dimanche 31 août 2008

Le bocal aux tempêtes

Il était une fois Morvan et Gwenaël, deux pêcheurs de l'île d'Ouessant. Toutes les semaines ils partaient en mer pour se procurer de quoi vivre : ramener une pitance pour leurs familles et vendre l'autre partie à Brest. La vie est dure sur ce bout de terre, à l'extrême ouest de l'Europe, battu par les rafales et les déferlantes enfantées par l'océan.

Morvan, gaillard plus grand que la moyenne, avait une femme qui s'appelait Rozenn. Conséquence terrible provoquée par l'épuisement des fausses couches successives, elle devint stérile. Effondrée, Rozenn voulut mettre fin à ses jours, se croyant indigne d'être une femme. Morvan la persuada de continuer à vivre à ses côtés, qu'il l'aimait malgré ce terrible coup du sort, qu'il allait trouver une solution. Elle surmonta son chagrin et plaça toute sa confiance en Morvan, même si elle fit une croix sur la possibilité d'avoir une descendance. Rozenn cachait néanmoins ses larmes amères en surprenant la marmaille de la famille de Gwenaël.

Un jour Morvan partit sur le continent, emportant la quasi totalité des économies soigneusement amassées pendant l'année qui suivit le drame. Il rentra trois jours plus tard avec sous le bras un livre et un bocal en verre. Rozenn ne posa pas de questions à son mari, mais n'en fut pas moins intriguée. Quand elle le vit lui sourire, elle ne put se retenir :
- Qu'as-tu donc rapporté là ?
- La solution à nos problèmes.

Il étudia le livre pendant des semaines, mémorisant des passages entiers qu'il ressassait lors de ses longues journées en mer. Il ordonna à sa femme de ne point y toucher, de ne point en parler, et bien que Rozenn fût dévorée par la curiosité, elle tint parole.

Trois mois s'écoulèrent ; Morvan déposa sur le bateau le bocal nouvellement à moitié rempli de liquide. Le voyant opérer, Gwenaël lui demanda à quoi servait ce truc ; il se vit répondre qu'une abondance de poissons allait envahir les filets.

Depuis quelques temps Gwenaël se posait des questions sur le changement de tempérament de son ami. Il voulait bien croire que l'épisode tragique de sa femme l'ait atteint – lui-même, à sa place, l'aurait rapidement chassée – cependant l'humeur de Morvan s'assombrissait, il devenait taciturne, prenait des risques inconsidérés lors de gros vent ; et maintenant ce bocal.
Il l'approcha une fois, pour voir. Il contenait un liquide, certes, mais il constata que le roulis n'avait qu'une incidence faible sur l'équilibre de l'aqueux : de l'eau aurait depuis longtemps été éjectée, si elle avait remplacé le contenant du bocal.

Morvan prit alors une autre détestable habitude, celle de se diriger vers une tempête dès qu'il en avait l'occasion. Plus elle semblait puissante, plus Morvan paraissait jubiler. Et alors que les deux pêcheurs s'enfonçaient au cœur des tempêtes, celles-ci diminuaient progressivement en force, si bien qu'inévitablement un vent faible les ramenait à Ouessant. La pauvre bicoque grinçait de partout, mais son propriétaire n'en avait cure ; cependant une fois à bon port, il la reconsolidait attentivement.

Quelques mois fuirent, et un soir, Morvant rentra dans son penn-ti, plaça le bocal sous le lit et y amena Rozenn.
Neuf mois plus tard, elle accoucha d'une petite fille.

La joie avait fini par revenir chez Morvan, et Rozenn, dans son bonheur d'avoir un enfant, n'en aimait que davantage son mari. Tout le monde sur l'île fut vite au courant, et le sentiment commun était moins la réjouissance que la suspicion.

Le même processus en mer continua ; Rozenn fit venir au monde une fille et un garçon. Trois enfants en pleine forme suffisait à Morvan, et s'il cessa de déposer le bocal sous le lit, il ne l'enleva pas de son bateau de pêche. Non seulement il lui permit d'avoir des enfants, mais sur l'eau, les poissons étaient comme attirés par les filets tendus. Et c'était bien la seule raison qui faisait taire Gwenaël.

Cinq années passèrent. Le bocal trônait toujours sur son socle, sur le bateau, plus personne n'y faisait attention. Un jour que Morvan avait oublié un filet réparé par sa femme, Gwenaël aperçut le bocal. Constamment à moitié plein, le liquide avait graduellement pris une teinte bleu foncée. Il le souleva, l'exposa face au soleil pour voir au travers, n'y vit pas grand-chose, puis haussant les épaules, le reposa.

Son collègue revenu, ils prirent la mer. Le temps était clair au large, accompagné néanmoins d'une forte houle. Ça tanguait bien ; les marins avaient l'habitude, entourés d'eau, vivants au quotidien avec cet élément.

Morvan se rendit soudain compte qu'il manquait quelque chose dans le paysage.
- Où est le bocal ?
Il ne fut pas long à fouiller le bateau de babord à tribord, de la proue à la poupe.
- Est-ce que tu l'as touché ? demanda-t-il, contenant difficilement sa fureur.
Gwenaël penaud nia tout d'abord avant d'avouer évasivement qu'il l'avait manipulé.
- Nous rentrons. Maintenant ! hurla-t-il quand Gwenaël fit mine de protester. Cet inconscient n'imaginait pas à quel point sa bourde était cataclysmique, fulminait Morvan. Une colère et une frousse immenses habitaient ses gestes ; pour avoir touché le bocal, ce sans-cervelle de Gwenaël avait annulé les sorts de maintien et de protection. Le liquide allait se diluer dans l'océan et...
A Ouessant, Morvan ordonna à Gwenaël de se calfeutrer dans son penn-ti et de prévenir le plus grand nombre de personnes de faire de même, en arguant qu'une catastrophe était sur le point de se déclencher. Ce fut une erreur, car Morvan s'exposa à une partie de la population, en annonçant ce qui allait arriver.

La mer se métamorphosa en une sombre surface de texture bitumeuse, précédant la tempête océanique d'une ampleur et d'une durée inouïes. L'eau rongea les falaises ; le vent se fit se coucher les arbres, ceux dont les racines tinrent bons ; des incendies éclatèrent fréquemment un peu partout, allumés par les éclairs, éteints par une pluie diluvienne qui délavait les sols.
Au lever du treizième jour, la Bretagne revêtait son contour de bord de mer acéré, de landes désolées, de bois clairsemés. L'océan ne perdit jamais cette couleur profonde et turbulente.

samedi 30 août 2008

Intermédiaire VII bis

On dit que j'entends l'herbe croître, que je vois la laine pousser sur le dos des moutons, que je vois la fin du monde. C'est la vérité. J'ai vu ma fin, je dois tuer mon pire ennemi et être tué par lui. Je ne ressens aucune peur.

Je veille, c'est ma fonction ; j'éclaire et je brûle, ce sont mes attributs.

Une secousse ébranle l'Univers, suivie d'un craquement sinistre. Puis un silence plus terrifiant encore emplit tout l'espace ; chaque être, fébrile pour les uns, dans l'expectative pour les autres, retient son souffle.

Ma fonction va prendre fin, je le sens.

Une brèche s'ouvre dans le ciel de Midgard, et de la bouche grotesque ainsi créée se déverse une déferlante de feu qui précède un groupe sans fin de cavaliers. A leur tête, une épée étincelante que brandit Surt le Géant. Il sait que je suis là, qui garde. Je m'empare de Gjallarhorn et souffle de toutes mes forces.

Le son du cor traverse les neuf mondes, faisant frémir l'if-univers, Yggdrasil.

Les Géants chevauchent à toute allure, à peine ralentis par mon alerte, et atteignent Bifröst, le pont arc-en-ciel qui relie Midgard au domaines des Dieux, Ásgard. Le pont ne tarde pas à s'effondrer ; les Géants devront traverser à la nage les grands fleuves ; la vague de feu tue les deux corbeaux d'Odin, partis comme à leur habitude aux nouvelles, devenus dorénavant des boules incendiaires, et provoque une montée subite d'un épais brouillard.

A l'heure qu'il est, Odin a dû faire sortir les Einherjar du Valhalla. Je m'en retourne ; le Ragnarök (1) peut débuter ; je ne ressens aucune peur, je pressens même la montée d'une excitation typiquement guerrière.

- Je t'attends, Loki (2). Qu'on en finisse.


1 : le Ragnarök signifie littéralement Consommation du Destin des Puissances ; la dernière bataille qui apportera la fin du monde et son renouveau, au cours duquelle les Ases (dieux) combattront les Géants et leurs alliés jusqu'à la fin. Les Einherjar sont les soldats morts récupérés sur les champs de bataille par les Walkyries, en prévoyance du Ragnarök.
2 : Loki est certainement l'Ase le plus fourbe de cette mythologie ; il combattra même aux côtés des Géants ! Mais sa fin est suggérée dans cet Intermédiaire.


N.B. : le personnage décrit se nomme Heimdall, également dieu de cette même mythologie nordique.

vendredi 29 août 2008

Un rêve ne s'arrête pas. Il file. Pour simplifier, on va dire qu'il utilise la ponctuation, mais il ne connaît pas le point ; ce n'est pas lui qui se met un terme. Non, un rêve s'écrit à l'aide de points virgule ; il passe d'une idée à l'autre en gardant un lien, plus ou moins subtil, avec le tronçon de rêve précédent.

D'un autre côté, c'est difficile de se souvenir d'un rêve, sauf lorsqu'il s'agit de mauvais, ou bien quand il se répète. Malgré ce sentiment de familiarité sur l'instant, il nous file entre les neurones. Et s'il y a bien une chose que je ne souhaite pas savoir, c'est où ils se cachent.

jeudi 28 août 2008

En me peignant après un shampoing, séquence de torture d'un rituel de douche ordinaire, j'ai enlevé un cheveu qui attiré mon attention. Il était long d'une quarantaine de centimètres (oui, j'ai les cheveux longs ; non, je ne suis pas buveur de Kœnigsbier ; oui, j'ai eu joué de la guitare - j'en possède deux, incroyable, non ? Sauf que le morceau que je maîtrise le mieux est le thème du jeu Tétris - mais j'ai laissé tomber le tripotage phallique à cordes ; non, je ne suis pas fan de Metallica ; oui, j'adore Led Zeppelin, c'est le seul lien direct que l'on pourrait trouver avec ma touffe ; non, je ne suis hippie, ni beatnik ; oui ; non ; peut-être ; enchaînement à savourer lentement, à haute teneur en clichés, de plus il va être difficile à votre cervelet à procurer l'effort consistant à revenir quelques lignes plus haut afin de reprendre le train de mon anecdote - à moins que vous ne l'ayez fait rien que par esprit de contradiction, dans ce cas, essayez de vous rappeler ce qu'il en est en lisant la suite, parce que ce n'est pas fini - qui, à vrai dire, vaudra sûrement à peine l'encre du stylo bille que j'use, alors que je me questionne sur le déjà-vu d'une tirade de la sorte, composée - un bien grand mot pour la désigner, si vous sollicitez mon avis - quelques temps auparavant, à l'époque où je ne couvais pas encore un cancer des sourcils ; vous savez, c'est le genre de passage qui si l'on n'y prend pas garde éjecte le tambour de sa machine à écrire : Tch-tch-tcheuk-poïng !), à peu de choses près, je ne suis pas fiable pour les estimations de distance et longueurs, entortillé telle une queue de cochon, mais détail intéressant, sur les deux tiers le pigment est brun puis se clarifie pour devenir d'un blanc d'argent (ou de vieillard, mon pote, faut choisir ! T'as vingt-cinq balais dans le placard, mais pas de maison assez grande pour tous les user. L'oreiller est le plus doux des confidents, tandis qu'aux toilettes l'on confie sa bile. Ne doutez plus que je me complaise dans l'absurde. Tch-tch-tcheuk-poïng !). Qu'un cheveu ait attendu deux années pour me délivrer un message aussi fort, et que je le trouve, je ne peux qu'être admiratif.
Pif !

mercredi 27 août 2008

Intermédiaire VI

Auguste était un simple fantassin du 11e régiment d'infanterie légère, stationné à Angers. Il en était fier ; il s'enorgueillissait d'autant plus qu'il servait pour la jeune IIe République, et la République, comme lui avait appris son père, venait des termes latins res et publica : la chose publique. Son devoir était de protéger la République française, donc de protéger tous les Français. Son cœur débordait d'une joie zélée et patriotique.

Sur l'homme placé à la tête du pays, son père était bien plus circonspect. Celui-ci avait confié à son fils qu'il avait l'étrange et redoutable pressentiment que la tentation impériale à terme deviendrait par trop irrésistible. Auguste connaissait l'histoire de Napoléon Ier, et plus d'un tiers de siècle après Waterloo, n'en gardait que les hauts faits d'arme de l'Aigle corse et ses images de gloire ; la France qui faisait le jeu du monde ; à propos de Louis-Napoléon, il ne savait sur quel pied danser, pour dire les choses clairement. Comment en effet se satisfaire d'un Bonaparte tenant les rênes d'une République, de nos jours ?

« Laissons les choses continuer telles qu'elles se présentent maintenant, en restant vigilants, néanmoins. » Son père parlait toujours sagement, à ses yeux.

C'est pourquoi Auguste, devisant sur la figure de la République avec un ami du régiment, se sentait, juvénil qu'il était, chauvin sûrement, porté par un enthousiasme gonflé au moyen d'encouragements qu'il s'imaginait. Le régiment était appelé en revue, et traversait alors la ville.

Auguste, dans le feu de sa discussion, ne prêtait guère attention à la pluie et aux bourrasques violentes de la tempête. Entouré de camarades, il vit d'un œil distrait qu'il empruntait le pont de la Basse-Chaîne surplombant la Maine.

- Vivement qu'on rentre, je suis déjà trempé ! fit quelqu'un derrière lui.

- Considère que c'est un honneur d'être trempé dans l'uniforme que tu portes, rétorqua, amusé mais sérieux, Auguste. Qu'est-ce que ça remue, ici ! ajouta-t-il, lorsqu'il nota une ondulation répétée et prononcée de la passerelle.

A cet instant, les câbles de suspension cédèrent, et dans sa chute, Auguste n'eut pas le temps de hurler quand une baïonnette le transperça.


N.B. : le pont de la Basse-Chaîne est aujourd'hui disparu, suite justement à cette tragédie survenue le 16 avril 1850.

mardi 26 août 2008

La promenade dominicale se déroulait sans incident, respirant le vent à pleins poumons, souriant aux canopées ébouriffées, envoyant valser les aigrettes des pissenlits d'un coup du pied, quand je repérai un caillou bien plus brillant que ses congénères. Le ramassant, j'observai qu'il s'agissait d'une accrétion de mica noir.

J'ai médité sur une grande partie du chemin, le caillou dans la main ; me revenait en mémoire un morceau de mica blanc énorme trouvé dans le ruisseau, il y avait quelques années, depuis perdu ; celui-ci s'effritait, perdant des paillettes à chaque manipulation. Je me suis alors dit qu'il ne méritait pas de finir exposé sur une étagère. Je me suis approché du ruisseau, et je l'y ai jeté, pensant qu'avec le courant, il s'émietterait de la même manière qu'un galet, embellissant le ruisseau de discrètes étincelles.

lundi 25 août 2008

Une aventure de la Grumch et Daisy #7

Comme tous les soirs, la Grumch* rôde avec Daisy, son pokemon mi-griffon mi-cafard (des poils sur de la chitine).

Aujourd'hui, la séance photo.
« Oh ! J'ai une bonne idée ! Je vais mettre une photo de Daisy sur mon blog, pour en faire profiter mes copinautes ! »
Elle farfouille dans son débarras à la recherche de son appareil photo numérique, estampillée « Bonne Affaire Lidl » du mois de mars.
« Daisy ! Viens là ! » fait-elle, mais alors que la chienne trottine vers sa maîtresse, cette dernière appuie par inadvertance sur le bouton d'enclenchement, et le flash qui s'en suit fait couiner Daisy (la pauvre bête déteste le bruit et la lumière des feux d'artifice), qui part se cacher.
« Daisy ! Reviens ! Faut faire une photo pour les copinautes ! »
Elle réussit finalement à la coincer, toute tremblante, après une course-poursuite infernale, mais s'aperçoit en manipulant le bidule qu'entre-temps les piles se sont déchargées.
Et c'est pourquoi, depuis, en tapotant ses articles, elle rumine dans le vide.

*n'a pas les yeux d'une Gorgone, mais ça s'en approche

dimanche 24 août 2008

Et voilà, l'équipe de France de handball est championne olympique, seul titre d'envergure internationale qui lui manquait encore ! Il n'y a pas eu de suspense, les Bleus menaient déjà de cinq points à la mi-temps, mais on ne va pas bouder notre plaisir !

Je vous donne un lien pour un texte écrit il y a un an, que j'avais oublié dans les tréfonds de mon disque dur, et que je replace dans son contexte. 'Vaut pas grand-chose, mais vous verrez que... Bon, bref. Oh, et puis celui-là aussi.

Une terre de magie

Les alignements de menhirs de Carnac ont pendant longtemps gardé leurs secrets. Aujourd'hui, il n'est pas possible de se remémorer l'utilité de ces longues files de pierre, car les signes qui y étaient inscrits ont depuis belle lurette été usés par la pluie, le sel et le temps. Autant affirmer qu'ils sont perdus à jamais.

Plus personne ne sait donc de nos jours qu'il existait auparavant un site similaire au nord de la Bretagne, plus précisément au fond du bras de mer entre Roscoff et l'île de Batz, chenal maritime constitué suite aux ravages de la Grande Tempête. Et il avait la même fonction que le site du sud.

Ils furent édifiés progressivement, à l'époque où l'Homme ne craignait pas ce que nous qualifions maintenant de surnaturel, marchant en plein soleil.

Ayez en tête que la Bretagne est terre de forte magie, un carrefour entre plusieurs terres de magie méridionales et septentrionales. Deux moyens de transport permettaient le voyage nord-sud, à savoir la route ou prendre la mer. Bien qu'alors l'Homme n'ait encore que ces deux possibilités, les créatures magiques en avaient une troisième : le vol.

Ces deux sites de Carnac et de Batz sont ce que l'on appelle de nos jours (et bien familièrement) des pistes d'atterrissage. Carnac prenait en charge les visiteurs de la péninsule ibérique (pour qui il était difficile de traverser les Pyrénées), en particulier ceux de la Galice ; Batz ceux des grandes îles celtes. Ces croisements incessants et les rencontres fructueuses sur la terre de Bretagne contribua à l'éclosion d'une histoire unique en Europe. Elle possédait un caractère, et cela ne fit que renforcer son mystère. Une lande abandonnée à l'extrême ouest développant une personnalité de cet ordre, auréolée d'une brume secrète, attire et repousse.

Ce fut la période la plus riche au niveau magique, culturelle et naturelle que la Bretagne connût. Et l'Homme finit par se centrer sur lui-même, dans une attitude égotiste excluant inéluctablement la faune et la flore magiques, dorénavant reconnu sous le mot-valise de folklore. Pour ce qui est de Carnac, les hommes s'approprièrent l'endroit et en chassèrent peu à peu les êtres sédentarisés avant eux. Mais ils respectèrent en partie ce qu'ils y trouvèrent, ne bâtissant que des tumulus et autres tombes. Cette séparation ne s'est pas faite en une journée, évidemment et fort heureusement. Certaines légendes sont encore bien vivantes dans les cœurs enfouis sous la poussière des ans, et comme un écho des cors dans le vent, reviennent hanter nos esprits.

samedi 23 août 2008

Discussion avec J., gendarme de profession.

- Viens sous les couleurs !
- Qui ça ? Moi ? Que non ! Je lis les problèmes de l'armée chaque semaine dans le Canard enchaîné.
- Pourquoi tu ne veux pas ?
- Ce n'est pas mon univers ; je préfère faire parler ma tête plutôt que mes bras. C'est comme ça. Tout le monde ne cautionne pas l'armée.
- Pourtant c'est un boulot très bien et un boulot sûr.
- Mais pour quels risques ! Je n'en veux pas, j'ai trop de choses à donner au monde.
- Regarde-moi : je bosse au soleil en Corse, j'ai mon salaire tous les mois, le boulot est très bien !
- De ton point de vue. Ce n'est pas la peine de tenter de me convaincre, c'est perdu d'avance.
- Je sais...
- Je n'aurais pas l'esprit militaire, comme je n'ai pas l'esprit pour éduquer des gosses, selon le jury qui m'a recalé.
- Ah ouais.
- Oui, enfin, le système est idiot. Et toi, tu es d'accord pour que l'on envoie plus de gars en Afghanistan ?
- Moi, on me proposerait de partir, j'y vais cash.
- Pourquoi ?
- L'action, pour la thune.
- Tout ce que je rejette, en somme. Je me pose des questions sur le pourquoi y aller, par exemple. Déjà, là, ça coincerait.
- On gagne un max, là-bas.
- Rien à foutre. Si c'est pour perdre la vie deux jours avant de finir ta mission, je ne vois pas l'intérêt.
- C'est sûr. Ici, c'est pareil, on peut perdre la vie.
- Oui. Mais dans ton job, on peut perdre la vie plus rapidement que dans d'autres.
- C'est pour ça qu'ils nous paient mieux qu'un job assis derrière un bureau.
- Je n'ai pas dit le contraire. Et c'est sur ce point-là qu'on se rejoint. Je compte essayer de faire changer les choses sans passer par les armes. Il faudra bien, un jour.
- C'est sûr.
- Au risque de te mettre au chomdu.

vendredi 22 août 2008

France-Croatie, demi-finale olympique de handball

Nous sommes ici à Pleug', en direct différé pour le match de handball France-Croatie à l'occasion des Jeux Olympiques de Pékin ! C'est une place de finale olympique qui se joue, ce midi (heure française, 18 heures à Beijing), contre le champion olympique en titre, obtenu aux Jeux d'Athènes il y a quatre ans.

Face au meilleur joueur de handball 2007, Nikola Karabatić, élu au début du mois d'août, voici Balić, le maître de jeu croate, vieille connaissance pour les Français puisqu'ils se sont rencontrés au début de l'année lors du championnat d'Europe des Nations, lors de la demi-finale, match perdu par les Bleus. Notons également que le père de Karabatić est croate, et que les rencontres entre les deux pays revêtent toujours une couleur spéciale pour le joueur français.

Les arbitres russes sont considérés comme les tous meilleurs du monde. Espérons que cela serve les Français, contrairement aux malheureuses Bleues et leurs arbitres chinoises, disons-le, amateures.

Et c'est parti ! C'est la Croatie qui entre en jeu.

Premier but croate en moins d'une minute. Disons-le aussi, le handball paraît étrangement moins médiatisé que le football, alors que ce sport est très spectaculaire. Il est impossible de trouver dans les annales un 0-0, alors que ce score est légion dans le football !

Et premier penalty de la partie, à l'avantage des Français, penalty concrétisé par le capitaine des Bleus.

Les Croates reprennent l'avantage : 1-2

Les Français égalisent par Luc Abalo, par l'aile droite.

Les Croates prennent leur temps, et voici le premier arrêt de Thierry Omeyer. Alors que Balić s'enfonce dans la surface, il est bousculé. Penalty manqué par les Croates, nouvel arrêt du gardien des Bleus.

Balić utilise le moindre espace dans la défense, et fusille Omeyer.

Réplique sur penalty des Français. Les Français reprennent ensuite la balle, mais passage en force. Et dans les dix secondes suivantes, but croate. 4-3 au bout de près de 9 minutes.

Un Croate est à terre, mais il se relève bien vite. Le show va-t-il recommencer ? Le joueur prend un avertissement, et le jeu peut reprendre.

Burdet marque, et la France recolle au score. 4-4

Balić, en position d'arrière-gauche, s'arrache et marque un but venu d'ailleurs. Dans le retour vers leur camp, Karabatić est pris à la gorge, et un Croate sort pour deux minutes. Karabatić catapulte ensuite le ballon dans les filets de ses adversaires. Il faut profiter au maximum de la supériorité numérique ! 5-5

Superbe arrêt de Thierry Omeyer, mais la balle revient aux Croates.

Au sortir de la pénalité, les Croates reprennent l'avantage ! Aucune possibilité de fructifier la pénalité.

Burdet rentre, marque, et sort. L'homme du banc est décisif. 6-6

Bertrand Gille prend deux minutes en bousculant le teneur du ballon sur une contre-attaque. Penalty, et tir lobé.

Passage en force d'un Français, le ballon retourne dans les mains des Croates, alors qu'ils mènent dorénavant au score 6-8. Un quart d'heure de jeu.

Ballon perdu, et but croate sur un foudroyant contre. 6-9 Le match ne peut plus mal commencer.

Réplique de Cédric Burdet, et troisième but personnel. L'homme de luxe, côté français.

Sulić fait une faute, et donne un penalty aux Bleus. Girault concrétise. 8-9

Bertrand Gille sort de nouveau pour deux minutes ! Les Français doivent éviter de prendre l'eau. 8-10 Les ailiers croates sont particulièrement en forme. Vingt minutes de jeu dans cette première période.

Luc Abalo marque sur un tir puissant. 9-10 Alors que Gille revient sur le terrain.

Sur un tir contré et arrêté par le gardien français (4 arrêts), les Français reprennent le ballon. Abalo fracasse le poteau, mais le ballon revient dans les mains de Burdet qui crève les filets croates. 4ème but de Burdet, la France revient au score !

Sur un arrêt de Omeyer, contre-attaque des Bleus, et Burdet marque son cinquième but de la partie ! La France mène au score pour la première fois de la partie ! 11-10

Temps mort demandé par l'entraîneur croate. Les deux équipes mettent vite à contribution les possibilités de réajustement tactique. Puis ballon rendu aux Croates.

Abalo touche le montant, et ballon de retour aux mains croates.

Balić, l'homme croate, marque son troisième but personnel, et met fin au 3-0 des Français. 11 partout.

La défense croate joue grossièrement, et l'un d'entre eux sort pour deux minutes. Il faut prendre l'avantage ! Karabatić marque alors son deuxième but de la partie.

Les Croates étirent au maximum leur période à cinq sur le terrain, mais les Bleus finissent par reprendre la balle. Malheureusement, le gardien croate effectue son premier arrêt. Au jeu des arrêts, la France mène 5 à 2.

Contre fantastique d'Abalo qui marque, sur une action défensive de Burdet. Non ! Le but est invalidé ! Pour une faute imaginaire ? Il reste trente secondes dans cette première période.

Penalty superbement arrêté par Thierry Omeyer ! Temps mort, à neuf secondes de la fin, demandé par Claude Onesta, coach français. Le ballon est rendu aux Bleus, et sur une faute aux six mètres que se termine cette première mi-temps. La France mène par 12 points à 11 pour la Croatie. Dix minutes de repos.

Et la partie repart, avec le ballon côté Français. Narcisse marque en cinq secondes. 13-11

But croate, au bout d'une minute. Et sur le retour dans le camp croate, arrêt du gardien. La Croatie fait le chemin inverse et égalise ! 13 partout.

Abalo rate son tir. Omeyer arrête le ballon sur l'offensive croate qui suit. Les Bleus se positionnent dans le camp de leurs adversaires. Et Gille marque ! Et un Croate se prend de nouveau deux minutes de pénalité.

Guigou fait un marché sur la contre-attaque ! Toujours 14-13 pour les Bleus. Omeyer arrête le ballon, et Narcisse en profite pour monter et redonner l'avantage à son équipe. 100 % de réussite de tir pour Daniel Narcisse.

Deux minutes pour le frère, Guillaume Gille, et penalty réussi pour les Croates. 15-14 En infériorité numérique, un des Bleus tente un kung-fu, mais le rate. Contre-attaque et but croates.

Les Bleus ratent de nouveau le but croate ! Ballon redonné à leurs adversaires du jour. Et défense en zone ! Penalty réussi, et la Croatie reprend l'avantage ! La pénalité de deux minutes a été largement défavorable à l'équipe de France. 15-16

Narcisse remet les pendules à l'heure. 16 partout

Le signal vidéo bugue, à Pékin ! Nous sommes dans l'impossibilité de commenter la suite du match ! Quelle déception ! Pékin, c'est vraiment le bout du monde !

Nous reprenons en partie. 17 partout au bout de 12 minutes de jeu, avec un arrêt superbe de Thierry Omeyer.

18 partout, balle aux Croates, 15 minutes dans cette deuxième période. C'est vraiment rageant ! Est-ce un coup des Chinois contre les Français ?

20 partout, balle aux Croates, mais Omeyer arrête le tir et ensuite, but refusé pour pied en zone. Abalo reprend la balle et refait le même geste, cette fois validé ! Superbe ! 21-20 Il reste dix minutes dans ce match tendu et serré.

Les Croates égalisent à 21 partout.

Karabatić détruit les filets en inscrivant son troisième but de la partie. 22-21

Penalty pour les Français, pour reprendre l'avantage au score, ce qui est fait ! 23-22

Arrêt de Omeyer ! Les Bleus retrouvent le ballon, et Narcisse marque ! 24-22

Il reste six minutes dans ce match. Il ne faut pas faire de fautes, ce serait le pire moment. Omeyer arrête de nouveau le ballon, mais il est récupéré par les Croates. Ceux-ci louvoient autour du but des Bleus, cherchant la moindre faille à exploiter.

Temps mort demandé par le coach croate. Onesta affirme à ses hommes qu'ils ont le temps, et deux buts d'avance. Tenez bon !

Encore un arrêt de Omeyer ! Mais la balle sort en touche. La balle revient ensuite quand même aux Français ! Profitez de ce temps !! Quel match extrêmement tendu, c'est extraordinaire. Les Bleus font le siège du but croate, mais ils ratent l'occasion ! Retour dans le camp français, 24-22 toujours.

De nouveau les Croates perdent le ballon, toujours 24-22, et il reste moins de deux minutes ! Remise en jeu pour la France, après un tir de Karabatić. Narcisse marque sur un kung-fu spécial mais réussi, et 25-22 pour la France !

Arrêt de Thierry Omeyer ! La France reprend la balle ! Il reste 54 secondes, et la France mène de trois points. Temps mort demandé.

Deux buts à défendre en 40 secondes, 25-23. Tenez bon ! La fin du match se profile, et ça sent bon ! Faute sur Bertrand Gille devant la zone croate. Narcisse rate son tir. Mais le buzz retentit et la France est en finale !

La France gagne par 25 à 23, et accède à sa première finale olympique de son histoire. Les Bleus, très costauds, feront tout pour arracher la médaille d'or, la seule consécration internationale qui manque encore au palmarès français. Extraordinaire ! La France retrouvera le vainqueur du match opposant l'Islande à l'Espagne. Dans tous les cas, la France repartira de Pékin avec sa première médaille olympique dans un sport collectif. Pour le handball, ce sera la seconde médaille olympique de son histoire. Il faut l'or !

Rendez-vous à 9h45, dimanche matin prochain.

jeudi 21 août 2008

En vrac

Apparemment, les périodes de Nawouël 2011 et 2012 me verront tout excité comme un « ouf guedin ». En 2011, Le Hobbit sur vos grands écrans. En 2012, le deuxième film qui reliera le précédent au Seigneur des Anneaux, film bien mystérieux puisqu'on ne peut que spéculer sur son contenu.
*

Le matin, ça craint.
Le midi, ça craint aussi.
Le soir, quel assommoir !
La nuit, j'suis au lit.
*

La bruine voltigeait innocemment, s'arrimant à ma vareuse ainsi que les gouttes d'huile sur le bord d'une casserole, pulvérisée.
*

- Un lutin qui pratique de la luge sur une coulée de lave !
- L'église de Plugu' avec King Kong dessus !
- Bob l'éponge qui porte son escargot qui fait miaou !
- Les gars, on sait qu'il dessine mal, mais quand même, c'est Snoopy sur sa niche.
- Temps écoulé !
- Euh... Non, en fait, sur la carte, y a écrit Taj Mahal, mais comme je n'me rappelais plus de comment c'était...
*

Je n'aime pas récupérer de la compote dans le pot avec la même cuillère que j'utiliserai pour la manger, parce que c'est à peu de choses près le même nombre de cuillerées que je compterai pour la manger ; je sais déjà combien de fois je plierai le coude, et ça me gâche mon dessert !
*

Je vis la boulangère jeter un coup d'œil alors que je ramassai le Canard enchaîné dans mon jean pour le protéger de la pluie ; cette boulangère aux cheveux crépus et à la bouche de grenouille dont a dû hériter son fils cadet, surnommé bien malgré lui La Chose, ce fils débordant de graisse mais peut-être pas d'amour, surnommé ainsi car l'on s'imaginait une main, celle en l'occurrence renvoyant à la famille Addams, soudain se manifester au-dessus d'un pot de bonbons et engouffrer ses victimes aussi prestement qu'elle les saisissait.

mercredi 20 août 2008

Intermédiaire V

Les lampadaires du tunnel caressaient l'intérieur du taxi, régulièrement. Se reposant sur l'appui-tête, la femme d'âge mûr ne réagissait pas, plongée dans ses pensées, bercée par les vibrations du véhicule. Elle goûtait enfin à ses premières véritables vacances depuis presque cinq ans. Elle riait jaune quand on lui affirmait que traverser l'Atlantique en classe Affaires lui permettait de souffler. Elle en avait assez, de bourlinguer son corps et son esprit de l'autre côté du globe. Et travailler à Londres, oh oui, quel pied !...

Elle avait atterri à Copenhague pour déposer quelques dossiers au siège social, bavarder avec deux-trois collègues autour d'un caffè latte ; tout de même, elle n'avait qu'une idée en tête : courir, vite, et loin. Mais les règles de bienséance, on s'en doute, ne pouvaient être transgressées.

La lumière extérieure la frappa en plein visage, lui fermant instinctivement les paupières, le temps à ses nerfs optiques de s'adapter. Elle en profita, bien qu'inconsciemment, pour chasser ces menus et dérisoires événements.

Apercevant la côte de son pays, elle dit, sur un ton heureux mâtinée de fatigue :

- Hej, Svérige (1).

Le chauffeur la regarda dans le rétroviseur, et lui demanda, perspicace, en suédois teinté d'un accent danois, si cela faisait longtemps qu'elle n'était pas venue à Malmö. Le femme lui répondit, et le chauffeur partit dans un monologue qu'elle ponctuait de ja et de nej. Ça fait partie de leur boulot, aux chauffeurs de taxis, de parler ; quel que fût l'endroit du monde où elle allât.

Elle regarda la mer bleue et profonde, riche en oxygène et en poissons, de l'Öresund, ce détroit où son père l'emmenait pêcher avec son petit frère. Le soir, quand elle rentrait, fière avec une grosse prise, grognon si bredouille, elle tenait à aider sa mère à écailler et vider les poissons ferrés.

Les rayons de soleil jouaient avec les haubans, battant musicalement le taxi ; le regard de la femme scintillait ; le chauffeur s'était tu, comprenait que sa cliente souhaitait savourer son retour en silence.

Doucement, elle pivota sa tête, de sorte qu'elle pût voir à travers la vitre du toit le direct pour Saint-Pétersbourg.

- Hej, murmura-t-elle.

Ces vacances arrivaient à point nommé.


1 : Salut, Suède. Littéralement

mardi 19 août 2008

Cette maudite pergola qui attire une foultitude d'araignées, qui utilisent la fenêtre pour investir ma chambre ! J'vous ai déjà raconté la fois avec le faucheux... J'en ris, maintenant, mais sur le coup... Une autre fois, je me suis réveillé, un matin ; je me mets sur un coude, et qu'est-ce qui se met à traverser à toute berzingue mon oreiller (oui, mon propre oreiller ! Ce sur quoi je bave la nuit !), je vous le donne en mille : une araignée.

J'évoquais la pergola. Sur un des fils porteurs d'une toile en train d'être rebâtie par une épeire, s'est piégée une feuille d'un chêne du fond du jardin. Au moindre souffle de vent, là voilà qui gigote, désarmée. Les Parques sont intraitables.

lundi 18 août 2008

En position allongée, mettre vos mains derrière la tête contribue à vous couper l'arrivée du sang dans les bras. C'est très douloureux, les membres ne répondent plus et vous avez la désagréable impression qu'on vous a greffé deux paquets de viande chaude en lieu et place. Le sang qui afflue de nouveau et qui rapporte la sensibilité vous promet un sale quart d'heure de grimaces et grognements au moindre mouvement, électrique, démontrant l'emplacement de chaque terminaison nerveuse. (Le phénomène se produit semblablement en dormant sur le côté, le bras replié ressortant vers l'arrière.)

La boîte crânienne reposant sur l'oreiller, vous ne bougez que de millimètre en millimètre afin de l'ajuster en un confort optimal, promettant un voyage de première classe pour Slumberland ; c'était sans s'attendre à un jeu vicieux de vos cervicales. Le pivot soudain grince, portant au même instant votre attention sur cet entrechoquement déplaisant et rompant le silence auquel s'accoutumait vos oreilles et votre esprit. Dorénavant toute tentative d'oubli est voué à l'échec, quelle que soit la position que vous essayerez de conquérir, vous focaliserez sur une tension imaginaire dans la nuque suivie d'un bruit mât. Le moelleux de l'oreiller ne vous sera plus d'aucun secours.

dimanche 17 août 2008

Une aventure de la Grumch et Daisy #6

Comme tous les soirs, la Grumch* gambade avec Daisy, sa baudruche mi-griffon mi-caméléon (vous verriez ses yeux torves ! Brrr...).

Aujourd'hui, le chat de la voisine.
« Wouah ! Wouah ! Grrr... Wouah ! »
« Daisy ! Tais-toi ! assène la Grumch. J'parie que c'est encore le chat de la voisine... »
Elle sort sur le balcon, d'où Daisy la vigie aboie dès d'un intrus de type félin ose montrer le bout de ses moustaches.
« Mais faisez donc taire votre chien ! » se fait-elle soudain apostropher en si bon français.
« Comment qu'elle me cause ! » pense-t-elle abasourdie. Puis enchaîne à voix haute : « Oh, vous ! Ramassez votre loustic, pour éviter qu'elle aboie ! Et surtout pour qu'il ne pisse plus sur mon aneth et mon persil ! » éructe-elle, presque rouge pivoine.
« Ah ! ça reste encore à prouver ! Il y a bien d'autres chats dans le quartier qui aime traverser votre jardin... » dit la bonne femme mielleusement, avant de plier vite les voiles.
La Grumch ramène Daisy dans le salon en claquant la porte-fenêtre. Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.

* aucune parentée avec les Gremlins

samedi 16 août 2008

Je tiens à préciser les choses. Quand j'étais petit, et cela a dû vraisemblablement vous arriver, on me répétait à longueur de temps de ne pas trop creuser dans le sol, sinon j'allais me retrouver en Chine !
Non, non et non !
Pas en Chine ! La Bretagne se situe aux antipodes de la Nouvelle-Zélande, à peu de choses près. Ce n'est quand même pas la Chine. Ce n'est plus le Péril jaune que je dois craindre, mais le Péril maori ! Huhu.

vendredi 15 août 2008

Aujourd'hui, je me retire dans mon domaine privé pour écrire. Mon domaine privé n'est autre que la demeure de ma Grumch où j'y serai tranquille pour deux raisons : ma Grumch est toujours à l'Île-Tudy ; je n'aurai pas les vieux sur le dos car en week-end prolongé.
Je n'ai qu'à prétexter un retour massif de livres et autres bandes dessinées, ce qui est le cas, mais je compte bien en ramener, sachant qu'elle possède l'œuvre quasi complète de Stendhal. Entre autres.

Màj : Impossible de travailler là-bas, le tic-tac de l'horloge est tout simplement insupportable. Mais je n'ai pas manqué d'emprunter quelques ouvrages, comme Théophile Gautier, Barbey d'Aurevilly, George Sand, Lesage, Diderot, Nerval... Je tiens à parfaire ma culture littéraire française des XVIII et XIXe siècles. :o)

jeudi 14 août 2008

Il pleut des bombes

Le Canard enchaîné, édition du 13 août 2008
Tous droits réservés
Rubrique « ZigZag »


L'achat d'une maison à 500 millions d'euros par un Russe très fortuné agace certains habitants de Villefranche-sur-Mer et notamment une gouvernante présente aux agapes des milliardaires russes (« Le Parisien », 10/8) : « J'ai assisté à une soirée où les invités s'amusaient à lancer au vol des coupures de 500 euros enflammés au milieu de fous rires monumentaux. Le personnel de la maison était ensuite invité à ramasser les cendres. »
Comme les Russes en Géorgie ?

mercredi 13 août 2008

Gaëtan et moi-même nous promenions dans les bois. Nous marchions sans nous préoccuper du ciel imprévisible au-dessus de nos crânes. Les arbres rejoignaient leurs branches couvertes de feuilles et apportaient un abri naturel. Nous débouchâmes à un croisement de chemins.

Soudain, sur la droite, je remarquai un phénomène en train de se produire et avertis Gaëtan. Une pluie douce tombait en fines gouttes à une trentaine de mètres ; nous étions cachés dans l'ombre du nuage, au sec, tandis que dans la lumière la bruine se confondait en un mur aquatique, ou une porte menant à un autre monde.

mardi 12 août 2008

Je suis dans une maison, peut-être mon ancien appartement de Melun. Il y a des toiles d'araignée accrochées partout, où que je pose mon regard. J'ouvre une porte, de l'autre côté je déchire une super-structure filandreuse et fais fuir une ribambelle de petites bêtes. Dans la lumière oblique matinale, aucun grain de poussière ne danse, ils ont tous été capturés.

Je sais qu'en refermant la porte, les bestioles repartiront dans la rénovation de leur demeure, et j'en suis troublé. M'approchant d'un meuble, non sans m'être débattu dans le grillage animal, je découvre une épaisse nappe de brouillard de soie dans laquelle séjourne une immonde araignée. Je me saisis de la poignée et lorsque j'ouvre le placard, avec un effroi durement réprimé j'observe la bête qui se meut à une vitesse irréelle et part se recroqueviller dans un coin.

lundi 11 août 2008

« Perdre la vie est perdre le seul bien que l'on ne pourra regretter d'avoir perdu puisque l'on ne sera plus là pour s'en rendre compte. »
Sénèque

dimanche 10 août 2008

Je regardais mon corps immergé dans la baignoire brestoise, à travers les éclairs douloureux du sang tambourinant les tempes. C'est en observant cette chair rose Porcinet que j'ai saisi l'attirance esthétique des sculpteurs grecs, Praxitèle et Polyclète en particulier, pour l'anatomie humaine. Ce qui à mes yeux est le plus difficile à modeler sans dénaturer ses œuvres sont les « défauts » du corps, tout ce qui peut apparaître disgracieux aux canons du genre, aujourd'hui sournoisement effacés par Photoshop.

Être obsédé par les lignes de son corps, les désirer courbées telles une bouteille de Caco-Calo©, tant que la santé n'est pas mise en danger, je ne crierai pas au drame. A dire vrai, je m'en contreficherai, je supporterai moi-même la carcasse dans laquelle j'habite sans l'importuner par une dictature diététique. Je ne jouerai pas non plus à l'irresponsable.

Quelque part à ce niveau de la bobine du fil de mes pensées, je me suis perdu, je me suis assoupi, les cheveux rendant confortable le rebord du grand récipient...

samedi 9 août 2008

Une aventure de la Grumch et Daisy #5

Comme tous les soirs, la Grumch* vadrouille avec Daisy, son animal de compagnie mi-griffon mi-dreadlock (« On pourrait p'tète s'en faire un p'tit, hein ? »**).

Aujourd'hui, le rorqual bleu.
Daisy grattait la terre pour recouvrir sa production quotidienne quand, impatiente, la Grumch tira sur la laisse.
« Allez, ma fille, c'est tassé, on y va ! »
Tous les étés la Grumch s'installe à l'Île-Tudy, sur un terrain, survivant dans sa caravane. Alors qu'elle marche le long du chemin côtier, surplombant la plage du Treustel, elle remarque en contrebas un attroupement, irrégulier car trop nombreux à cette heure.
« Encore des jeunes qui picolent ! »
Elle s'approche néanmoins, car pour des branleurs alcooliques, ils ont une drôle de posture : ils sont tous debout, immobiles, n'ont pas allumé de feu et regardent au large.
« Excusez-moi mademoiselle, que se passe-t-il ? »
« Le bateau là-bas a remorqué une baleine qui s'était échouée ! »
« Une baleine ?! »
La jeune fille acquiesca. Abasourdie par la nouvelle, puis de plus en plus déçue d'avoir raté l'énorme bestiau des mers (ce qui ne l'empêchera pas d'avertir son petit-fils), elle bougonne, un peu mauvaise :
« C'est assez, Daisy ! Nous rentrons ! »
Et c'est pourquoi, depuis, elle rumine dans le vide.

* surnom n'ayant rien à voir avec Les Simpson
** source : Les tontons flingueurs

vendredi 8 août 2008

Sur le port de Loctudy, en plein cagnard estival.
« Y'a pas foule, aujourd'hui. Pas vrai Lanig ? »
« Hein ? J't'entends pas ! »
« C'est pas à toi que je parle, Pierig ! »
« Ben vrai, c'que tu dis, Dominig, y'a pas de houle aujourd'hui. La mer est plate comme une raie. »
« J'ai pas dit houle ! »
« Qu'est-ce qu'il dit ? »
« J'en sais rien. J'crois q'il parle de moules. »
« Des moules ? Où ça ? J'ai faim ! »
« Ah bravo, toujours à parler de ton estomac ! »
« Oh, ça va, Riwal ! Qui pleurnichait pour avoir la coquille Saint-Jacques, hier ? »
« Les amoureux se disputent encore ? »
« Ferme ton bec Bleuzenn ! »
« Hé ! Y'a une nouvelle prise de bec là-bas ! »
« Qu'est-ce qu'il dit ? »
« Il parlait de déféquer, je crois. »
« Justement, mon ventre gargouille. Il est temps ! »
Sur les quais, Y., 10 ans, patiente en compagnie de sa famille. Il s'apprête à traverser le bras de mer en bateau, pour rejoindre l'Île-Tudy. Il écoute distraitement les cris plaintifs des mouettes quand une chose molle atterrit dans ses cheveux.

jeudi 7 août 2008

Le silence répond au rien. Le silence est l'absence de sons. Et le silence complet n'est audible que dans l'espace (mais je vous le déconseille, vous imploseriez et gèleriez en un temps record).

On brise le silence avec le moindre son. Dire à voix haute le mot « silence » est déjà sacrilège en soi. Sur Terre, quel que soit l'endroit où vous vous trouveriez, même dans la grotte de Lechuguilla, il y aura toujours une onde sonore pour vous titiller le limaçon : rumeur de la ville, goutte qui tombe, vent qui souffle, cœur qui bat, crissements dans les abysses, mouvements tectoniques...

Le silence peut être apprécié seul ou à plusieurs. A titre personnel, au sommet d'une dune lors d'un coucher de soleil avec l'étendue de sable immense étalée à ses pieds, est un moment de silence solitaire que j'aimerais vivre.

mercredi 6 août 2008

Le faucheux

Alors que je me dirigeais vers le frigidaire afin de me rafraîchir le gosier, je sentis un chatouillis sur le front au-dessus de mon œil droit. Je me grattai, croyant à une mèche rebelle. La démangeaison continua et c'est au moment où apparut dans mon champ de vision des fils qui ondulaient de manière propre, que je compris qu'un faucheux se déplaçait sur mon visage ! J'ai tout naturellement lâché un cri inarticulé en chassant la bestiole de la main. Puis, magnanime, j'ai saisi le journal et... l'ai chassée dehors.

Le faucheux (ou opilion) est l'araignée à longues pattes et possédant un corps en forme de boule grise. Elles sont capables d'abandonner un membre pour survivre, comme les lézards et leur queue ; ce qu'on nomme l'autotomie. Mon père me racontait qu'étant petit, il en attrapait et en arrachait les pattes, un peu comme une marguerite les pétales. Je n'ai jamais pu le faire ; d'une part, je ne voyais pas ça comme un jeu, de condamner ces bêtes : imaginez que l'on vous le fasse (ça me rappelle un passage du film The last king of Scotland ; abominable) ! D'autre part j'ai horreur des araignées en tout genre, même si celle-là ne m'effraie pas vraiment...

mardi 5 août 2008

- C'est magnifique.
Je m'arrête et me retourne.
- Quoi donc ?
- Le spectacle que la nature peut nous offrir.
L'homme qui me parle est un habitant de mon quartier. Alors que je remontais la pente de ma rue, il avait soudainement débouché d'une maison avoisinante, pour s'immobiliser sur la route, fixant quelque chose en l'air.
- A quoi vous faites allusion ? fis-je, gagné par la curiosité et saisissant l'occasion de pouvoir discuter avec lui.
- Regarde là-haut.
Je lève la tête vers sa maison (il sortait de chez un de ses amis), mais ne vois rien ; plutôt, ne vois pas ce qu'il souhaite me montrer.
- Il y a un nid d'hirondelles sous le rebord du toit.
- Ah oui, exact.
- Elles sont venues et ont essayé à plusieurs endroits d'en construire un. On aperçoit les marques sur le mur.
La façade en crépi blanc laissait apparaître les tentatives de nidification, à même hauteur que celui finalement édifié. J'avais dans l'idée qu'à l'avenir, il n'essayerait pas de les effacer.
- Elles ont mis plus d'un mois pour le faire ; elles se sont accrochées, petit à petit, pour le monter. J'ignore avec quoi. (Après une courte pause :) Tu sais, on dit qu'une maison qui abrite un nid d'hirondelles, c'est qu'on y est heureux. Alors chez moi, on doit être heureux, pour l'avoir recueilli !
Il me souriait. Je lui rendis la pareille. Il ne payait pas de mine : vêtu d'une veste beige et d'un béret, portant une moustache ou une brosse de poils de nez antédiluviens (ma mémoire photographique s'embrouille), le tarin en trompette écrasée et la face rougeaude, les pommettes et le ventre ronds. Son haleine avinée facilitait l'élocution.
- Et ce qui est beau, c'est d'observer les allers-retours des parents pour donner à manger aux petits. Il y a deux oisillons ; j'ai regardé par la fenêtre. Et qu'est-ce qu'ils sont volaces, les parents !
- J'ai remarqué que les hirondelles ne se posaient jamais à terre ; en tout cas je n'en ai pas vues le faire.
- Oui, c'est vrai ! Elles volent au ras du sol et des champs, ramassent pleins d'insectes et les ramènent... Véloces, pas volaces. Oh ! Ça y est !
Une hirondelle, se déplaçant très vite, remonta à la verticale jusque l'ouverture, distribua la récolte en à peine une seconde et repartit, en lançant des cris stridents.
- C'est magnifique.
- J'avais vu un reportage qui passait sur la 5, et qui filmait des types dans une grotte au Brésil ramassant des nids d'oiseaux à plus de 60 mètres de hauteur ! En fait les nids entraient dans la composition de plats et se vendaient à un tarif aussi élevé que le cours de l'argent !
Ah ! Moi et ma grande g... mon grand bec.
- C'est interdit par la loi d'enlever les nids d'hirondelle. Je me suis renseigné : 15 000 € d'amende et quelques mois au frais.
- Ça fait mal.
- Ce sont des oiseaux protégés. 15 000 € et des mois de prison.
- J'en ai vu deux, des nids, sur les nouveaux logements, en face de l'école maternelle des curés.
- T'as raison ! J'les ai vus aussi. Eh bien les locataires n'ont pas intérêt de les toucher !
Visiblement ému, le visage illuminé, il ajoute :
- Et ce qui me fait le plus plaisir, par dessus tout, c'est qu'elles reviendront à ce nid l'année prochaine, et les années suivantes, après leur voyage d'hiver en Afrique.
Dans la lumière du jour finissant, un ciel dégagé de tout importun nuageux offrait ses espaces sans limites. L'hirondelle revint, chargée de victuailles pour ses petits, et une nouvelle fois retourna virevolter, en chasse.
- Pas à dire, c'est beau.

lundi 4 août 2008

Je ne boycotterai pas la cérémonie d'ouverture des J.O. de Pékin, la XXIXe Olympiade, le 9 août prochain. Voilà mon argumentation :

- sur le plan idéologique, la Chine et l'Europe possèdent les mêmes ressors propagandistes, la Chine montrant davantage ses défauts en voulant les cacher. L'Europe est contraignante : l'exemple du référendum d'Irlande est là pour étayer mes dires. Ils ont dit non, alors ils doivent revoter jusqu'à approuver ce qu'on leur donne. Point. La droite fait passer au niveau européen ce qu'elle ne pourrait faire au sein de chaque pays. L'Europe est devenue une espèce de bureaucratie ouatée imbibée de chloroforme. Le Tibet, quoi qu'on en dise, ne peut plus sortir du carcan Han, à moins d'un éclatement généralisé ; hautement improbable, mais une jacquerie globale au pays changerait peut-être la donne. Tout étant consenti entre « grands ».

- sur le plan économique, l'UE voit ses usines/entreprises délocalisées en Chine, qui les voit maintenant partir en Inde ! Néanmoins, on se fait toujours largement avoir, ayant un déficit commercial de plusieurs dizaines de milliards d'Euro. Ce système économique profite et profitera toujours aux mêmes, cependant. Ce parti communiste s'accommode très bien du libéralisme le plus impitoyable ; notons que le Chinois aime l'argent, historiquement depuis des milliers d'années ; pourquoi renier des traditions qui profitent ? (Ce n'est quand même pas qu'un monstre assoifé de richesses...)

- sur le plan journalistique, les deux zones géographiques sont catastrophiques. Je ne reviendrai pas sur le grand déballage de Reporters sans frontières. La Chine possède son propre organisme chargé de surveiller que ses informations soient bien reprises par la presse et citées comme officielles. En France, si la pression va dans ce sens (M .Lefebvre et ses jérémiades concernant les communiqués de l'UMP non repris par l'AFP), certains journaux, par l'entremise de leurs propriétaires, de leurs chefs de rédaction et autres, ne se font plus prier pour n'apporter qu'une partialité de l'information, quand ce n'est pas passé sous silence (vous avez entendu parler des voitures brûlées le soir du 14 juillet ?).

- sur le plan de l'Internet, bonnet blanc et blanc bonnet. La Chine censure l'Internet, tout le monde le sait ; des moteurs de recherche n'ont aucun scrupule, particulièrement financier, pour modifier les algorithmes afin d'entrer en conformité avec le pouvoir. La Chine provoque en annonçant qu'elle censurera comme d'habitude, ensuite relâche la pression en faisant quelques concessions, pas l'intégralité ; le gouvernement français use et abuse de la même tactique pour faire avaler quantité de pilules (ou de suppositoires, selon votre point de vue). Exemple de répression sur le net : en Chine, impossible de trouver un lien envoyant sur les événements de Tiananmen ; le projet Hadopi (surnommée la « guillotine numérique ») permet une collecte de données personnelles, surveille vos téléchargements via votre FAI en les passant au détecteur de la Loi, coupe votre accès à Internet, autorise un jugement sans faire appel à la Justice (!)... Et ce au service de l'intérêt des majors. Bref, deux poids, deux mesures. Je vous fais remarquer que plusieurs pays de l'UE s'apprêtent à copier ce projet répressif, sauf la Suède qui s'est déjà déclaré contre.

- sur le plan du CIO, celui qui me dit que cette institution n'est pas politique se met le doigt dans l'œil. La politique apparaît dès qu'il existe deux individus ; à ce niveau d'internationalité, il ne peut y en aller autrement. Le CIO, par exemple, aussi extraordinaire cela peut-il sembler, ne reconnaît pas le classement des médailles par pays, par souci de ne pas paraître politique*. Je passerai sur l'innocence du choix final que représente Pékin, et de la timidité résignée du Comité devant les agissements actuels de leur ville nommée.

Notre niveau de vie, à n'en pas douter, est bien meilleur que celui de nombre de Chinois. Les inégalités sont criantes ; le fossé, énorme ; en Europe on en prend le chemin, tous les jours les preuves s'accumulent, et on ne sait si c'est la Chine qui nous rejoint ou nous qui plongeons. Est-ce tout le bénéfice de l'ultralibéralisme ? Le modèle seigneurial adapté aux temps modernes ?

Dans ce bric-à-brac se trouvent les raisons de mon refus de boycotter la cérémonie d'ouverture. Cela ne signifie pas que tout à coup, un événement imprévu m'empêche de la visionner... Héhé.

*Le Monde, La bataille du tableau des médailles a déjà commencé, 05/08/08
Dans le monde actuel, existe-il plus de libertés ou de contraintes ?

dimanche 3 août 2008

Je viens d'apprendre à l'instant qu'un projet d'un live de Cowboy BeBop était annoncé. Voilà une raison de plus de détester Hollywood.
Pour tout fan d'anime qui se respecte, cette invasion des Zétazunis dans la production japonaise a de quoi hérisser le poil. Je sais qu'un film basé sur Gunnm, James Cameron détenant les droits, sortira l'été prochain, et là aussi je crains le massacre. Autant un script simple (simpliste) basé sur Dragon Ball était possible, mais sur les autres mangas cités, la finesse et la poésie seront inévitablement dégradées, l'histoire dénaturée. Pour le moment, je suis pessimiste.

samedi 2 août 2008

En bon lecteur que je suis, me voilà acquéreur d'un Millénium de Stieg Larsson, véritable raz-de-marée littéraire de ces dernières semaines. Parti à Quimper ce matin, l'air de sortir du lit, les yeux bouffis, par un temps pourri, je me gare à la Providence.

C'est samedi, jour de marché, et il y a foule. Je n'aime pas les marchés, il y a trop de monde, et ce matin, je n'ai pas envie de croiser qui que ce soit. Oui, une idée de misanthropie, avec la désagréable impression que la foule se bouscule dans ma tête, pépiant, marchandant, ragotant. Je marche résolument, coupe par le pont de bois enjambant le Steir.

J'achète donc Millénium à F. L. (c'est un club, pas une librairie), et reprends le chemin inverse. Mais devant le pont de bois, je commence à jouer au malvoyant, les yeux fixes, la démarche prudente et plus lente, le visage impassible voire rigide. Je voulais me tester dans la foule. Je voulais surprendre. Il n'y a qu'une jeune fille qui m'a remarqué, que j'ai vu qui m'a remarqué sans la regarder directement, notez bien.

C'était une fermeture volontaire au monde extérieur. Ce n'est pas bon signe. De plus, en me relisant, je ne suis pas clair.

vendredi 1 août 2008

Il y a des jours, où j'ai envie de ranger mon éducation au vestiaire, d'aller dans un espace inhabité et de hurler.
Simplement hurler.
Il faudrait apprendre à hurler, ça devrait être admis dans les programmes scolaires. Parce que vider son énergie dans des hurlements, c'est aussi bon que de se passer la nuque sous l'eau froide après un effort.
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)