jeudi 19 février 2009

Impression, mirettes chatoyantes

(Texte rédigé vers la fin novembre 2005 ; le style, les fautes et la naïveté sont d'origine.)

Il ne faut pas croire que le regard se borne aux yeux. Il est nécessaire de prendre en compte l'atmosphère qui s'en dégage. Elle est composée d'une myriade de paramètres qui, combinés à l'instant du contact visuel, nous permet de différencier un échange d'une dimension inoubliable d'un coup d’œil bovin.
Peu importe ma vie. Ce que je veux relater ici, ce sont deux regards que la même fille m'a jeté ce matin. Je ne la connais pas, et c'est une considération essentielle à retenir, afin d’envelopper cette anecdote d'une légère sensualité vraie.
Nous avions juste une seule matière en commun dans la semaine, néanmoins il ne me fallut pas plus de deux secondes le premier jour pour qu'elle éclipse les autres filles. Le professeur avait comme habitude de faire ses cours dans une classe plongée dans la pénombre, parce que pour le compléter, il utilisait de nombreuses diapositives montrant des œuvres d'art.
La salle se remplissait, je me plaçais en bout de table à gauche. La fille s'installa trois rangées devant moi. Elle est dans l'ombre partielle d'un rideau, moi dans la lumière blafarde d’une fenêtre.
Elle s'assoit, puis elle va tâcher d'enlever son manteau la protégeant du froid. D’un geste fluide elle se retourne pour poser ce vêtement sur le dossier de sa chaise. Sans précipitation, elle en débarrasse ses épaules (nues, car en dessous son pull en laine noir à grosses mailles a un col large) et dans la continuité du mouvement, sa tête pivote, et elle braque ses yeux dans les miens. Je n'ai pas bougé dans ma contemplation alors qu'elle se déshabillait, et il n'y avait aucun voyeurisme dans mon regard. Je sais qu'elle le sut puisqu’il n'y eut pas une trace d'indifférence dans ce qu'elle me raconta.
J'avais mes yeux plongés dans les siens, pourtant l'image que j'en garde est ce visage blanc, le cou et les épaules dénudés pudiquement sans trop le paraître, l'ensemble entouré des teintes sombres de ses cheveux et de son habit.
Elle décrocha un instant trop tard qu'il ne fallait pour un coup d’œil de circonstance. Les émotions qui m'assaillirent me tourmentèrent toute la première heure. Cette énergie passionnelle inconsciente que m'avait transmis cette fille à travers son regard... Extraordinaire. Je ne sais pas si j'eus le coup de foudre, mais j'avais dû mettre mes doigts dans une prise électrique pour avoir une telle chair de poule. Cette volupté secrète et irrésistible qui s'en dégageait n'aurait pu laisser un homme de marbre.
Quand je levais la tête pour écouter le professeur décrire les esquisses du Bernin ou les colonnades jumelles de la façade Est du Louvre, ce que je voyais d'abord était sa nuque douce et opaline subjuguant l'obscurité. Ce n'était pas obsessionnel, j'étais simplement marqué. Aucune chance d’obliquer. Un traumatisme oculaire.

Le professeur décréta une pause. Je n'en attendais pas moins pour respirer. J'en profitais également pour discuter et m'aérer un peu l'esprit. La salle débouche dans un couloir menant à un espace de circulation agrandi. Je patiente dans cet endroit avant la reprise. Pas question pour moi d'aller me geler dehors et d'en plus subir les émanations goudronneuses d'autrui.
J'en viens à évoquer avec un ami la demoiselle m'ayant irradié de par en par, et j'expliquais donc son positionnement à grands renforts de gestes lorsque je m'aperçois qu'elle est à moins de trois mètres en compagnie de deux de ses amies.
Elle m'a regardé, la tête légèrement penchée en avant, un sourire flottant sur les lèvres. A la lumière du jour, tout se métamorphose, et son charme, que je croyais déjà avoir vu atteindre le sommet de l'Everest, transperça la stratosphère.
Ce sourire, de nature si subtile, s'accordait tellement merveilleusement avec ce regard et ce visage que j'en suis resté bouche bée, ébahi. Je réengageais difficilement mon attention vers mon ami, et riais ensuite aux éclats pour me libérer de cette torpeur.

Les yeux et par extension le regard sont les indices les plus authentiques sur la personnalité, l'état d'esprit et physique de quiconque. Le regard ne ment pas, que vous soyez comédien ou mythomane dans l'âme. De même qu’une femme dite fatale joue constamment de ses atouts. Elle use du faux en permanence et ne peut pas être digne de confiance sur ses intentions. Tandis que cette fille devant moi était naturelle, et contrairement aux femmes séductrices, ce fut l'inconscience d'être ce qu'elle était qui m'a touché.
Et, au-delà, ce regard mi-amusé mi-subjectif m'a permis de commencer à connaître cette fille, sans jamais lui avoir adressé la parole.

2 commentaires:

Gauvain a dit…

C'était qui, la fille, c'était qui ? Et le copain, c'était qui, c'était qui ?
vivement samedi, ouais gros !!!!

Yohann a dit…

Une fille, tu sais bien, en histoire de l'art... Une très jolie brune (encore une). Et le copain, c'était toi, il me semble.

Ouais, vivement samedi !

(Et désolé pour la raréfaction temporaire des articles, actuellement je trime sur mes dossiers de candidature pour les IUT. Mais je continue d'écrire, youpi.)

Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)