lundi 13 juin 2005

(Une heure, quelque part entre dimanche et lundi)
J’écris sur cette feuille de papier. Ma plume file doucement de gauche à droite, laissant le sillon d’encre se faire absorber par la cellulose. Je n’ai que ma lampe de bureau d’allumée. Ce bureau est couvert de paperasses, de livres, de vêtements, bref, il est foutrement en bordel, et j’ai le sourire qui vient aux lèvres à cette vision.
Derrière moi, ma fenêtre est close, le volet descendu. Il suffit que je ferme les yeux pour savoir qu’il fait nuit, le ciel est dégagé, constellé de points clignotants. Il me suffit de fermer les yeux, et la Voie Lactée m’entraîne dans ses champs d’étoiles, dans le froid sidéral. Cette fraîcheur, je ne la ressens pas. Il me suffit de fermer les yeux, et je caresse doucement la surface de la galaxie, les étoiles me chatouillant la paume comme je l’aurais ressenti avec des épis de blé. Je nage dans cette mer de poussière interstellaire. Je vois ma planète de l’espace, éclairée de profil par le soleil (si tant est qu’une sphère possède un profil), et je me dis que c’est une des manifestations les plus belles que Dame Nature puisse m’offrir, et ma vue se brouille.
C’est l’instant de la journée où je me sens le mieux, où j’ai le droit d’oublier qui je suis, pourquoi je salis cette page de mes hiéroglyphes, à ne pas me soucier de ce que demain sera fait.
On renaît sans cesse. La nuit consacre à la purification absolue de nos corps, de nos esprits. Je sais que demain matin, en traînant des pieds dans le salon tout en me battant pour avoir le journal, je ne serais plus dans l’état d’esprit dans lequel je m’inspire maintenant, grâce auquel je rédige ces lignes. Je sais que demain matin, lorsque je relirais ce texte, il me restera un vague souvenir de cet instant, mais qu’il me faudra l’abandonner pour lui permettre de prendre tout son sens.
J’aime le noir de la nuit, car il nous jette à la figure notre solitude psychique et provoque un face-à-face avec soi. C’est le seul instant vrai de la journée, celui où l’éclairage diurne s’efface, celui où apparaît les aspérités et le contact rugueux de notre conscience : l’instant de la libération créatrice. Le matin, je dois malheureusement le révéler, le sommeil a fait le lavage, rinçage, séchage, repassage et archivage de nos pensées. C’est trop net.
Le brut de la nuit m’attire davantage. Là sortent les meilleurs concepts, les réflexions les plus abouties. La fatigue est un frein. Un moment il faut savoir aussi s’arrêter. Je n’aimerais pas être insomniaque.
La nuit, toutes les idées sont de sortie.

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Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)