Une main s'égare sur la joue, cherche maladroitement l'endroit où l'épine de froid de la goutte s'est faite sentir. Tout s'est déjà évaporée.
L'enfant s'est redressée, appuyée contre le tronc d'un somptueux arbre, les jambes croisées. Elle a dégagé la capuche, et une cascade de cheveux roux doré s'est déversé dans son dos. Le phénomène étrange de sa peau semble aux prises aussi avec ses cheveux : la teinte se modifie sensiblement selon l'exposition au soleil.
Des picotements voyagent dans son corps, et ces petits crépitements organiques la chatouillent plaisamment.
Se retournant sur un côté, elle appose la main libre sur le tronc. Sa sensibilité lui permet de capturer la moindre nuance de l'écorce, de sa texture : d'infimes sillons, craquelures, bosses. Tout ce qui, en somme, paraîtrait pour malformation. Pourtant, ces stigmates ne sont pas apparus de façon anodine, il faut nécessairement qu'il y ait une raison à leur existence. L'arbre ne peut, dans sa nature même d'arbre, avoir créer sans utilité aucune de ces traces, ce qui signifie qu'il eût à subir des agressions. L'arbre dut s'adapter en conséquence : ces sillons, craquelures et bosses sont les cicatrices, les réponses. Ils contribuent au final à raconter une histoire, son histoire, et également assurer son identité.
L'enfant ressent de la tristesse vite remplacée par une conviction nouvelle : elle s'est éveillée pour entamer une histoire, la sienne. Et alors que cette pensée se forme en elle, ses doigts parcourant l'écorce sentent une pression étrange, semblable à un faible coussin d'air chaud. Dans le même instant, une porte s'ouvre en elle avec un déclic, et son bien le plus précieux lui est donné : son nom.
Gaya.
Ainsi commence son histoire.
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