mercredi 28 juin 2006

_Voilà, j'ai pris ma décision.
_Je la sentais venir. C'est la raison qui a parlé. La voix du coeur n'a pas pu grand-chose, en réalité.
_Je sais que c'est une des plus importantes décisions que j'ai dû prendre. Elle peut sembler complètement déraisonnable, à contre-courant du bon sens.
_Va s'ouvrir un monde absolument différent de tout ce que j'ai connu jusque là. Ce n'est pas plus mal. J'en ai besoin. Grand besoin.
_Je m'y adapterai.
_Vous n'avez pas deviné ?
_Quoi qu'il arrive, reçu ou pas à l'IUFM de Bretagne, je partirai pour celui de Créteil, où j'ai été admis.

_(Malheureusement, s'il y a une limite financière, cela ne pourra que contrer mon envie de départ...)

mardi 27 juin 2006

Et maintenant, nous prenons en direct Yohann pour un petit reportage en usine… Yohann, vous m’entendez ? C’est à vous.

Deux nouveaux personnages font leur apparition, et quels phénomènes ! Commençons tout de suite par Hubert, alias Cousin Hubert, un Antillais d’origine avec un léger accent chantant dans la voix. Morceaux choisis :
« Ah mais je sais que tu es raciste Raymond (ironique), c’est pour ça que je ne t’ai rien dit. Sinon je t’aurais présenté des femmes, hein, des femmes qui en demandent ! Des femmes qui recherchent des hommes ! »
Raymond : « Oahoa… », un peu penaud. Moi je suis plié.

« Tiens, regarde mon horoscope (Il désigne une page du Journal-Feuilles-de-Choux). Y’a marqué ‘grosse baise’, ‘grosse-grosse baise’. Je t’assure ! Regarde ! Ha, Raymond, tu sais comment y aller avec les femmes, hein ? Faut pas le faire comme ça ! (Il mime un culbutage vigoureux) »
Raymond, se réveillant soudain : « Ah oui ! Faut pas être brutal, bien sûr ! Oahoa. »
Hubert : « Oui, doucement… Comme ça… (Gestes langoureux) Doucement… J’te jure ! Grosse-grosse baise. »

« Hé Jacky, laisse tomber avec moi. Chuis pas fait pour toi. »
Jacky : « Ah mais moi je veux rien. »
Hubert : « Ah bon ? Vu la manière dont tu me regardais, y’avait pas de malentendus possibles ! »
Jacky : « Ah mais je t’assure. »
Hubert : « Parce que je peux te montrer quelque chose que t’as jamais vu. (Eclat de rire général) Et en plus elle est noire ! »

« …Même dans les fêtes bretonnes, là… (Il singe une danse avec les auriculaires) »
Moi : « Les fest-noz ? »
Hubert : « Oui, voilà, les fest-noz. Tu chopes quand tu veux. J’te jure ! (Il part dans une liste de lieux : Marty’s Bar (?), les Quarantièmes, le Baobab à Brest…) Le Baobab, quand j’étais jeune (parce que maintenant j’ai tout c’qu’il m’faut à la maison), on rentrait dedans avec une bande de dix, et on en sortait avec une chacun, tout le temps ! Et puis après, c’était tous dans la soute ! Tous dans la soute ! »


Mercredi de la semaine dernière
J’entends Raymond du couloir :
« Y’a les haricots qui sont en train de sortir ! »
Lui évoquait son potager, mais la perche est trop tentante. Les autres enchaînent, devant Raymond qui tarde à comprendre :
« Y’a mon poireau qui va sortir aussi, mais pour autre chose ! » « Moi c’est une courge bien mauve. » « Personnellement je n’ai rien contre un broutage de laitue… »
Les expressions légumières tendancieuses fusent. J’ai beau rire, je me dis que ces mecs n’ont que le cul en tête… ou le cerveau dans le scrotum, au choix. L’essentiel, c’est peut-être que ça met la bonne humeur dès le matin.

Même jour, en pause. Le Journal-Feuilles-de-Choux a un supplément Petites annonces, et Jacky s’en empare. Il se met alors à disséquer et à « commenter » les annonces concernant les recherches d’un compagnon masculin.
« ‘Femme de 82 ans cherche homme entre 20 et 40 ans…’ Manque pas de culot celle-là ! »
Pendant ce temps, Gaël, qui nous avoue que son ex-femme l’appelle tous les trois jours pour, je cite, « ne rien dire », raconte une rencontre avec une femme, la veille au soir.
« Tout ça à cause de mon clébard qui lui grognait dessus à chacun de ses passages à vélo… Forcément elle s’arrête. Elle me dit qu’elle me trouve mignon, et tout. Au bout d’un moment elle m’énerve et j’lui dis : ‘Tu veux pas tirer ton coup non plus ?!’ Elle me répond oui ! Attends, elle avait 52 balais… Ah bah désolé m’dame, j’en ai deux fois moins que vous… »
Raymond, bien qu’affichant un air absent, suit tout de même les affres papetières de Jacky. Au détour d’une annonce, il lance :
« Tout ça c’est pour dépenser ton argent, que c’est. Tout bouffer ! Moi qui suis double millionaire, pas la peine ! Les femmes, j’te jure ! »
Didier, l’autre bonhomme que j’avais oublié de mentionner (pourtant c’est un chaud du slip de première catégorie ! Hallucinant), lance de sa voix grave et basse :
« Ouais, toutes des chiennes. »
Lui non plus ne fait pas dans la demi-mesure…
« Ça me rappelle une, dans la boîte où j’bossais avant. A chaque fois c’était la même chose : ‘Didier ? Tu pourrais venir ? J’ai un souci dont il faut que j’te parle…’ ‘Pas de problème’ (sourire en coin). J’arrivais dans son bureau de secrétaire, elle était les jambes écartées, prête à l’emploi. » Le pauvre Raymond est tout éveillé.
Jacky, quant à lui, est un peu désabusé : « Bah moi à chaque fois que j’les regarde elles détournent le regard, alors… »
Finalement, des deux sexes, on ne sait pas trop qui en demande le plus, à croire ces zigues-là ! Ne vous offusquez pas pour rien, je ne me fierais pas à leurs témoignages. Ce sont des requins.

mercredi 21 juin 2006

De nouvelles pérégrinations dans le monde sauvage et sans pitié de l’usine.

Petit-Pow : « Hé, quand même, elle est pas mal Ségolène Royal, hein ? »
Rire général. Le pauvre Petit-Pow se défend comme il peut.
Le lendemain, sur le site du Nouvel Observateur, je tombe par hasard sur une brève : le top 100 FHM des femmes les plus belles du monde. Sixième position : devinez…

Raymond me cause (il faut dire qu’il a l’habitude de vous parler de tout et n’importe quoi aux moments auxquels on s’attend le moins) :
« Moi chus riche hein, j’ai la maison de mes parents qui vaut deux cents patates, deux millions quoi. »
Je le regarde sans comprendre. Il prend ça comme une invitation à poursuivre.
« Oahoa. Et pis la mienne vaut 90 patates, neuf cent mille ! »
« En effet, tu es plutôt riche ! »
« Oahoa, mais ça faut pas l’dire hein ! Hé ho. » Il rajoute ceci, en me fixant de ses grands yeux éberlués : « Manque plus qu’la bague au doigt. » Il mime le geste en secouant de la tête, avec un sourire presque gêné.
Je me fais curé s’il trouve une femme avant la fin de mon contrat.

Jacky : « Hé, Petit-Pow [NdY : je change les noms exprès], t’as pas regardé le satellite hier soir ? »
P-P : « Bah si, tu sais bien, Planète Choc ! Rah la vache, c’est dingue comme chaîne ça ! C’est ma chaîne préféré. »
Jacky : « Nan mais t’as vu le film de cul ? Ah c’était nul, on voyait pas le bas et à peine les nichons. C’était nul. Un film sur les bonnes sœurs que c’était. Je sais pas ce qu’elles avaient de bonnes, parce qu’on ne pouvait rien reluquer ! »
P-P : « Mais t’as pas Canal + ? »
J : « Bah non… »
P-P : « Regardes-y le film de cul, tu vas être servi ! »
Un sacré rentre-dedans, celui-là…

Hier matin. Raymond arrive en voiture. En général, j’arrive la même minute que lui, et je le regarde en souriant. Il met cinq secondes (sans exagérer) à me reconnaître, avant de secouer de la tête, la figure transie de joie.
« Comment qu’c’est ton prénom, déjà ? Errr-Ouanne ? »
« Non, moi c’est Yohann. »
« Ah oui, J’me rappelle jamais ton prénom… »
Petit rire. « Ce n’est pas grave, Raymond. »
Quelques instants plus tard, dans le couloir des vestiaires :
« Ah, aujourd’hui j’ai pris la Saxow de ma mèare. Ma voiture qu’est en panne, tu vois. »
« C’est triste, ça. » Je ne savais pas trop quoi répondre.
Plus tard, après la pause, en plein démoulage des plaques bleues (travail très dur) :
« J’ai pris la voiture de ma mèare. Une Saxow que c’est. »
« Ah oui. C’est une ZX que tu as autrement, non ? »
« Nan ! Une Xsara. »
Hochement de tête.
« C’est la courroie de transmission. Elle est au garage, là. J’la récupère demain. Fallait pas tomber en panne avec, quoi. »
« C’est sûr que c’est plus grave qu’une panne d’essence. »
« Oahoa. »
Fin de journée, dans le couloir des vestiaires :
« Ah, demain j’récupère ma voiture. »
C’est ce qu’on appelle une idée fixe.

vendredi 16 juin 2006

_Chaque année c’est la même rengaine, il y a une période où il fait trop chaud. Le temps orageux, les mouches qui volent, la fatigue qui s’accumule…
_Il va falloir que je m’accroche jusque fin août à bosser en usine. Me lever à 5 heures sera (est) un véritable supplice. Il est vrai que je pourrai voir quelques matchs du Mondial, mais je serai tellement exténué… A ce propos, j’atténue mon intérêt pour le football après ce Mondial. Je ne suivrai plus que la Ligue des Champions avec Lyon, l’Euro et la Coupe du monde.
_La seule chose (c’est bien la seule chose d’ailleurs) qui fait que je m’accroche est de savoir que des sous rentrent sur mon compte chaque jour ouvré. Je vais ENFIN pouvoir me prendre un ordinateur. Dès la première fiche de salaire dans les mains, je m’en prends un. Mon cadeau d’anniversaire, en somme (même si je me suis déjà pris trois énormes bouquins qui à eux trois rassemblent près de 3300 pages ! o_O).

_Et puis vous verriez le niveau à l’usine… J’espère ne jamais devenir ainsi. Six protagonistes principaux : le Toulouzingue (c’est le chef d’équipe), Raymond alias Oahoa (pour « ouais ouais » ; un vieux ressemblant à Bourvil avec des yeux d’halluciné), Petit-Pow (je le surnomme comme ça depuis qu’il a parlé légumes avec Raymond), Gaël (celui qui bosse le plus en ma compagnie sur les lignes), Jacky (vieux pervers faisant la critique des films de charme passés la veille sur le satellite), Sylvain (un mec qui peut rester immobile les mains dans le dos pendant des heures).

_Ce qui suit se passe la semaine dernière.
_Jeudi, G. arrive en retard, et nous annonce que sa femme l’a quitté, avec en message d’adieu un superbe SMS contenant « Je me barre ». Bon, déjà, sans explication sur la fuite, c’est difficile à comprendre.
_Vendredi, il débarque passablement énervé, et déclare que sa femme est à Perpignan avec son amant et qu’elle le trompait depuis février. Moi je suis un peu indigné, mais les autres sont extraordinairement outrés.
_Petit-Pow se démarque avec un « Changement de pâturages, les veaux sont contents ». Appréciez…
_La pause arrive à point nommé, G. s’est énervé sur les machines tout l’après-midi (elles le lui rendaient bien, explosant tous les quarts d’heure des sacs de viande). Il dit qu’hier soir sa femme avait des remords et que l’autre ne voulait plus d’elle, mais que ce matin c’était de retour l’idylle parfaite, là-bas dans le Sud. Raymond, célibataire endurci, s’exclame : « C’est vraiment les femmes qui mentent le plus, y’a pas à dire. » Il fut de loin le plus estomaqué par cette affaire.
_Nouveau feu d’artifice, G. dit : « Et en plus, elle m’envoie un SMS où elle dit qu’le mec fait de plus de choses que moi au pieu et mieux que moi. »
_Tollé général. Heureusement que je mâchais un morceau de sandwich, parce que j’aurais ri aux éclats devant leur réaction ! Ah les mecs, dès qu’on touche à leur virilité…
_Petit-Pow rajoute une couche : « Mow, si ma femme me faisait ça, même pas la peine qu’elle remette les pieds à la maison. J’lui démolis le portrait, clair et net ! »
_G. : « Ah mais, elle revient pas ! Moi je change la serrure. Et puis pareil, j’lui pète sa gueule. »
_Petit-Pow : « J’ai un cousin, une fois l’est rentré chez lui et il a trouvé sa femme au plumard avec un autre. L’est descendu dans sa cuisine, a pris une poêle, et vlan ! Un coup dans la gueule de chacun ! Ensuite il a pris les affaires de sa femme, les a balancés dehors et il a mis le feu. »
_G. : « Toute façon, samedi j’me prends une cuite avec mes collègues et je pars choper à Laz. »
_Petit-Pow : « C’est clair. Celui qu’arrive pas à choper à Laz est vraiment un nul. »
_G. : « C’est clair. Et puis j’la ramène chez moi et je fais mousser le créateur. Et le lendemain, basta. »
_Le tableau ne serait pas complet en se sachant pas qu’ils sont mariés depuis janvier 2005, qu’elle en est à son deuxième mariage, et qu’elle a 22 ans… Attendez-vous à d’autres anecdotes dans ce style-là, il va en pleuvoir…

jeudi 15 juin 2006

Hommage

"Un croyant, c'est un antiseptique."
Raymond Devos

mardi 6 juin 2006

Attention !!
Accrochez-vous !!
Nous sommes le 06/06/06 !!
C'est le chiff' du Diab' !! Boudiou !!
Le chiff' du Diab' j'vous dis !! Le chiff' du Malin !!

M'a pas empêché d'avoir ma licence aujourd'hui, sacrénom. Une belle bande de cons ces hexakosioihexekontahexaphobes, et par extension...
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)