samedi 25 juin 2005

Je supporte rarement la vue d’un insecte. En particulier ceux qui volent. Ici je vais tenter de vous illustrer le pourquoi de mon dégoût.

- les « Invisibles », les plus petits, peuvent se faufiler dans n’importe quel interstice, et c’est ça leur principal nuisance. Combien de fois je ne m’en suis pas pris dans l’œil, et qu’à force de me frotter les quidams pensaient que j’avais une conjonctivite ? Les éphémères sont les champions dans ce domaine : si ce n’est pas l’œil, c’est tout droit dans une narine, la bouche ou l’oreille. Quand c’est la narine, c’est rare de les retrouver scotchés à la morve lorsque l’on fouille avec le doigt, et je me demande alors ce qu’il leur est arrivé au plus profond de mes cavités nasales… Il y a certaines choses que l’on ne souhaite jamais savoir. Quand c’est la bouche, on a beau cracher, ce salopiaud reste bloqué on ne sait trop où, on le sent quelque part, mais pour le déloger c’est impossible. A ce moment-là il y a toujours un malin pour vous dire « ce n’est pas grave, ça te donnera des protéines ! ». Bon appétit bien sûr. Enfin, quand ils s’approchent de l’oreille, c’est toujours de manière furtive, accompagné de ce petit bruit strident très désagréable, ce bruit qui semble ne jamais vouloir partir. On a alors beau fouetter l’air alentour, ils reviennent toujours à la charge, à croire qu’ils prennent le trou d’oreille pour un garage d'aéroclub !
- les « Moyens-Vicelards » sont repérables à leur façon de voler : jamais en ligne droite, car leur plan de vol c’est de l’improvisation totale. Mais leur objectif final reste le même : vous et le sang si doux qui coule dans vos veines… Miam miam. Les moustiques sont les maîtres incontestés de cette catégorie. Plus casse-pieds, ça n’existe pas. Je ne compte plus les nuits où je me suis levé pour écraser impitoyablement l’un d’entre eux. Casus belli ? Passages intempestifs devant l’oreille avec réveils en sursaut, option cassage de figure du lit. Si le lieu d'impact du bâtard que vous avez écrasé est auréolé d’une tache rouge, il sera bientôt temps de vous gratter. Et quand ils ne se font pas repérer, c’est incroyable avec quelle sournoiserie réfléchie ces salauds s’infiltrent façon Solid Snake jusqu’aux endroits les plus chauds et tendres de l’anatomie… La spéléologie est un loisir dangereux, surtout sous les couettes. La pire surface de peau d’où ils peuvent extraire leur pitance est sans conteste l’aine. Pour un mec on a tendance à croire qu’il se gratte les cou....s en permanence (conseil : si votre homme vous sort ça comme excuse en plein hiver, c’est louche). Pour les filles il est commun que ces inconscients préfèrent festoyer sur leur postérieur, ce qu’il est difficile de cacher à la plage avec un maillot brésilien et une peau encore claire. Le truc qui me fait flipper c’est de penser à leur dard s’enfonçant dans l’épiderme, et qu’ils pompent la liqueur de vie sans permission. On est semblable à des champs de pétrole à ciel ouvert, pour eux. Pas de doute, les moustiques sont les pires.
- les « Moyens-Opportunistes », ce sont tous les insectes s’apparentant aux mouches : les vertes, bleues, à merde, les taons… Inratables, les mouches sont les plus fidèles copines de l’homme et de l’arrière-train des vaches. Les vertes et bleues de couleur flashy me lèvent le cœur, sachant qu’elles servent dans la criminologie à dater les cadavres selon leur ordre d’apparition, ou qu’elles aient pondu ou que leurs larves farfouillent déjà dans les chairs mortes. Je mets un point d’honneur à les virer de ma chambre, en espérant qu’il n’y ait pas de raison à leur visite impromptue. Elles sont vraiment répugnantes avec leur corps, leur bruit de ventilateur de poche, leur couleur… :-/ Les mouches domestiques sont aussi irritantes, elles restent en hauteur, dégueulassent le plafond ou le plancher avec leur minuscules crottes, polluent auditivement à cause de leur battements d’ailes incessants « Bzzzz »… Je me rappelle chez ma Mamie des concours d’éclatage de mouches à mains nues : « Ouais ! C’est ma quinzième ! » Qu’on les écrase sur les crêpes ou le beurre fondu, Mamie était contente. Quelle chouette époque… Aujourd’hui, rien en vaut la bonne tapette à mouches. C’est plus meurtrier pour ces nids à microbes volants, qui, atteintes par le plastique foudroyant, voient leurs abdomens exploser sous la violence du choc. Ce n’est pas très appétissant comme approche, mais quand on s’imagine où elles pouvaient être un quart d’heure plus tôt, on n’hésite plus : dégustant le besoin encore fumant d’un clébart, ou pire, s’abreuvant des gouttes de sueur perlant sur le crâne chauve de votre voisin(e)… Rien que d’y penser, ça fait rêver.
- les « Tankers » ou poids-lourds des insectes sont les plus évolués et plus appréciés. Les abeilles ne me posent plus de problèmes, de même que leurs cousines les guêpes : il suffit de ne pas les énerver. Les guêpes sont tout de même davantage virulentes car elles s’excitent plus vite. Mais le tanker le plus sympathique reste le bourdon. A chaque fois que j’en voie un, j’ai l’impression de voir au gros pataud qui vit sa vie tranquillement, seul dans son monde. C’est le summum de l’insecte moderne et du célibataire endurci. Je me demande comment ils font pour se reproduire et perpétuer l’espèce.

Bref, on retrouve chez les insectes volants certains caractères humains : les fouilleurs de merde, les pantouflards, les hétéroclites, les pervers, les risque-tout… On a quelques enseignements à en tirer, il faut juste réussir à les comprendre. Sacrées bestioles.

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