vendredi 12 janvier 2007

Chabichou en péril

Un reportage de Yohann H. et son équipe

_Une nouvelle branche a vu récemment le jour dans les centres de désintoxication. Suite à une longue investigation au sein de ces établissements, ce fut avec un terrible constat que nous en repartîmes : rien, absolument rien ne peut guérir de cette extravagante addiction.
_Nous voulons évidemment parler du fromage. Cet ingrédient qui autrefois garnissait quantité de mets se voit aujourd'hui attaquer de toutes parts, voire supprimer dans de nombreux restaurants réputés du pays ! On ne va pas s'en plaindre, ce sont les chaînes de restauration rapide qui prennent la raclette de plein fouet.
_L'enquête que nous avons menée a pu conclure qu'à ce produit de basse extraction, il n'est point d'alternative : la création de patchs dits lipidique est un échec retentissant, et un substitutif l'est encore plus de par la nature gustative, olfactive et tactile qui est désespérément unique (malgré la légion de variétés de fromage), au grand dam des familles des intoxiqués.

_La faute au champignon
_Une étude a montré que cette dépendance fromagère démarrait de plus en plus tôt : il n'est pas rare à notre époque d'être témoin d'adolescents en train de meugler au lieu de rire, après ingurgitation manifeste de portions de contrebande. La gangrène blanche s'étend. Et maintenant, qu'en est-il de ces nouveaux-nés que l'on calme à l'aide d'un bout de roquefort ? Le résultat se fera sentir sans tarder, nous préparons une génération d'hallucinés.
_L'État s'est penché sur le sujet, laissant de nombreux laboratoires, INRA et consorts, se livrer à diverses expériences. Et voici ce qu'il en est ressorti : le responsable n'est autre que le champignon. Celui-là même qui enveloppe ces nauséabondes horreurs de croûtes plus poisseuses les unes que les autres, qui donne cette couleur morbide et piqueté au bleu, qui hurle « Mangez-moi ! Mangez-moi ! » à ces pauvres damnés des centres. C'est une lutte vaine, affirmions-nous, car le champignon est indissociable du fromage comme l'est le staphylocoque du furoncle. L'onctuosité du cœur n'a plus lieu d'exister sans le squame, fleuri ou non. D'où l'impossibilité de remplacer le fromage par autre chose en vue de soulager les toxicomanes.
_« Le phénomène prend de plus en plus d'ampleur, s'inquiète le docteur Feta, directeur du plus gros centre de désintoxication fromager de France, basé en Normandie, il viendra un jour – et il est proche – où nous ne pourrons plus accepter personne. Le problème se situe au niveau du temps de sevrage, qui dépasse de beaucoup celui consacré à l'alcool ou à l'héroïne, par exemple. C'est un fait, le fromage se doit d'être considéré comme une drogue dure. »

_La défoliation du bouton de culotte (1)
_Pour illustrer ce propos, nous avons arpenté le centre pour rapporter à nos lecteurs étrangers à ce milieu l'ambiance sordide qui y règne et le quotidien éprouvant du personnel. Le centre est quotidiennement assujetti à de véritables scènes de dépravation : ici, une infirmière se faisant mordre le derrière qu'un fou a confondu avec un rondelet ; plus loin, une femme se débat dans son sommeil, gémissant : « Déchaussez les moines ! Déchaussez les moines ! » Bien sûr, cela caractérise l'aboutissement d'une consommation effrénée de toute une vie.
_« J'essaye de m'accrocher... enfin, de décrocher... Ah !! Vous voyez ce que je veux dire... » s'exprime Kevin*, jeune hospitalisé en proie à des crises de personnalité, changeant brusquement de voix pour éructer une plaisanterie douteuse. Il est affublé d'un tee-shirt où le mot camembert qui y est inscrit voit ses quatre premières lettres écrites en majuscule. « Heureusement, j'ai un public qui semble supporter mes tics... et Tac, Rangers du risque !! » Et de s'excuser de suite, tout penaud. « On dit qu'un dealer ne consomme jamais la marchandise qu'il revend... Pour moi, c'est presque vrai... » Stéphanie* est à la tête d'un trafic d'apéricube dans le centre même, marché crémeux et obscur qui rapporte forcément. Quand on lui demande quelle saveur a le plus de faveur, la réponse fuse : « Au saumon, mon préféré !! »
_Il faut les voir, ces malheureux.

_Tsarcosaque, l'opportuniste ?
_Quelques concitoyens se sont regroupés en différentes associations pour l'intérêt du fromage, comme « Touche pas à mes roblochons » ou la fameuse « Fondue de toi ». D'autres néanmoins n'hésitent pas à rallier une ligne plus dure, comme le BRIE, le Bataillon de Résistance Internationale d'Entremont, qui, comme son nom l'indique, possède son siège à... Melun (2). Cela en réaction au projet de loi du ministre de l'Agriculture intérieure, Mr Tsarcosaque, qui souhaite purement et simplement interdire la vente libre de fromage dans les supermarchés.
_« Comme d'habitude, dès qu'il flaire un bon coup médiatique, Tsarcosaque monte sur ses grands chevaux, déclare hargneusement Esmeralda, membre actif du BRIE. J'ai l'impression qu'il veut faire comme les Américains, ses modèles : nous amener au temps de la Prohibition. Il va détruire une partie de l'identité française ! » « C'est parce que ça ne rapporte rien à l'État ! C'est pas comme le tabac, rajoute Gael, également militant convaincu. Si on interdit le fromage, on doit interdire le tabac ! » Et devant notre mine interrogatrice, il lance sourire aux lèvres l'argument final : « Qu'on fume des clopes ou qu'on mange du frometon, le résultat est le même, on pue de la gueule ! »
_Qu'on se le dise, le débat n'est pas près d'être rafraîchi...


(1) Nom d'un fromage.
(2) Comme tout le monde le sait, le brie a plusieurs villes d'origine, comme Melun, Meaux, ou encore Provins.
* Les prénoms suivis d'un astérisque ont été modifiés afin de garantir l'anonymat des personnes interrogées.

lundi 1 janvier 2007

Je souhaitais vraiment passer mon Jour de l'An à Paris, seul (aussi bizarrement que cela puisse paraître), peut-être pour rencontrer de nouvelles personnes dans un bar... J'ai fantasmé.

C'était sans compter sur cette maudite pluie (un coup des Anglais, à n'en pas douter). Un vrai clavaire, avec les poches de la parka humides, les chaussures qui suintent à chaque pas, la capuche à rabattre sans arrêt... Je suis parti avant même le décompte, tellement la pluie faisait germer un cafard bien senti.

Sur les allées du Champ de Mars rôdaient des vendeurs à la sauvette. Leurs Tour Eiffel miniatures et clignotantes en main, ils abordaient les passants avec une insistance dérangeante. Un groupe d'entre eux formait un barrage de sollicitation pénible, et l'une de ses personnes a probablement prévenu les policiers, car ceux-ci n'ont pas tardé à voler dans les plumes (pour des poulets, c'est ce que l'on appelle la force de l'habitude) des marchands ambulants !

A part ça, un vieil homme qui a raté la marche en sortant du métro, avec un risque avéré d'être transformé en steack. Du retard sur la ligne et un attroupement de rigueur. Un accident de ce type fait partie du quotidien, quand ce n'est pas un suicide réussi, tout comme l'accordéoniste édenté ou l'homme aux cartons J'ai-une-femme-et-cinq-enfants-à-nourrir. La misère ordinaire ; pas de quoi casser trois pattes à un canard. Triste, morne soirée !
[20/07/08]
Oui, ce journal électronique recèle de textes qui sont malgré tout ma propriété. Si vous souhaitez en utiliser un, contactez-moi grâce à l'adresse suivante : sacred.fire.blogspot@gmail.com
Merci !
Yohann ©®™☺☼♥♫≈(2003-2009)