité a pour lui quelque prix, tandis qu'il donnerait raison au barbu enturbanné venu présenter la même demande ?
Les juges de Lille ont inventé la justice à géométrie religieuse variable. Chacun peut y apporter ses préjugés, ses croyances, ses fantasmes. Quelque jour prochain, un bouddhiste viendra demander l'annulation de ses noces parce que la promise a, volontairement, écrasé une mouche. Ou un Juif parce qu'elle a allumé l'électricité un samedi. Ou encore un mari qui découvrira que son épouse est sarkozyste, ou qu'elle n'aime pas le foot.
Et si les tribunaux, de Lille et d'ailleurs, s'en tenaient aux « qualités essentielles » de Marianne, même si la vertu de notre République a parfois été bien malmenée par l'histoire ?
Libellés :
Dieu ; ses dégâts,
Le Canard enchaîné
mardi 10 juin 2008
« Cela signifie que l'on a fait passer sa propre vie au second plan, que quelque chose a si fortement happé l'attention qu'elle en a décoloré tout ce qui vous entoure ; voilà ce que j'appelle une conduite extrême. »
Déstabilisé, l'autre valse des pieds, tricote des doigts et roule des yeux.
« Comment voulez-vous que j'arrête le chocolat ?! »
Déstabilisé, l'autre valse des pieds, tricote des doigts et roule des yeux.
« Comment voulez-vous que j'arrête le chocolat ?! »
(FiN)
lundi 9 juin 2008
« Mourir d'un fou rire, s'éteindre en faisant l'amour, disparaître pendant son sommeil : pour soi, ce sont des fins sublimes ; le suicide, non. »
« L'amour, la vie, l'amour de la vie sont des notions inestimables (quoique j'en doute parfois pour nos jours), de toute beauté. »
« Lorsqu'on se suicide, le message envoyé est que l'on a perdu le goût en elles, on a renoncé à percevoir et recevoir le beau en elles ; ce qui est terrible. »
« L'amour, la vie, l'amour de la vie sont des notions inestimables (quoique j'en doute parfois pour nos jours), de toute beauté. »
« Lorsqu'on se suicide, le message envoyé est que l'on a perdu le goût en elles, on a renoncé à percevoir et recevoir le beau en elles ; ce qui est terrible. »
dimanche 8 juin 2008
samedi 7 juin 2008
« Se placer en équilibre promet un va-et-vient salutaire entre les autres positions ; le piège est de ne pas se sentir tiraillé entre elles et de paraître opportuniste. »
La tiède humidité ne permettrait pas un séchage rapide ; les vêtements collaient à la peau, mais qui s'en souciait ?
« L'équilibre n'est pas synonyme d'immobilisme ; la stabilité n'empêche aucunement d'évoluer. »
La tiède humidité ne permettrait pas un séchage rapide ; les vêtements collaient à la peau, mais qui s'en souciait ?
« L'équilibre n'est pas synonyme d'immobilisme ; la stabilité n'empêche aucunement d'évoluer. »
vendredi 6 juin 2008
« Que dois-je faire : avaler sans discuter ce que j'entends, ou mettre tout systématiquement en doute ? »
La pluie n'avait pas chassé cette brumeuse cristallisation atmosphérique qui en aurait dérangé plus d'un.
« Le problème est la dichotomie que les hommes appliquent indifféremment à n'importe quel type de sujet, ou de questionnement. »
La pluie n'avait pas chassé cette brumeuse cristallisation atmosphérique qui en aurait dérangé plus d'un.
« Le problème est la dichotomie que les hommes appliquent indifféremment à n'importe quel type de sujet, ou de questionnement. »
jeudi 5 juin 2008
« La nuit rend le monde cotonneux ; toute idéologie - religieuse, sociale, économique... - et ses médiats insufflent du chloroforme dans le cerveau des gens. »
« Les extrêmes ne payent qu'en violence. »
« Les traditions héritées deviennent tout aussi intransigeantes, alors qu'elles devraient tenir lieu de repères pour, paradoxalement, s'émanciper. »
« Les extrêmes ne payent qu'en violence. »
« Les traditions héritées deviennent tout aussi intransigeantes, alors qu'elles devraient tenir lieu de repères pour, paradoxalement, s'émanciper. »
mercredi 4 juin 2008
mardi 3 juin 2008
« "Croire n'est pas penser", ai-je l'habitude d'affirmer ; le problème étant : tu t'appuies sur les croyances d'autrui pour en former des propre à ta personne, ces individus s'appuient ensuite sur les tiennes, formant un cercle de croyances. »
« La question se résumerait donc à : "Qui veux-tu croire ?" »
« Pas tout à fait, elle serait plutôt du genre "Si ce n'est par la pensée, à quel moment naît la croyance ?" »
« La question se résumerait donc à : "Qui veux-tu croire ?" »
« Pas tout à fait, elle serait plutôt du genre "Si ce n'est par la pensée, à quel moment naît la croyance ?" »
lundi 2 juin 2008
Tandis que l'eau crépite sur leurs épaules, le tambour cardiaque résonne plus profondément.
« Parfois, chercher est épuisant, s'abandonner est reposant ; ce n'est pas l'idée d'une défaite, c'est un rebond. »
La figure dégoulinante, l'autre acquiesce ; il passe une main sur son visage, envoyant valser d'innombrables projectiles.
« Parfois, chercher est épuisant, s'abandonner est reposant ; ce n'est pas l'idée d'une défaite, c'est un rebond. »
La figure dégoulinante, l'autre acquiesce ; il passe une main sur son visage, envoyant valser d'innombrables projectiles.
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)
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